Depuis plus de vingt-cinq ans, Bruno Deltour met à disposition des organisateurs de séjours, stages, clubs, etc., des bus avec tous les aménagements possibles. Ecran télé, douches, rangement des vélos, il pense même (comme pour les pros !) inscrire la liste des noms des coureurs, du chauffeur, etc., à la porte du bus. Bref, un Aveyronnais passionné de vélo, comme ses deux frères, qui travaille sur le Tour des Flandres, le Giro, le Tour de France, la Vuelta, avec un nom prédestiné, il faut le dire. Plus d’infos sur www.deltour-autocars.com.

Bruno, quand on s’appelle Deltour, on fait forcément du vélo. En faites-vous ?
J’en fais depuis quelques années effectivement. Je suis l’aîné d’une famille de trois frères, dont l’un tient un magasin de vélos sur Rodez. Nous faisons tous les trois du vélo, ensemble, et le plus longtemps possible.

Vous êtes autocariste, comment en êtes-vous venu à cette activité dédiée spécifiquement aux cyclistes ?
J’ai débuté le vélo par le VTT. Nous sommes au cœur de la vallée de Saint-Geniez-d’Olt, à 400 mètres d’altitude, sous les contreforts de l’Aubrac à 1400. Au tout début, il y a une vingtaine d’années, au moment où le VTT était en plein essor, il m’est venu une idée pour rentabiliser mes autocars en juillet-août : louer des VTT, les emmener au plateau de l’Aubrac pour permettre aux gens de descendre. On est allés jusqu’à 70 vélos avec plusieurs remorques. Les clubs cyclistes ont fini par nous connaître et nous ont demandé de les déplacer. Dans les Pyrénées, au Ventoux, à l’Alpe d’Huez… L’évolution s’est faite naturellement, le bouche à oreille a fait le reste.

Comment se porte désormais votre activité ?
Nous sommes aujourd’hui leaders en France compte tenu de notre capacité de transport avec huit remorques pour le transport de cycles, un parc de sept véhicules Renault Trafic avec porte-vélos. Tout cela nous permet de packager des tours pour des petits clubs d’une dizaine de personnes jusqu’aux mégas groupes de 150 adhérents pour des séjours en Espagne pour lesquels nous nous déplaçons avec trois autocars et trois remorques de quarante-cinq vélos. Nous pouvons également inclure des excursions en partenariat avec les agences de voyage. Tout est réalisable.

Avec qui travaillez-vous sur des événements comme le Tour de France, le Giro et la Vuelta ?
Le Giro fait partie des packages vendus par un tour-operator australien spécifique pour les séjours vélos. Nous nous sommes rencontrés sur des épreuves. Nos projets étaient cohérents, le courant est passé, nous avons évolué vers eux, eux vers nous. Nous faisons aujourd’hui trois-quatre cars sur le Tour d’Italie. Mais la plus forte demande, c’est le Tour de France, qui bénéficie d’une renommée planétaire. Là, on arrive à mettre douze véhicules. La Vuelta en revanche est un peu moins demandée.

Quelle est la journée-type d’un cyclo qui se lance sur un séjour comme ceux-ci ?
Nous récupérons le groupe à l’hôtel le plus proche de l’aéroport où il atterrit. A partir de là, nous sommes plus ou moins itinérants. Nous allons par exemple séjourner quatre jours à Lourdes dans les Pyrénées. Au matin, on part de l’hôtel à vélo et l’on se rend à mi-col, selon le niveau du groupe. Selon le niveau et l’envie de chacun, on va monter le col. Certaines fois, on fait aussi le départ ou l’arrivée, avec photos sur le podium.

Comment le client est-il pris en charge après sa sortie à vélo ?
En arrivant au bus, il a une petite collation et a la possibilité de prendre sa douche, de se changer, de remettre le vélo dans la remorque et rentrer à l’hôtel en bus. Parfois, certains rentrent à l’hôtel par leurs propres moyens, road-book et GPS à l’appui.

Des guides sont-ils présents pour encadrer le groupe ?
Oui. Les guides, pour certains, sont d’anciens coureurs pros. L’an passé sur le Tour il y avait Davic McKenzie, ancien vainqueur d’étape du Giro en 2000, Eric De Clercq, Eric Van Lancker, qui a mon âge et a gagné Liège-Bastogne-Liège en 1980. Quand vous faites du vélo avec des gens comme ça, c’est le rêve.

Quel est le type de clientèle ?
La clientèle est essentiellement anglo-saxonne pour ce qui est des Grands Tours : des Sud-Africains, des Américains, des Australiens… Le Tour de France passe chez nous en France donc les cyclos français ont moins besoin de se déplacer. Un Australien, lui, a moins le choix. Il ne connaît pas bien la France, donc il se confie à une agence. Les Français, nous les emmenons surtout d’un point à un autre ou en séjour à l’étranger. Après, on fait du sur-mesure avec le client cycliste et l’accompagnant, puisque pour remplir un car de cinquante clients, il y a vingt-cinq cyclistes et les accompagnants, qui vivent la passion du cycliste.

Finalement, vous considérez-vous comme un autocariste pour cyclistes ou comme un organisateur de séjours cyclistes ?
On est à la fois organisateurs de séjours cyclistes et autocaristes depuis trois générations. Mes deux enfants bossent avec moi. Ils font du vélo et sont en train de passer les diplômes pour devenir autocaristes comme leur papa, le grand-père et l’arrière-grand-père. Ça, c’est notre métier. Le vélo, c’est notre passion. Arriver à faire son métier, sa passion, et vivre des événements, franchement, c’est le paradis !

Propos recueillis à Saint-Geniez-d’Olt le 17 juin 2012.