Maxime, on vous avait laissé sur de mauvaises sensations samedi, ça allait mieux dimanche ?
Oui, cela allait vraiment très bien. J’avais vraiment de bonnes jambes et de très bonnes sensations. J’ai bien roulé toute la journée, je me sentais bien dans les cols, j’étais à ma place dimanche, il n’y avait rien à dire. Après, à la fin c’est forcément plus compliqué quand on a remonté des bidons toute la journée. Dans le dernier kilomètre, Nicolas Roche et Jean-Christophe Péraud étaient bien devant donc je me suis écarté sachant qu’il y avait Hubert Dupont qui était avec eux pour le classement général par équipes.

Vous avez forcément vu les images de l’accident causé par la voiture accréditée, qu’en avez-vous pensé ?
Honnêtement, depuis le début du Tour, je suis impressionné par le nombre de voitures et de motos qu’il y a autour de nous. Dans ces conditions là, je ne suis presque pas choqué, cela devait arriver. Qui plus est avec les routes que l’on emprunte et qui sont très étroites, c’est vraiment très dangereux. 200 coureurs sur de si petites routes avec autant de stress et de tension, c’est vraiment très compliqué. Je comprends bien que les villages demandent pour accueillir le Tour mais il faut aussi faire attention aux coureurs. Quand on voit que dans les derniers kilomètres de certaines étapes une seule voiture est en mesure de passer, c’est un peu limite.

Vous y pensez au risque de chute ou d’accident ?
Oui, forcément on y pense. Mais il faut vite en faire abstraction car si on y pense sur le vélo, c’est terminé, ce n’est pas possible. Ce sont les risques du métier. Mais dimanche, j’étais bien devant dans la descente du Pas de Peyrol, j’ai vu Vinokourov tombé, ça fait réfléchir. La chute dans une descente fait partie des risques du métier, par contre si je me fais renverser par une voiture qui n’avait pas ordre de doubler, je serais bien plus énervé que ne l’est encore Hoogerland.

Y aurait-il une solution pour éviter cela justement ?
J’entendais Luc Leblanc proposer que toutes les voitures en courses soient pilotés par d’anciens coureurs, c’est une excellente idée. Beaucoup de voitures le sont mais pas toutes. Certains pilotes font leur premier Tour et n’ont pas la vision de la course que peuvent avoir les anciens coureurs. Quand on est un professionnel, on a une vision différente de la course, on anticipe l’orientation du vent, on anticipe les freinages dans les virages. On sait quand le coureur va se déporter sur la droite ou la gauche. Quelqu’un qui n’a jamais fait de vélo en compétition ne peut pas le savoir.

Parlons des coulisses d’une journée de repos maintenant, que faites-vous pendant une journée comme celle-là ?
On essaye de se lever le plus tard possible. Personnellement je me suis levé à 9h30, ensuite je suis allé prendre le petit déjeuner. C’est le même que d’habitude, on enlève juste les pâtes. Ensuite, on avait prévu la sortie sur les coups de 10h30 mais on est parti à 11h étant donné le nombre de photographes et de supporters devant l’hôtel. On a fait deux heures de vélo puis on a mangé. L’idée c’est de ne pas trop manger pour ne pas perdre le rythme que l’on prend sur le Tour. C’est-à-dire, deux repas par jour.

Vous parlez de photographes et de supporters, il y en avait beaucoup à vous solliciter pendant cette journée ?
Non, pas vraiment. Il faut dire que l’hôtel était situé dans un village assez loin et un peu caché. L’hôtel n’était pas vraiment visible et donc assez calme. Mais même quand il y a beaucoup de monde, cela ne me dérange pas du tout. Quand on vient nous demander un autographe, c’est toujours un grand honneur, un vrai plaisir. J’essaye toujours de répondre avec le sourire, en étant sympathique. Le vélo est un sport populaire et on se doit d’être proche des gens.

Tous les coureurs vont-ils rouler pendant une journée de repos ?
Non, dans l’équipe on est six à avoir fait la sortie en entier. Deux coureurs l’ont écourté et Hubert Dupont qui ressentait une douleur au genou a préféré se reposer pleinement. Mais moi cela me fait du bien d’aller rouler, j’aime aller faire deux petites heures à allure tranquille.

Y-a-t-il des plages de détente prévues pendant une telle journée ?
Pas vraiment, ça passe assez vite, on ne fait pas grand chose. En rentrant de la sortie on mange et puis personnellement j’ai fait une sieste d’une heure ensuite. Après on va voir les mécaniciens, je suis aussi allé à la cryothérapie puis au massage. Et puis après on attend le repas, dans le lit devant la télé.

Vos familles respectives viennent vous rendre visite ?
Ma femme n’a pas pu venir car elle habite loin et elle travaille mais pour la plupart des autres coureurs de l’équipe, oui. Moi je verrai ma famille à la prochaine journée de repos. Ce n’est pas forcément un inconvénient, au contraire, cela me pousse à bien rouler toute la semaine en me disant que je la vois dans une semaine. je préfère qu’elle vienne la semaine prochaine que cette semaine. Car après il ne reste plus que quelques jours, cela passe vite.

Jeudi vous entrez dans la haute montagne, qu’attendez-vous des Pyrénées ?
Je vais essayer de prendre une échappée en montagne, sûrement dans l’étape du Tourmalet. Si l’échappée ne va pas au bout, je pourrai servir de point d’appui à mes Leaders, c’est un rôle que je sais prendre. Je sais que dans les cols je suis capable de m’accrocher. Il y a deux ans, je m’étais échappé dans l’étape du Ventoux et j’avais réussi à terminer 15ème après avoir accroché pendant un moment le groupe Armstrong. Je peux me transcender dans ce genre de situation.

Cela aide vraiment un Leader d’avoir un équipier en point d’appui ?
Oui. Dans un col, les coureurs montent rapidement un par un. Alors être dans la roue d’un équipier cela aide à moins se fatiguer, même à 15km/h. Si je peux servir d’appui pour un de mes deux Leaders, ne serait-ce que 20 secondes, c’est déjà ça.

En attendant les Pyrénées, cela change-t-il l’approche de la journée de repos de ne pas avoir la montagne directement le lendemain ?
Personnellement, cela ne me dérange pas du tout d’attaquer la haute montagne le lendemain d’une journée de repos. Je suis un coureur qui récupère plutôt bien. Cela ne me dérange pas non plus de commencer une étape avec un col d’entrée de jeu par exemple.

Pour revenir sur le mauvais temps de ces derniers jours, c’est vraiment gênant ?
Ce qui est vraiment dérangeant c’est de devoir partir le matin avec un k-way notamment. Mais dans tous les cas, l’étape il faut la faire ! Pour l’instant, cela va encore car on n’a pas eu de froides journées. Mais la pluie fait gonfler les jambes, elle rend les jambes plus dures et le lendemain, on a forcément un peu plus mal que s’il faisait beau. Quand il fait beau, les jambes dégonflent, elles s’affutent. Moralement, la pluie est plus dure à vivre.

Propos recueillis le 11 juillet 2011.