Dmitriy, quel bilan tirez-vous du Tour de France 2017 ?
Le bilan est davantage positif que négatif. On peut toujours avoir des regrets et chercher des excuses, mais il faut garder en tête que nous avons perdu sur chute les deux coureurs désignés pour entourer Fabio Aru en montagne, Dario Cataldo et Jakob Fuglsang. Un gars comme Jakob était plus qu’un lieutenant : il pouvait jouer le rôle de leader autant que Fabio. Sa présence à nos côtés en dernière semaine nous aurait permis de jouer deux cartes. On savait Jakob Fuglsang en super forme. Il venait de gagner le Critérium du Dauphiné, or souvent on retrouve les acteurs du Dauphiné aux avant-postes sur le Tour…

Avant ces pertes, l’équipe Astana semblait la mieux armée pour déboulonner les Sky…
Disons que nous étions dans le bon timing jusqu’en deuxième semaine. Mais nous avons perdu deux de nos piliers sur une chute stupide. Nous étions très attentifs aux bordures ce jour-là et l’équipe désignée pour le plat protégeait bien les gars du vent. Tout le monde était bien placé. Et puis il y a eu cette mauvaise chute au ravitaillement, à petite vitesse, et nos gars sont tombés sur les mains et se sont blessés : fractures, fissures… D’autres ont dû quitter le Tour prématurément aussi. Geraint Thomas, Richie Porte, Rafal Majka… C’est le vélo, c’est comme ça, et la chance est un facteur important.

Quelles sont vos dernières nouvelles de Jakob Fuglsang ?
Il a démontré qu’il avait un gros caractère en terminant l’étape puis en s’accrochant vers Peyragudes. Il espérait que ça aille mieux mais il souffrait de deux petites fractures au niveau du poignet gauche et il a dû abandonner. Désormais il récupère. Il ne fait pas de vélo mais il pousse la poussette de sa petite fille née juste avant le Tour. Disons que c’est un mal pour un bien ! Il va se reposer pendant trois semaines encore avant de repartir faire la fin de saison.

Fabio Aru a dévissé au classement général en troisième semaine, mais il s’est dit souffrant. Qu’a-t-il eu ?
Il a pris un peu froid dans les quatre derniers jours et souffre d’une petite bronchite. On ne voulait pas en informer nos adversaires tant qu’il y avait de la bagarre. Mais on a vite vu clair dans les dernières montées. Tout le monde travaille aujourd’hui avec les capteurs de puissance et les données de Fabio nous ont confirmé qu’il n’était pas fatigué. La puissance était là mais il ne pouvait pas faire d’efforts soutenus car il ne parvenait pas à respirer convenablement. Pour un coureur malade, il s’est bien battu. On l’a vu dans le Galibier, on l’a vu aussi dans l’Izoard. Malgré cela il a terminé 5ème du classement général, nous n’allons pas nous plaindre.

Son style sur un vélo a en tout cas tout pour plaire au grand public, qu’en pensez-vous ?
Le vélo n’est pas un sport facile, on le sait, mais Fabio est un battant. C’est son tempérament. L’équipe a vécu un début de saison douloureux. Il y a eu l’accident tragique de Michele Scarponi, qui a choqué tout le monde. Et Fabio lui aussi a connu la malchance avec une blessure au genou qui l’a privé du Giro. Il a dû changer de préparation, et tout ça a changé les programmes de l’équipe. Malgré cela nous avons su relever la tête. Nous avons gagné le Dauphiné et pesé sur le Tour. L’équipe marche, elle attaque, elle est présente. Quand les leaders vont bien, tout le monde va bien. Ce qui fait la beauté du vélo, c’est l’équipe. C’est pourquoi on ne retient que du positif de ce Tour de France.

Ce Tour de France, diffusé en intégralité à la télévision, a-t-il été couru différemment ?
Aujourd’hui, le vélo est plus statique qu’autrefois, avec beaucoup de coureurs au même niveau. On voit toujours des coureurs tenter de prendre l’échappée mais on voit toujours une équipe pour contrôler la course et rouler aussitôt. Malgré la fatigue en troisième semaine, on a encore vu d’intenses bagarres. Tout le monde travaille, tout le monde gère ses efforts, et tous les détails sont importants.

Autour de quels coureurs s’articulera l’équipe Astana pour la Vuelta ?
Fabio Aru va y aller, essentiellement avec des coureurs qui étaient sur le Giro. Luis-Leon Sanchez, Pello Bilbao et Nikita Stalnov seront là. La sélection est définie mais les détails seront communiqués ultérieurement.