Le champion de France juniors 2017 connaît sa pire saison depuis qu’il fait du vélo. Entre injustice et incohérence, celui qui a vécu son « rêve de gosse » durant quelques mois en portant le maillot de l’Armée de Terre, sera finalement sous les couleurs de l’UC Nantes-Atlantique en 2018. Il sort de cette période grandi mentalement, avec de nombreux enseignements pour le futur. Lucide, le mayennais sera au départ du Championnat de France sans pression, juste pour prendre du plaisir sur son vélo et ne pas avoir de regret, car sur une course d’un jour, « rien n’est impossible ».

Tu termines 9ème du classement général de la Coupe de France espoirs. Comment analyses-tu ta saison pour le moment ?

C’est ma pire saison depuis que je fais du vélo, rien ne va dans le bon sens et j’ai traversé des moments très difficiles. Cette 9ème place ne représente pas grand-chose, cela reste anecdotique. J’ai pour qualité d’être régulier habituellement, mais cette saison c’est tout sauf ça.

Sur la finale de la Coupe de France à Flamanville tu te classes 16ème au scratch et une encourageante 6ème  place chez les espoirs. Qu’as-tu pensé de ce format de course avec les espoirs et les élites mélangés ? Comment s’est passée ta course ?

J’ai trouvé cette course intéressante, non pas en regardant le classement espoirs mais plutôt sur le format de course qui est vraiment formateurs pour les U23. Je pense qu’elle a été mise en place pour les coureurs de l’équipe de France, afin de leur faire une course à niveau plus relevé, se rapprochant d’une Coupe du Monde espoirs. Pour les autres coureurs U23, c’était la dernière grosse course nationale avant les championnats de France, histoire de bien bosser.

C’était aussi ta dernière course sous les couleurs de l’Armée de Terre après un peu moins de quatre mois à les porter. Comment as-tu vécu la nouvelle lorsque tu as appris l’arrêt de l’équipe, alors que tu étais en train de vivre ton « rêve de gosse » ?

Oui un rêve de gosse, mais qui m’a fait grandir et m’a ouvert les yeux. Je suis un peu naïf dans la vie de tous les jours et c’est un vrai défaut. L’Armée a été le déclic pour me faire grandir sur ce point entre-autre. Pour être franc, je trouve que l’arrêt de cette équipe représente tout sauf les valeurs de la France et notamment de l’armée. C’est d’une incohérence et d’une injustice, c’est vraiment dommage. Ça montre aux gens qu’une personne peut mettre une trentaine d’individus au chômage juste en levant le petit doigt. Je n’irai pas plus loin mais on peut débattre très longtemps sur ce sujet…

En 2018, tu porteras finalement les couleurs de l’UC Nantes-Atlantique. Pourquoi as-tu choisi cette DN 1 ? Qu’est ce qui t’as plu dans le projet ?

Premièrement c’est une DN proche de chez moi, et je pense que c’est un critère important. De plus, ça fait plusieurs années que Nantes me veut chez eux et j’ai eu cette opportunité alors je l’ai saisie. Il y a un projet tout nouveau de formation des jeunes dans le but de les amener vers le haut niveau. Ce dernier passe par le suivi de la performance, le suivi du coureur, des infrastructures importantes et avant tout un collectif soudé et dynamique.

A quelques jours du championnat de France à Quelneuc, comment te sens-tu physiquement et mentalement ?

Je ne sais pas trop quoi penser de mon état de forme en ce moment. Une chose est sûre, c’est que je n’aurai rien à perdre, j’ai toujours su me transcender sur ces courses et j’espère être en mesure de le refaire la semaine prochaine. Je n’ai rien à perdre mais beaucoup à gagner, c’est une situation qui n’est pas vraiment désagréable. Au pire, je repartirai bredouille en ayant fait une course médiocre, ce qui ne changera pas grand-chose pour moi cette année. Le top serait de faire une belle course sans regret, en allant chercher le meilleur résultat possible.

Comment s’est déroulée ta dernière course de préparation ?  

Samedi j’ai couru à Pontchâteau, je n’étais pas du tout en forme et j’ai couru à l’envers. Je sais que j’ai bien bossé à l’entraînement alors c’est plutôt pas mal. Hier j’étais à Sablé sur Sarthe, une course tout au mental. Je termine 3ème derrière Arnold Jeanneson et à 10 secondes d’Antoine Benoist, après 1h09 de course.

Comment trouves-tu le circuit breton de Quelneuc ? Il te convient ? Quelles seront tes ambitions là-bas ?

C’est un circuit qui peut me convenir, il est physique, il demande de la souplesse dans le pédalage et de la technique. Un vrai parcours de championnat, en plus en Bretagne, ce qui veut dire public en masse, et ça c’est un paramètre important. Un top 5 serait déjà très bien et un podium serait parfait. Si je m’aligne là-bas c’est que j’ai conscience que rien n’est impossible, sur une course d’un jour, tout peut arriver. On a souvent l’habitude d’avoir des surprises sur ces courses, je pars avec cette image dans la tête.

Tu es plutôt Van der Poel ou Van Aert ?

Van der Poel ! Ce sont deux immenses coureurs mais je me retrouve plus dans Mathieu, j’ai relevé pas mal de points communs avec lui, et c’est vraiment un exemple pour moi. Il a un tempérament énorme, c’est un gars qui n’aime pas perdre, qui a besoin de sa famille et de ses amis autour de lui, et qui s’amuse sur son vélo. Il aime bien s’extérioriser aussi dans des passions comme l’automobile ou les motos, deux choses que j’affectionne également. C’est vraiment un modèle.

Une semaine type avec l’école et les entraînements, ça ressemble à quoi ?

Je ne suis plus à l’école mais je suis une formation à domicile afin de pouvoir gérer mon temps. Une semaine type commence par une récupération le lundi et une remise en route le mardi. Ensuite, le mercredi est consacré au travail de fond et le jeudi soir je fais une récup ou alors des intensités sur home-trainer. Le vendredi c’est une sortie classique avec quelques rappels d’intensités et le samedi déblocage. Puis le dimanche c’est déjà la course. Sur mon temps libre, j’incorpore des cours. Tous les jours je me rends sur les courses hippiques, c’est ma seconde passion dans laquelle j’aimerais me retrouver après le vélo. Je suis tous mes résultats de courses et j’échange avec un courtier et un entraîneur. De temps en temps je vais boire un verre avec mes amis ou faire un tour de voiture pour me changer les idées.

Si tu veux rajouter des choses, ou faire des remerciements, n’hésites pas.

Je tenais à remercier ma famille proche qui n’a jamais douté de moi et qui est toujours là pour m’épauler. Mais également les gens qui me font confiance, comme le staff de l’Armée, l’UC Nantes-Atlantique et le comité Pays de la Loire cyclo-cross qui est vraiment important pour moi. Je remercie aussi mon entraîneur qui me suit depuis bientôt 4 ans. Je pense avoir fait le tour, toutes ces péripéties m’ont aussi ouvert les yeux sur le monde du vélo et sur celui de tous les jours. Je sais maintenant de qui m’entourer et de qui j’ai besoin.

Par Maëlle Grossetête