Une fois n’est pas coutume, Vélo 101 cède la parole à l’un des 1300 participants à la GFNY Mont-Ventoux qui s’est tenue le week-end dernier. Et comme le Ventoux est devenu au fil des années le point de chute préféré des hommes du plat pays dans le Vaucluse, quoi de plus normal que de laisser un de nos amis belges s’exprimer. C’est donc Jean-Jacques Lambotte, 123ème au final, et 1er de sa catégorie, (le cuissard y est pour beaucoup) qui s’y colle ! Vous pouvez revivre cette édition en vidéo sur la page Facebook du GFNY Mont Ventoux.

« Le boss de Vélo 101 s’étant sérieusement amoché à vélo, au point de se reconvertir dans la pâtisserie, chocolats et glaces en tous genres, à Sarrians et Vaison-la-Romaine, c’est donc sur moi qu’est tombée la pochette surprise : dossard 36, pour la Grand Fondo New York. Pas de bras, pas de chocolat, pas de vélo pour l’un, voici le récit d’une histoire belge sur 127 kilomètres. Départ : Vaison-la-Romaine. Arrivée : sommet du Ventoux, par Bedoin. 7h30, c’est parti, une fois. Et à l’heure H s’il vous plaît !

C’est effectivement parti à fond les manettes, nom di Dju ! Après deux ou trois ronds-points à la sortie de Vaison, on se met dans le rouge pour rester dans le premier groupe dans la montée en faux-plat vers Puymeras. Des petites bosses qu’on passe sur le petit plateau à l’entraînement et qu’on monte sur la plaque 10 km/h plus vite. Bien sûr il y a l’effet d’entraînement à l’abri d’un peloton, j’y vois aussi une sacrée dose d’adrénaline. Attention à ne pas brûler trop de cartouches. Il n’y en a pas tant que ça.

A Mollans-sur-Ouvèze, les choses sérieuses débutent : le col de la Peyronière qui marque le début de la vallée du Toulourenc. Environ 5 kilomètres d’ascension, des passages à 10%. Les gars qui jouent la gagne se détachent, et nous les regardons partir. C’est la vie. Dans la montée, prendre le temps de regarder sur la droite vers le hameau de Veaux : un vrai paysage de Noël en Provence. En contrebas, des champs d’oliviers, des vignes, des arbres fruitiers et le hameau. Et le Ventoux là-haut sur la gauche, majestueux et tranquille comme à son habitude. « Je vous attends, les petits », semble-t-il dire. Descente sinueuse vers Saint-Léger-du-Ventoux avec arrêt facultatif à la fontaine du village, la meilleure eau de la région à ce qu’il paraît.

Fin de la descente, on remonte la vallée du Toulourenc et voici le moment délicat d’organiser les relais, histoire de maintenir une bonne moyenne. Quelques remarques à ceux qui ne veulent pas relayer, une habitude dans les cyclosportives. Nous sommes au début quatre à « tourner » sur une trentaine de cyclos. Ensuite, une dizaine participera au boulot et bientôt, de la camaraderie s’installera entre les survivants. Virage à gauche pour le raidard de Brantes, tout à gauche aussi au niveau du développement. Le village est magnifique, adossé à la colline face au Ventoux. Une des vues côté nord les plus photographiées. Les trois kilomètres de montée sont sévères pour rejoindre le col des Aires et redescendre vers le Toulourenc. Un faux-plat mène jusqu’au ravitaillement, le petit et le grand parcours se séparent. À droite vers Aurel pour le petit, à gauche vers Montbrun-les-Bains pour le grand.

Pas le temps de s’arrêter à la station thermale de Montbrun. Pourtant, ils proposent un programme pour les cyclistes. S’en suit le col de Macuègne, 10 kilomètres d’ascension. La montée est régulière, et offre des vues superbes sur le Ventoux. Au sommet, on tourne à droite pour terminer l’ascension par le col de l’Homme Mort qui culmine à 1213 mètres. Allei, encore septante kilomètres, sais-tu bien ! La fin de l’ascension est plutôt facile et on la termine sur le grand plateau … de Sault. Descente vers Ferrassières puis Aurel. De l’eau pour quelqu’un à la fontaine ? Non ? OK, on continue vers Sault puis direction les Gorges de la Nesque. On les entame par une montée de 4,5 kilomètres puis la descente pendant 20 bornes ramène vers Villes-sur-Auzon. L’important est de se trouver dans un bon groupe à ce moment de l’épreuve. C’est une descente certes, mais il faut pédaler, le plus souvent vent de face, avec des pourcentages moyens autour de 3,5 à 4 %. Si vous êtes seul, vous roulez aux alentours de 40 km/h. Si vous êtes dans un groupe où ça s’entend bien, ça descend à 50 ou 52 à l’heure. Vous voyez la différence ?

Arrivée à Villes, ravito pour ceux qui s’arrêtent, les autres entament tout de suite la montée en faux-plat vers Flassan. Direction Bedoin pour aller chercher le début de… enfin vous savez bien. Encore 20 bornes (j’ai pas dit « plus que 20 bornes »). On oublie les groupes et les relais. A notre niveau c’est du chacun pour soi. On s’encourage et se souhaite bonne chance et à tout à l’heure. Dans la montée du Ventoux, pas grand-chose à dire : après les efforts consentis, on espère qu’il reste un peu de jus et le reste est une affaire de gestion de l’effort. Pas droit à l’erreur. Les encouragements des pique-niqueurs sont les bienvenus. Ravito en eau dans la montée, puis au Chalet Reynard avant le final. C’est toujours un grand moment que de passer le sommet sur les traces des plus grands champions. Respect.

