Tous les deux jours, Maxime Bouet revient sur son Tour de France. Aujourd’hui, il livre ses impressions sur l’arrivée au Plateau de Beille et la maitrise de la course de l’équipe Europcar. Il revient également sur son rôle d’équipier. Il évoque enfin la gestion des descentes et les émotions ressenties auprès du public dans les ascensions. Immersion en plein coeur du peloton du 98ème Tour de France.

Maxime, comment s’est passée votre course, vendredi ?   
Ca a bagarré pendant 60 kilomètres. Dès le kilomètre 0 ça roulait à un rythme impressionnant, j’ai rarement vu ça. Ensuite, l’échappée est partie sans coureur de chez nous. Personnellement je l’avais dit, je voulais être devant. Mais c’est comme ça, c’est la course.

On vous a vu attaquer dans le Col d’Aubisque, pourquoi ?
Je n’avais pas de super jambes. Alors je m’étais dit que si les favoris se faisaient la guerre, il vaudrait mieux être devant et donc, pourquoi pas anticiper. C’est pourquoi j’ai attaqué, pour pouvoir aider mes Leaders une fois rattrapé. Pouvoir les replacer, leur donner des bidons.

Qu’avez-vous pensé de la maitrise de l’équipe Europcar ?
Ils sont vraiment très impressionnants. Ils étaient presque plus nombreux que nous dans le groupe des favoris à l’arrivée. Ils courent vraiment très bien, je pense que Thomas Voeckler est vraiment un excellent Leader. Il est entouré par Pierre Rolland qui est lui aussi impressionant. Je pense que l’on peut attendre Voeckler sur le général. Un Top 10 me semble envisageable. Pour conserver le maillot jaune, cela devrait être compliqué, le Plateau de Beille est bien plus dur que la montée vers Luz-Ardiden.

Voeckler, justement, vous en pensez quoi ?
Il est lui aussi très impressionnant. Il impressionne presque tout le monde. Il a une science de la course incroyable, il vise toujours juste. Dans ce domaine là, c’est pour moi un des meilleurs coureurs du Monde. Moi le premier je le félicite, mais pas que pour son Tour de France, depuis le début de la saison il court parfaitement, il sait attaquer quand il le faut. Et puis il est très aimé du public.

Pour revenir à votre équipe, quel est votre rôle ?
Mon rôle c’est dans un premier temps d’essayer d’aller dans la bonne échappée. Après, il faut apporter les bidons à mes Leaders, les replacer. Et puis comme je l’ai fait dans le Col d’Aubisque, il faut essayer d’anticiper pour basculer dans la descente du col avec les meilleurs.

Que se passe-t-il dans votre tête quand vous manquez la bonne échappée ?
Sur le coup, il y a forcément un peu de déception. Mais il faut vite se reprendre pour bien faire son travail d’équipier. Dès que la bonne échappée est partie, on se relève et on va chercher des bidons.

Combien de fois descendez-vous à la voiture chaque jour ?
On est quatre coureurs à devoir descendre à la voiture pour ravitailler les Leaders sachant que Jean-Christophe Péraud et Nicolas Roche ne descendent jamais. Et puis sur une étape comme celle de Lourdes, Hubert Dupont était lui aussi protégé. Sur la première semaine, Sébastien Hinault ne descendait pas non plus pour qu’il puisse se concentrer au mieux sur les sprints. Après, entre les quatre coureurs désignés, on alterne, on descend à tour de rôle. Il faut bien répartir les rôles pour ne pas trop se fatiguer

Qu’est-ce que vous ressentez avec un tel public au bord des routes ?
Il y a énormément de plaisir, de l’euphorie. Et puis quand je passe dans les premiers coureurs comme dans le Col d’Aubisque, il y a forcément plus d’encouragements. Au début ça m’arrivait de m’enflammer mais maintenant, je suis plus posé, j’ai appris à monter à mon rythme sans me mettre dans le rouge. Mais c’est vrai qu’avec tous ces encouragements, toutes les photos, on a plus envie de se faire mal.

Comment gérez-vous l’exercice si périlleux des descentes ?
Il ne faut surtout pas avoir peur ! Si on prend une mauvaise chute, on met énormément de temps à s’en remettre. Jusqu’à présent, j’ai eu de la chance, je ne suis jamais tombé dans une descente de col. Mais il ne faut surtout pas se poser de question. Si tu descends un col à 90km/h et que tu penses au ravin, tu deviens vite raide, bloqué sur les freins.

A quelle vitesse maximale descendez-vous ?  
Justement, on en rigolait avec l’équipe à l’arrivée à Luz-Ardiden à l’arrivée en regardant notre vitesse maximale sur le compteur. Je me suis rendu compte que j’avais fait une pointe à 104,5 km/h. Je pense que c’était dans la descente du Tourmalet, en rentrant sur le groupe des favoris. J’aurais pu difficilement aller plus vite.

Pour revenir sur l’attitude de David Moncoutié dans l’étape de Lourdes, comment agir quand un autre coureur français est devant ?
Déjà, ce qui est certain c’est que si Hushovd et Moncoutié ne collaborent pas, Jérémy Roy va au bout. Après, Moncoutié n’était pas le meilleur sprinteur donc ça aurait été dur au sprint pour lui. Mais même si devant c’était un autre français, ils n’ont pas non plus le même maillot, je comprends qu’il puisse rouler derrière. Il faut voir aussi quelles consignes Moncoutié a eu de la part de son équipe. Quoi qu’il arrive, Hushovd était très fort, décrocher Moncoutié comme il l’a fait, c’est vraiment impressionnant.

Comment envisagez-vous l’étape du Plateau de Beille ?
L’objectif c’est une nouvelle fois de prendre l’échappée. L’étape va être très dure aujourd’hui aujourd’hui. Et puis l’étape est spéciale avec l’avant dernier col très loin de la montée finale. Donc si je peux servir de relais dans la vallée, ce sera super. Ce qui est certain, c’est que s’il y a un départ comme celui de la 13ème étape, il va y avoir du sport et il faudra être costaud pour partir.

Propos recueillis le 15 juillet 2011.