Julien, vous avez annoncé la liste des coureurs sélectionnés pour les Championnats du Monde des 30 et 31 janvier. Sur quelles courses fondez-vous le plus d’espoirs de médaille ?
Aujourd’hui, nous pouvons dire que le podium est accessible sur au moins quatre courses. Les Juniors se sont montrés capables de battre leurs adversaires, comme Thomas Bonnet l’a fait à Zolder. Clément Russo a déjà fait des podiums en Coupe du Monde. Il en est toujours très près. Le forfait possible d’Eli Iserbyt pourrait lui ouvrir de nouvelles portes. Chez les Espoirs Dames, Juliette Labous s’est classée 19ème au scratch et 3ème Espoirs Dames à Zolder. On sait qu’elles sont toutes capables de battre les filles de leur âge. Mais la donne sera un peu différente puisqu’elles ne courront pas avec les Elites le jour des Championnats du Monde et les repères tactiques seront différents. Et Caroline Mani chez les Dames montre depuis qu’elle est revenue en Europe qu’elle a le niveau mondial et que le podium est accessible pour elle.

Quid des Elites ?
Nous connaissons la hiérarchie. Francis est en très nette progression. Il est ultra-motivé. Il a passé la semaine avec nous et je l’ai trouvé très détendu. Il apporte du positif au groupe. Ce titre l’a reboosté. Est-ce que ce sera l’année où il ira chercher à nouveau une médaille ou va-t-il rester au niveau auquel il se trouve depuis le début de la saison ? Toujours est-il qu’on le sent très serein. Nous connaissons ses qualités. Le circuit de Besançon l’avantageait plus. Le circuit de Zolder affiche une grosse partie routière et demande beaucoup de relances. Et Clément Venturini a montré qu’il y était bien le 26 décembre dernier. Nous ne voulons pas les mettre en opposition. Ça peut être leur force ce jour-là de porter le même maillot.

L’annonce de la sélection entre les Championnats de France et la Coupe du Monde de Lignières-en-Berry respecte-t-elle le planning que vous vous étiez fixé ?
Oui, c’est exactement le calendrier que nous nous étions donné et que nous avions annoncé avant le début de la saison. Cela figure sur les critères de sélection tels qu’ils ont été publiés sur le site de la Fédération Française de Cyclisme. Notre objectif était de « sécuriser » les coureurs qui étaient sélectionnés et leur donner du temps pour la préparation pour les Championnats du Monde sans leur mettre plus de pression sur leurs épaules.

Dans quelle mesure les résultats de la Coupe du Monde d’Heusden-Zolder, sur le même circuit que les Championnats du Monde, ont-ils influé sur votre décision ?
Nous avons voulu prendre une vue d’ensemble sur la saison internationale et nous ne nous sommes pas focalisés sur la Coupe du Monde de Zolder du 26 décembre. Je suis resté fidèle à ce que j’avais annoncé en début de saison à savoir que les références prises en compte seraient celles à l’échelle internationale, Championnats d’Europe et Coupes du Monde compris, des derniers Championnats du Monde jusqu’au début de la saison 2015-2016. Pour en revenir à la question, nous n’avons pas tiré d’enseignements particuliers sur Zolder. Nous avons simplement pris de bons repères. Les coureurs ont simplement pu prendre la mesure du circuit du Mondial.

L’absence de John Gadret dans la sélection est donc simplement due à la prise en compte des résultats uniquement à l’échelle internationale ?
Nous avons longuement discuté du cas de John Gadret avec le Directeur Technique National, Vincent Jacquet. Il fallait trancher et faire un choix. Nous avons étudié son cas et nous avons pris la décision de l’écarter de la sélection en raison de ses résultats et de ses engagements sur les Coupes du Monde depuis le début de la saison. Le Championnat de France marque un tournant dans la saison, ça demeure l’objectif du peloton français et nous devons attendre ce Championnat avant de livrer notre sélection. Mais nous n’avons que très peu tenu compte des résultats de dimanche dernier pour deux grandes raisons. La première, c’est parce que les critères de sélection avaient été annoncés depuis très longtemps et le Championnat de France ne figurait pas parmi ces critères. Ensuite parce que les conditions du circuit de Besançon ne correspondent aucunement à celui de Zolder.

