5, quatre, trois, deux, un, partez cap au sud ! Oublié Levallois-Perret et Montargis, loin de la Seine, loin de la Loire, du Loir-et-Cher et du Loiret, le team Hutch’ a mis le cap au sud, très au sud, en Sicile à 2200 kilomètres bien menés pour présenter officiellement le fruit de deux années d’intenses cogitations entre le bureau d’études et les retours terrain.

La marque qui revendique le fabriqué en France avec 60 % de pneus réalisés dans l’Hexagone avait un défi à relever : celui de choisir, parmi les trois grandes villes littorales de l’île méditerranéenne, celle où établir son camp de base. On est ici sur les terres des fratelli Caruso, de Paolo Tiralongo ou encore de sa majesté Vincenzo Nibali, pour qui la Sicile est vite devenue trop petite, au point de rejoindre la Toscane pour mettre les meilleurs Italiens de sa génération à sa botte… et avoir plus d’un tour dans les poches arrière de son maillot aux couleurs rose, jaune, rouge dans le désordre. Ce n’est ni à Palerme ni à Messine que Hutchinson a établi son camp de base, mais à Catane, à l’ombre de l’Etna aux éruptions régulières et de ses 3300 mètres qu’une route arpente jusqu’à 2100 mètres. Bien sûr, à VTT, avec le Python et sa longévité exemplaire, on peut pousser jusqu’à 3200 mètres. Sans élever le défi plus haut néanmoins, car la lave en fusion fertilise la terre qui fait le vin de l’Etna Rosso ou encore le Nero d’Avola à 13,5° quand même.

La filiale de Total, petite certes mais porteuse d’image de marque de pneumatique deux roues (route, Vélib’, vélo électrique, scooter, VTT), a donc franchi deux étapes d’un coup entre le Fusion 3 et le Fusion 5. Non pas pour snober le nombre paire, mais pour souligner les cinq avantages qu’apporte cette nouvelle version de la référence phare de Hutchinson, issue du bouillonnement permanent du bureau d’études et de la recherche et développement. Mélange de gomme, de densités des carcasses, de renforcement des flancs, de limitation des couches, accélération, freinage, pédalage, rétropédalage, virages, aller-retour entre terrain et théorie, ce sont des milliers de kilomètres (un peu moins en miles mais c’est égal !) qu’il a nécessité pour faire naître et bien naître ce Fusion 5 que les salons d’automne avaient un peu défloré.

Cinq avantages distincts, comme meilleur roulement, grip amélioré, plus grande résistance à l’usure, à la crevaison, et plus grand confort, voici la manita du nouveau Fusion 5 dont on peut dire qu’il agrandit sérieusement la famille des références et, partant, l’offre commerciale. En tête de peloton, le Galactik, la performance proposée en version tubeless et standard (180 grammes). Ensuite le Fusion 5 Perf, avec différentes épaisseurs de gommes pour une meilleure protection à la crevaison (de 0,8 à 1,6 millimètre). Suit le Fusion 5 All Season que nous n’avons testé qu’en version « route sèche », mais prévu aussi bien pour évacuer l’eau et l’humidité que pour répondre sur les longues sorties par beau temps. Enfin, et en remplacement du Carbon Comp, Hutchinson propose le Fusion 5 en boyaux, plus que jamais l’alternative au Pro Tour, déja utilisé par les deux équipes pros que fournit la marque : l’Armée de Terre et Direct Energie.

Comme rien ne remplace les pros pour étalonner les produits et pousser les ingénieurs dans leurs retranchements, ce sont donc deux fois 5 coureurs qui sont venus en Sicile, après Bessèges, pour se mesurer aux routes de l’île. Profils rouleurs en bord de mer, traversées des villages pavées (on dira plutôt dallées – on n’est pas sur le pavé de Roubaix mais les larges sections et les pressions moindres sont largement validées), en montées comme en descentes mouvementées. Profils de puncheurs-grimpeurs pour venir à bout du Cappo Castel Monte, 800 mètres de dénivellation sur une dizaine de kilomètres, plus que le Poggio di San Remo mais seulement 65 kilomètres dans les jambes auparavant pour laisser les pros s’expliquer entre eux et jouer à qui gagne d’un pneu ou bien d’un boyau… Fusion 5.

On résume la démonstration Fusion 5. Quatre versions, trois épaisseurs de gommes, trois sections (23, 25, 28 millimètres), une version TubeType et une version Tubeless Ready, trois pneus, un boyau, une seule couleur ou presque : le noir. Tout ça mis bout à bout, ça nous fait combien de références ? Vous avez quatre heures !

Comme nous sommes magnanimes (une trentaine de références), on préférera que vous alliez rouler, histoire de vous laisser convaincre et, comme nous, souligner la sécurité qu’apporte ce nouveau Fusion 5 posé sur des jantes Mavic et des vélos Look. Les marques françaises se serrent les coudes, c’est d’autant plus appréciable et apprécié. On a aussi aimé le dessin de ces différentes versions du Fusion 5 qui, outre la facilité qu’il apporte pour le sens de montage, donne le sentiment que l’évacuation de l’humidité est réellement facilitée.

Dernier point pour souligner le côté traditionnel et familial du vélo tel qu’on l’apprécie, on saluera le très prochain départ de Norbert Gangloff, responsable du développement des gammes chez Hutchinson depuis pas loin de quarante ans et en charge des relations avec les équipes sponsorisées, que ce soit en route et en VTT. Un départ à la retraite qui sera fêté comme il se doit, même si près de quatre décénies, ça ne se gomme pas comme ça !