Fin de l’épreuve chronométrée, on verra son classement au retour à Vaison. Malheureusement, peu après le Mont Serein, en direction de Malaucène, chute d’un collègue, le jeune Jonathan Jacquin, heureusement secouru rapidement. Les premières infos sont rassurantes, il devrait s’en remettre rapidement.

A Malaucène, il reste encore 10 kilomètres avant Vaison. Monsieur Mistral « De face » s’est levé. Ça souffle très fort, heureusement, il a attendu le début d’après-midi. Le repas sur la place Montfort à Vaison permet de regarder en alternance sur les écrans des cafés et restos le Championnat de France (et de deux pour Arthur Vichot) et l’Euro. Bravo les Bleus mais ce n’était pas convaincant. Par contre, le soir les Diables ont cartonné, oufti ! »


Reprenons la parole pour signer la conclusion de ce magnifique week-end en Provence. Il faut saluer l’ensemble des protagonistes, on espère n’oublier personne !

D’abord l’équipe d’organisation qui a su corriger et améliorer toutes les petites imperfections de l’année 1. Le village partenaires a été ramené au centre du village pour bénéficier aussi aux locaux. Le repas d’arrivée s’est déroulé dans les restaurants adjacents où tous les coureurs ont fait travailler l’économie locale. Côté parcours, là aussi, une belle évolution sur le 78 kilomètres. 2400 mètres de dénivelé quand même, avec la montée par Sault de façon à faire une vraie différenciation avec le grand parcours de 127 kilomètres, 3600 mètres de dénivelé et la voie royale par Bedoin.

Ensuite toutes les équipes de motards, de signaleurs présents à tous les carrefours, secours, gestion des dossards, chrono, responsables de la ligne d’arrivée (très belle médaille avec le géant bien stylisé) chauffeurs (dont celui de la presse qui se reconnaîtra), speaker et aussi le chauffeur de la voiture-balai (plus de 8 heures sur le 127 kilomètres pour ceux qui ont passé le plus de temps à mater le Géant). On en oublie peut-être, ils se reconnaîtront, bravo à tous.

Et puis tous les coureurs. Ceux du 78 kilomètres qui ont eu la sagesse de goûter au Ventoux par son côté le plus facile et qui reviendront, c’est certain pour s’attaquer aux autres côtés ! Mention spéciale à Cédric Richard et Ludovic Brochard. On ne sait pas si le Belge et le Français se connaissaient avant, mais peut-être passeront-ils leurs vacances ensemble. Ils sont partis tous les deux dès le départ, ne se sont plus lâchés et ont eu le bon goût de finir main dans la main en 2h37′ 09″. Chez les féminines, c’est Nathalie Blondin qui gagne en 3h32’40 » (70ème au scratch).

Sur le 127 kilomètres, « congratulations » à Duncan Alexander un Anglais en 4h12’43 ». Peut-être préfigure-t-il le 14 juillet et une nouvelle victoire de Chris Froome ? Mais il vit en Suisse, et là on pense à Alberto Contador. Affaire à suivre. Le podium est complété par Bart Van Damme et Fabien Muzette. Chez les filles, c’est la locale Amandine Martin, de Pernes-les-Fontaines qui gagne en 5h04’59 » (83ème au scratch). Elle est très efficace pour le moins sur le vélo, en forme bien sûr, car elle va faire partie de l’équipe qui va donner des Elles au vélo. Un superbe projet où sept filles vont courir les 21 étapes du Tour de France, un jour avant les pros. Rendez-vous vendredi au Mont Saint-MichèlE (faute acceptée pour l’occasion) pour la première étape. Venez les encourager, et rouler un bout de Tour de France avec Elles.

Voilà une belle édition qui se termine avec 1300 participants. Place à 2017. Même lieu, même date ? Prenez vos dispositions très tôt (c’est moins cher, les inscriptions sont déja ouvertes: https://www.facebook.com/gfnymontventoux/ ). Pas de raison qu’on ne soit pas 2000, allez 1912, au moins !

Classement 127 km :

1. Duncan Alexander (Cycles Froidevaux) en 4h12’43 »
2. Bart Van Damme (Storex Gf Team) en 4h13’26 »
3. Fabien Muzette (Team Gfny Mont Ventoux) en 4h18’15 »
4. Alexandre Latil (ACBB) en 4h19’39 »
5. Nicolas Thomas (UCPG Gap) en 4h19’45 »
6. Dorian Lopez (Team Roue D’Or Sanary) en 4h21’01 »
7. Lazzeri Alessio (Polisportiva Tavarnelle) en 4h22’00 »
8. Jean-Pascal Roux (Trek-Mavic) en 4h22’35 »
9. Samuel Leguevaques (Team GSO) en 4h23’37 »
10. Nicolas Reynaud (Sjvc Montelimar) en 4h24’31 »

83 et 1ère Dame. Amandine Martin (CV Pernes) en 5h04’59 »

Classement 78 km :

1. Cédric Richard (Team BV Sport) en 2h37’09 »
2. Ludovic Brochard (H Cycling Team) en 2h37’09 »
3. Florian Rouge (GFNY Mont Ventoux) en 2h45’30 »

70 et 1ère Dame. Nathalie Blondin en 3h32’40 »