Elles sont deux à embarquer dans un défi au nom des femmes. La première (à gauche), c’est Vanessa, 29 ans, passionnée et bornée dans tout ce qu’elle fait et entreprend. Ex-triathlète, elle est accro aux défis sportifs.  La deuxième (à droite), c’est Maude. A 27 ans, elle est accro à l’endorphine, l’hormone du plaisir sportif. Entrepreneuse dans l’âme, elle est aussi « un poil féministe sur les bords », dit-elle.

Leur projet, Les Bornées sur l’Etape du Tour, est actuellement en levée de fonds sur la plateforme KissKissBankBank. Pendant encore une quarantaine de jours, elles font appel aux dons permettant de contribuer au projet (logistique et équipements), à la communication globale et aux événements prévus avant l’Etape du Tour.

Vous êtes à l’origine du projet Les Bornées, en quoi consiste-t-il et sous quelle forme est-il ?

V : Les Bornées c’est deux femmes passionnées de sports qui ont décidé de prouver que le cyclisme de route est accessible à toutes et à tous en bouclant la mythique Etape du Tour de France.

M : Pas encore d’association ou d’entreprise derrière le projet car nous avons dans un premier temps pour but de faire de ce projet une démarche à visée digitale. Majoritairement via les réseaux sociaux, où d’autres personnes pourraient donner de la voix sur la problématique de féminisation du sport.

Quand et comment avez-vous eu le déclic pour Les Bornées ?

V : Les réflexions qui ont suivies notre inscription à l’étape. « Vous pensez vraiment pouvoir boucler l’étape ? Mais vous êtes des femmes ! »

M : Je pense que j’ai toujours été une féministe dans l’âme, il me fallait juste un sujet sur lequel m’exprimer, et quoi de plus parlant que le sport quand on est soi-même sportive.

Quelles sont vos ambitions à court et moyen termes ?

V : Si par court terme on entend 5 mois (déjà) alors on parle de terminer cette étape du Tour bien évidemment ! A moyen termes… pourquoi ne pas terminer… un Ironman ?

M : Sportivement Vanessa a tout dit. D’un point de vue sociétal, notre but est de faire bouger les lignes, de changer les mentalités et de retirer les freins / barrières à la pratique de certains sports pour les femmes. OUI, une femme sait rouler aussi bien qu’un homme, grimper des cols et mettre du braquet. Et là, je ne parle que de vélo, mais cela s’applique à tous les sports, c’est peut-être notre ambition à long terme d’ailleurs.

Vous êtes que toutes les deux ou vous avez un staff et/ou d’autres filles avec vous ?

V : Pour l’instant on fonctionne en binôme. On a deux rythmes de vies différents, deux manières de voir et de pratiquer le sport mais je pense qu’on a trouvé un bon équilibre.

M : Notre staff techniquement ce sont toutes les personnes qui croient dans le projet et nous accompagnent au quotidien en passant par nos proches, nos ami(e)s et les marques qui ont cru dès le début dans notre objectif. Après, nous avons pour objectif d’organiser des événements pour rouler avec d’autres sportifs et croiser nos expériences.

D’ailleurs, que faites-vous à côté ? Vous êtes dans le domaine du sport ou complètement rien à voir ?

V : Complàtement rien à voir ! Enfin presque. J’ai monté un département d’identification d’influenceurs web sur mesure à destination de clients de tous bords, y compris dans le domaine du sport.

M : J’ai monté ma startup dans l’univers sportif après plusieurs vies dans différentes entreprises. Ca s’appelle Print Your Race et l’objectif est de proposer des alternatives déco sous la forme d’affiches pour les sportifs qui souhaitent immortaliser leurs défis.

Un projet comme celui-là doit demander un budget conséquent, comment comptez-vous le financer ?

V : En effet ! Au-delà de l’inscription, notre plus gros investissement va se faire au niveau des vélos. Nous avons la chance d’avoir des partenaires au top (Décathlon et Alltricks pour ne citer qu’eux) et ils nous soutiennent dans la levée de fond que nous avons monté.