Pourtant, vous pouviez retenir plus de trois coureurs pour la catégorie Elite…
Là encore nous nous sommes basés sur des éléments qui ont été communiqués à l’ensemble des coureurs et qui peuvent être retrouvés sur le site de la fédération. Nous nous basons sur des critères sportifs, des critères de résultats. Les coureurs ont plusieurs occasions d’aller chercher les minimas que nous demandons. S’ils ne sont pas respectés, nous nous réservons le droit de ne pas remplir les quotas. Car nous souhaitons que les coureurs au départ du Championnat du Monde soient en mesure de défendre leur chance. Nous ne parlons pas là d’une médaille ou de titre, mais nous avons des exigences minimales. Elles se situent autour de la 20ème place chez les Elites. Je considère que cela n’est pas complètement inaccessible. C’est ce qui explique que nous n’ayons que trois coureurs au départ. Steve Chainel, Francis Mourey et Clément Venturini sont les seuls à avoir répondu aux minimas exigés.

C’est également ce qui vous a motivé à ne retenir qu’une Elite Dame, Caroline Mani ?
Nous rentrons dans cette configuration-là dans toutes les catégories. Bien sûr que nous aurions aimé avoir plus d’Elites Dames au départ. Mais seule Caroline Mani a rempli les minimas. C’est aussi comme cela que les Jeunesse Dames ont été décrocher leurs résultats.

Dans cette catégorie qui sera nouvellement créée regroupant les Espoirs et les Juniors, vous avez choisi de ne sélectionner que trois Juniors, Maëlle Grossetête, Juliette Labous et Evita Muzic. Pourquoi ?
Nous sommes cohérents dans ce que nous avons mis en place et nous restons dans cette même réflexion. La sélection est sortie publiquement aujourd’hui. Elle peut surprendre pas mal d’observateurs au départ. Mais elle répond à une vraie philosophie que nous essayons de mettre en place. Certaines personnes sont méritantes. Mais nous ne nous inscrivons pas dans un système de sélection-récompense. Nous restons dans le cadre d’un sport de haut niveau. Nous tâchons de l’appliquer à nous même, dans l’encadrement et dans ce que nous pouvons apporter aux coureurs. Je sais qu’eux aussi font beaucoup de sacrifice au niveau sportif et au niveau financier. Mais nous demandons à ce que les coureurs viennent atteindre notre niveau d’exigence. Ensuite, nous les accompagnons sans problème. Notre but est de tirer tout le monde vers le haut.

Mais pourquoi avoir préféré Evita Muzic, Junior 1 et qui n’a participé qu’à deux manches de Coupes du Monde, à Laura Perry qui est régulièrement présente sur le circuit mondial depuis trois saisons ?
Je ne préfère pas comparer Evita et Laura. Nous ne sommes pas sur le même profil. Avec Evita qui a 17 ans, nous nous projetons très loin dans l’avenir. Rappelons que Pauline Ferrand-Prévot a découvert très tôt les Championnats du Monde, même si je ne dis pas qu’Evita est la future Pauline. Dans tous les cas, nous nous inscrivons dans l’avenir. J’ai pu échanger avec Laura Perry pendant l’hiver, elle a eu des hauts et des bas. Ce n’a pas toujours été simple pour elle de gérer sa saison. Je l’encourage à poursuivre, les portes restent ouvertes.

Propos recueillis le 14 janvier 2016.

La sélection pour les Championnats du Monde à Heusden-Zolder :

Elites :

• Steve Chainel (Cross Team by G4)
• Francis Mourey (FDJ.fr)
• Clément Venturini (Cofidis)

Dames :

• Caroline Mani (Raleigh-Clement)

Espoirs :

• Lucas Dubau (Champagne-Ardenne)
• Joshua Dubau (Champagne-Ardenne)
• Mathieu Morichon (Limousin)
• Clément Russo (Team Probikeshop-Saint-Etienne-Loire)

Espoirs Dames :

• Maëlle Grossetête (Rhône-Alpes)
• Juliette Labous (Franche-Comté)
• Evita Muzic (Franche-Comté)

Juniors :

• Thomas Bonnet (Limousin)
• Mickaël Crispin (Bretagne)
• Mathieu Legrand (Île-de-France)
• Quentin Navarro (Franche-Comté)
• Tanguy Turgis (Île-de-France)