Mardi 26 mai. Quelle que soit sa langue maternelle, il existe sur la planète quelques langages universels dont le cyclisme fait partie. Il n’a guère fallu de temps au groupe polyglotte de la Ronde Tahitienne pour se retrouver autour d’affinités communes. Celles du vélo et du voyage. Deux passions presque indissociables, de plus en plus de gens voyageant aujourd’hui dans le monde grâce au sport, et en particulier au cyclisme. La Ronde, que découvriront dimanche des cyclos en provenance de Nouvelle-Zélande, du Chili, de Hong Kong et bien sûr de France, s’inscrit dans un double objectif. Donner l’envie à un maximum de Polynésiens de faire du vélo… et à un maximum de cyclistes de découvrir la Polynésie !

A l’attention des participants venus de loin pour avoir le privilège de rouler sur l’un des plus beaux spots du monde dans cinq jours, le Vélo Club de Tahiti s’est donc engagé à faire découvrir les merveilles de son pays en les guidant à vélo, ou par le biais d’autres activités, sur les lieux les plus emblématiques de l’archipel de la Société. C’est Moorea, l’île sœur de Tahiti, séparée par un bras de mer de 17 kilomètres que l’on franchit par ferry en une demi-heure, qui est cette année mise en valeur par le package touristique monté intégralement par le club tahitien.

Sauvage, et d’une beauté indescriptible, Moorea possède un charme particulier, un rythme et un cadre préservé qui en font une destination privilégiée. De forme triangulaire, l’île est petite, ceinturée par une route unique de 62 kilomètres le long d’un lagon aux eaux limpides nuancées de bleu, d’émeraude et de turquoise que le groupe aura l’occasion d’emprunter demain à l’occasion d’une belle sortie matinale. Mais avant de pédaler, il va falloir piloter ! A notre arrivée à Moorea, le programme débute en effet par l’exploration du cœur montagneux de l’île en quad, une excursion très fun qui permet de visiter l’intérieur de l’île par des sentiers pittoresques que d’aucuns se verraient bien arpenter à VTT et qui débouchent sur des points de vue à couper le souffle.

Au départ de Pao Pao, le convoi s’écarte de la route de ceinture pour s’engager sur la route des ananas, une piste carrossable en terre qui serpente derrière le mont Rotui (qui sépare les deux grandes baies de la côte nord) à travers de somptueux champs d’ananas. Le premier arrêt au plateau du Bounty, précisément là où fut tourné en 1984 une troisième version des « Révoltés du Bounty », celle avec Mel Gibson et Anthony Hopkins, permet de visualiser les huit montagnes dont les noms résonnent des exploits d’un dieu de la mythologie tahitienne. On est là en plein cœur du cratère qui donna naissance, quelques centaines de milliers d’années avant Tahiti, à cette merveille de la nature qu’est Moorea il y a près de 2 millions d’années.

Après la découverte de la spécificité de la culture de l’ananas, dont celui issu de la terre généreuse de Moorea présente des qualités gustatives unanimement reconnues, les quads prennent la direction de deux promontoires en traversant plusieurs ruisseaux qui offrent aux plus téméraires une douche rafraîchissante sous les fortes chaleurs polynésiennes. A l’escalade vertigineuse vers la montagne magique, par un chemin privé qui grimpe entre les arbres fruitiers et les fleurs tropicales jusqu’à surplomber l’océan Pacifique, succède la grimpée du Belvédère.

Un repérage en fait de ce qui nous attend demain matin à vélo, car à Moorea l’escalade du Belvédère par une petite route qui grimpe fort est un incontournable pour tout cycliste, à commencer par nos guides locaux qui pratiquent dans le cadre de leur préparation aux compétitions de va’a (pirogue polynésienne). Le sommet encerclé de gigantesques falaises de lave colonisées par une végétation abondante et exotique offre une vue grandiose et spectaculaire d’une rare beauté. Le site perché sur les hauteurs permet ainsi de contempler le mont Rotui aux multiples dégradés de vert, encadré par les deux baies de Cook et d’Opunohu, aux multiples tons de bleu et turquoise, avant que le soleil ne s’y couche.

Un spectacle fascinant, enrichi tout au long des trois heures d’excursion par les explications de nos guides polynésiens. Une journée de découverte qui aura renforcé la complicité du groupe à cinq jours de la Ronde et permis à chacun des participants étrangers d’en connaître davantage sur l’histoire, la culture et les paysages époustouflants qu’ils s’apprêtent à traverser demain. A vélo cette fois-ci !