Le Tour du Mont Blanc Cyclo revendique le statut d’épreuve d’un jour la plus difficile au monde et on ne saurait lui donner tort. Le parcours 330 kilomètres pour 8000 mètres de dénivelé transite par le col des Montes, le col de la Forclaz, la montée de Champex Lac, les cols du Grand et du Petit Saint-Bernard, le Cormet de Roselend avant la montée finale vers le col des Saisies. 3ème en 12h13’30 » et spécialiste des longues distances, Roland Chavent nous décrit son expérience sur ce défi unique qui demande de repousser ses limites.

Roland, comment se gère un effort long de plus de 12 heures, soit une demi-journée de selle ?
La gestion de l’effort est importante dans les montées de cols pour rester toujours dans la zone juste, sous le seuil anaérobie lactique. Il faut bien faire attention à ne pas passer au-dessus pour éviter des moments compliqués à gérer. Notamment quand il s’agit d’éliminer l’acide lactique. Pour moi la journée s’est plutôt bien passée. J’ai seulement connu une baisse de régime dans la partie raide du Cormet de Roselend aux alentours du kilomètre 300. C’est là que j’ai dû laisser partir les deux premiers, Julien Sauvigne et Sébastien Mailfait, vainqueurs en 12h03’34 ».

Le Tour du Mont Blanc n’étant pas une cyclo classique, elle exige des adaptations à divers niveaux. Explique-nous.
La préparation est importante car un effort long ne sollicite pas de la même manière le corps humain au niveau cardiaque, musculaire et articulaire. La logistique est aussi très importante si tu veux faire une bonne performance. Il faut donc avoir une alimentation performante et régulière et la possibilité de changer de vêtements en fonction de la météo. Ce qui nécessite la présence d’un véhicule suiveur.

Comment as-tu adapté ton alimentation ?
Il faut beaucoup boire et manger régulièrement, notamment en anticipation. Mais comme il faisait assez froid samedi dernier je n’ai pas assez bu au début et j’ai connu une période difficile autour du 250ème kilomètre avec l’arrivée de grosses crampes aux quadriceps et aux adducteurs.

Sur quel matériel as-tu roulé ?
J’ai utilisé mon vélo, un Merida Scultura, avec une paire de roues Mavic Cosmic Ulitimate. Au niveau des développements, j’avais un 53/38 à l’avant et une cassette de 11/25 à l’arrière.

Que trouves-tu sur ces cyclos longues que tu ne trouves plus sur les cyclos traditionnelles ?
Ce que j’aime dans les longues cyclos et les courses Ultra distance, c’est que la notion de gestion de son effort et donc la connaissance de soi est primordiale. En vieillissant, je suis beaucoup moins explosif et je ne travaille presque plus ce paramètre. Par contre j’aime découvrir de plus en plus des paysages nouveaux et donc aller de plus en loin. J’ai l’impression que l’ambiance a changé sur les cyclos traditionnelles et qu’elle n’est plus la même qu’il y a quelques années. Certains se prennent un peu pour des champions et les réseaux sociaux ne les aident pas à en prendre conscience.

Quel va être ton programme pour les mois à venir ?
C’est simple pour la suite : pas de course et que de l’entraînement pour préparer l’Ultra de Dolomites qui aura lieu le 26 août. Au total, c’est 630 kilomètres et 16000 mètres de dénivelé positif avec des cols mythiques comme le Monte Grappa, le Passo Manghen, le Passo Fedaia, le Passo Pordoi, le Passo Giau et d’autres. Les deux prochaines semaines seront orientées vers un travail foncier. Ensuite, j’aurai deux semaines avec du repos actif et des rappels de force et d’aérobie. Enfin il y aura une période finale orientée vers la récupération pour arriver avec de la fraîcheur.

Propos recueillis le 20 juillet 2016.