N°1 : Nacer Bouhanni (Cofidis)

Malgré un bilan comptable déjà excellent (onze victoires), Nacer Bouhanni aurait pu présenter un palmarès encore plus fourni si la malchance ne s’en était pas mêlée. Bien qu’il y ait à chaque fois levé les bras, deux victoires en WorldTour lui seront retirées : à Paris-Nice, assez logiquement et à la Classique de Hambourg, plus sévèrement. Son tempérament bouillant lui joue également des tours à la veille du Championnat de France. Excédé par le comportement d’individus alcoolisés à son hôtel, le Vosgien se chauffe et en récolte quatre points de suture à la main droite. Ce qui ne devait être qu’un banal incident l’obligeait à déclarer forfait pour le Tour, trois jours avant le départ. Mais c’est sur Milan-San Remo que le sprinteur de Cofidis pourra nourrir ses plus profonds regrets. Alors qu’il s’engage pour la gagne sur la Via Roma, Nacer Bouhanni ne parvient pas à repasser le grand plateau et voit Arnaud Démare s’offrir son premier monument.

N°2 : John Degenkolb (Giant-Alpecin)

La saison 2016 de John Degenkolb a pris la forme d’une course contre la montre pour retrouver un niveau décent après le terrible accident dont il a été victime avec cinq de ses coéquipiers en janvier dernier. Sur des routes d’entraînement à Calpe, l’Allemand mais aussi Warren Barguil, Chad Haga, Fredrik Ludvigsson, Ramon Sinkeldam et Max Walscheid sont heurtés par une automobiliste qui roulait de manière imprudente. Le vainqueur de Milan-San Remo et de Paris-Roubaix au printemps 2015 aurait pu voir sa carrière s’arrêter là puisqu’il aurait pu perdre un doigt dans l’incident. Ce sera le début d’une longue convalescence qui l’oblige à renoncer aux classiques du printemps. Son retour au GP de Francfort le 1er mai est une petite victoire en soi. Après un Tour de France timide (deux 4ème place), John Degenkolb retrouve le chemin de la victoire sur l’Arctic Race of Norway puis au Tour de Munster en toute fin de saison.

N°3 : Philippe Gilbert (BMC Racing Team)

Une altercation avec deux hommes en état d’ébriété a eu des conséquences fâcheuses sur le printemps de Philippe Gilbert. Moins de dix jours avant ses grands objectifs, le Belge est victime, avec son coéquipier Loïc Vliegen, d’une agression sur le retour d’une longue sortie d’entraînement. Il en ressort avec un majeur gauche fracturé et cinq broches posées en plus des séquelles psychologiques qui en découlent. Ses blessures l’obligent à renoncer à la Flèche Brabançonne, épreuve dont il a foulé cinq fois le podium dont deux fois pour la gagne depuis 2008. S’il s’aligne au départ de l’Amstel Gold Race et de la Flèche Wallonne, le champion belge n’est pas au niveau (81ème à l’Amstel, 91ème à la Flèche). Aussi préfère-t-il éviter l’humiliation suprême à Liège-Bastogne-Liège. Il fait donc le choix de ne pas se présenter au départ de la Doyenne. La suite de sa saison reste marquée par un nouveau titre de champion de Belgique, mais il échoue aux Jeux Olympiques, aux Championnats d’Europe et au Tour de Lombardie.

N°4 : Fabian Cancellara (Trek-Segafredo)

Fort heureusement, la chance a fini par tourner pour Fabian Cancellara qui s’en est allé conquérir l’or olympique à Rio cet été. Mais au printemps, les Dieux du Vélo ne semblaient pas décidés à laisser Spartacus vivre une ultime saison paisible. S’il remporte avec brio les Strade Bianche, le Suisse est frappé par la malchance une fois arrivé sur son terrain de prédilection à la fin du mois de mars et au début du mois d’avril. Sur le GP E3, le leader de l’équipe Trek-Segafredo est stoppé net par un bris de dérailleur après avoir fait la sélection dans le Taaienberg. Deux semaines plus tard, après avoir été tenu en échec par Peter Sagan au Tour des Flandres, Fabian Cancellara termine mal son histoire d’amour avec Roubaix. Alors qu’il est en poursuite de Tom Boonen, sa roue avant se dérobe sur les pavés glissants de Mons-en-Pévèle. Ses rêves d’un quatrième pavé et d’une dernière grande classique s’envolent pour de bon.

N°5 : Thibaut Pinot (FDJ)

« A la sortie du Tour, s’il a été mauvais, l’année paraît mauvaise. C’est ça le miroir déformant du Tour. » Voilà ce que nous confiait Marc Madiot à l’issue d’une Grande Boucle qui n’aura pas souri à Thibaut Pinot. C’est en ce sens que le Franc-Comtois restera l’un des grands malchanceux de l’année. Le Tour aurait dû valider sa franche progression aperçue au cours du début de saison. Au lieu de cela, il laisse à sa saison 2016 un goût d’inachevé, malgré sa 2ème place au Tour de Romandie, ses progrès réalisés dans l’exercice chronométré et son titre national face à la montre. La faute à une infection virale qui l’empêche d’évoluer à son vrai niveau sur le Tour et qui l’oblige à ranger ses ambitions personnelles au placard dès la première étape pyrénéenne. Alors qu’il semble se rabattre sur le maillot à pois, Thibaut Pinot finit par abandonner après l’étape du Ventoux et met dans la foulée un terme à sa saison.