M : La levée de fonds est vraiment notre premier moyen d’obtenir des financements. Il faut être honnête ne serait-ce que sur l’équipement nous sommes justes, et cela n’inclut pas les différents événements et opérations que nous aimerions mettre en place dans le cadre de ce projet. La levée de fonds est donc destinée à tous car le ticket d’entrée est à 10€, et monte jusque 200€ pour les particuliers.

Avez-vous déjà tenté de faire appel à des partenaires privés ou institutionnels ?

V : Oui, nous avons déjà sollicité des institutions. Nous sommes d’ailleurs très fières d’être labellisées par la FFC qui soutient notre initiative. Nous espérons pouvoir mettre à profit ce partenariat pour interviewer des cyclistes professionnels mais aussi partager notre point de vue sur la place des femmes dans le cyclisme en essayant de retranscrire l’avis général.

M : C’est ce soutien qui donne de la crédibilité au projet d’ailleurs !

Quelle place les réseaux sociaux prennent-ils dans ce type de projet ?

V : Quasiment la première place. Notre objectif est de partager le quotidien de nos entraînements. Tout n’est pas rose, derrière la belle photo Instagram, on montre aussi que comme tout le monde, on a nos jours avec et nos jours sans, nos jours de non-motivation ou de panique à l’idée d’avoir entrepris un tel projet.

M : C’est essentiel de jouer sur la visibilité que nous apportent les réseaux sociaux, et pas uniquement la nôtre mais celle aussi des personnes qui nous soutiennent et relayent tous les jours notre projet et la levée de fonds. C’est en partie grâce à eux que tous les jours nous progressons sur ce projet ! 

Si vous deviez choisir une cycliste chacune, française ou étrangère, qui serait-elle et pourquoi ?

V : Jeannie Longo, pour avoir ouvert la voie du cyclisme aux femmes et pour sa longévité. On a prévu de pouvoir continuer les Ironman à l’approche de la soixantaine.

M : Pauline Ferrand-Prévot, c’est un peu la star française montante du moment et elle montre qu’une fille peut se donner autant qu’un homme. J’adore ses dernières photos avec Canyon sur une compétition de cyclo-cross. On oublie les paillettes et le stéréotype de la nana qui doit être glamour sur son vélo, c’est une compétitrice une vraie.

« Les Bornées », d’accord ! Alors voyons, c’est quoi votre plus longue distance ?

V : Ahah ! Ma plus longue distance c’était avec mon tout premier club de tri. Soit 70km. D’ailleurs, en répondant à cette question je réalise que c’est la moitié de l’Etape (#peur) !

M : 100km au compteur sur ma plus longue sortie, quelques mois après avoir acheté mon vélo. J’ai fait un aller-retour entre chez moi et mes parents (qui habitent en Vallée de Chevreuse) pour aller déjeuner avec eux. En soit le parfait compromis entre sport et food !

Que diriez-vous à celles qui hésitent à se lancer à l’assaut des routes ?

V : Rejoignez-nous en Avril pour nos sorties découvertes en Vallée de Chevreuse par exemple !

M : Vous avez peur de quoi ? Du côté mécanique du vélo ? Clairement il y a de nombreux acteurs qui seront là pour vous aider tout au long de votre aventure. Du machisme ambiant ? Oh faites-moi ce plaisir de leur faire fermer leurs clapets en les doublant à Longchamp sur la célèbre petite côte. Des aléas techniques type crevaisons ? Nous allons très vite vous donner toutes les astuces pour être 100% autonome et vous verrez que c’est bien plus impressionnant que compliqué en fin de compte ! Alors GO on se lance ! Par contre, je plaide non coupable pour votre future addiction à votre vélo !

Et à ceux qui pensent encore que le cyclisme féminin n’est pas du vrai vélo ?

V : Qu’ils viennent nous retrouver sur la ligne d’arrivée de l’Etape du Tour.

M : On leur fera une petite tape dans le dos sur la ligne d’arrivée de l’Etape, et en attendant ils peuvent contempler ma roue arrière à Longchamp !

– Soline Cazaubon