Quel est le bon rythme de nouvelles épreuves WT sur de nouveaux continents ?

Je crois que nous avons maintenant une bien meilleure dispersion des évènements à travers le monde. Avant, il y avait un trou d’un mois après le Tour Down Under, ce qui était un non –sens. Maintenant, nous avons un meilleur calendrier tout au long de l’année, avec de nouveaux évènements et pas seulement dans des nouveaux pays. Un calendrier qui inclus des courses dignes d’être présentes comme le Het Nieuwsblad et la Strade Bianchi. Nous travaillons sur cela et nous aurons encore besoin de faire des ajustements mais globalement, je crois que ces changements ont été bénéfiques. Nous avons vu certaines  excitantes cette année sur les nouvelles épreuves du World Tour et sur celles déjà existantes. 

Vous êtes dans le fauteuil de président en titre, pensez-vous avoir choisi le bon timing, et où pensez-vous être dans le match avec d’autres candidats ?

Je crois que nous avons parcouru un long chemin depuis que j’ai été élu Président de l’UCI en 2013. Regardez l’état du cyclisme et de l’UCI quatre ans auparavant. Le cyclisme était détruit. Nous avions détruit nos échanges avec l’IOC et le WADA, les personnes avec qui nous aurions dû collaborer. Nous avions détruit les relations avec les sponsors. Détruit les relations avec les villes hôtes et les pays, avec les équipes, les coureurs et même les médias. Et le pire de tout, le lien était rompu avec les fans, les personnes les plus importantes dans notre sport, ceux qui aiment et dévouent leurs émotions au cyclisme. Ils méritent tous mieux que ce traitement cynique qu’ils ont reçu pendant plusieurs années. 

Nous sommes maintenant fiers de respecter comme il se doit les fédérations internationales et cela peut se voir avec WADA qui est maintenant le point de référence dans notre travail pour rendre le sport plus propre. Nous sommes passés d’une menace d’élimination aux Jeux olympiques à la récompense d’avoir quatre nouvelles épreuves aux Jeux, ce qui fait du cyclisme le troisième sport de la compétition, un tournant incroyable pour le vélo.
Aujourd’hui, la fierté et la crédibilité ont été réhabilitées au cyclisme, mais il y a encore à faire pour sécuriser ces fondations et faire grandir le sport dans le monde entier. 

J’ai reçu de nombreux retours positifs de la part des membres du comité de management de l’UCI, des fédérations internationales et d’une grande part de la famille du cyclisme. Je serais honoré d’avoir l’opportunité de servir mon sport pour quatre années de plus. Je ne suis pas le seul à le dire, il n’y a qu’à regarder l’appui que je peux avoir.  

Vous êtes soutenu par l’Asie, l’Océanie, une partie de l’Europe notamment, où pensez-vous aller chercher des voix ?

Je suis confiant sur le fait que j’ai beaucoup de soutien à travers l’Europe, l’Asie, l’Amérique, l’Océanie et l’Afrique. En tant que président de l’UCI, c’est important de représenter tout le monde et pas seulement les actionnaires ou un business. 
J’ai le soutien de personnes intègres, de gens qui ont compris que le cyclisme revient de loin depuis ces quatre dernières années. En tant que président de l’UCI, j’ai toujours essayé de satisfaire tous les actionnaires, pas juste l’un d’entre eux, et peut importe leur impact. J’espère que les gens ont respecté cela et je crois qu’ils l’ont fait. 

L’UEC sera-t-elle un bastion anti-UCI ? Comment voyez-vous les relations futures ?

En tant que président du cyclisme anglais pendant 17 ans avant de prendre le rôle de président de l’UCI, j’avais de très fortes relations avec de nombreux membres de l’UEC et c’est toujours le cas. J’ai reçu de nombreux soutiens du cyclisme européen pendant les quatre dernières années, ce qui m’a aidé à faire grandir le sport. En effet, j’ai changé les règles de l’UCI pour permettre la création de championnats européens, ce que mes prédécesseurs ont toujours refusé pendants des années. Si je suis réélu, je vais travailler dur pour maintenir une bonne relation avec ce qui reste le plus gros continent du cyclisme. 

Sur les domaines techniques comme le disque, les ajouts sur les maillots (Sky), les caméras thermiques, etc…lUCI a toujours un train de retard, et ouvre la porte de facto, à la suspicion. Comment l’expliquez-vous ?

Depuis mon élection en 2013, nous avons considérablement investi notre temps et nos ressources pour développer une méthode de détection robuste ainsi que tester des milliers de vélos. Auparavant, il n’y avait presque rien de fait par l’UCI sur le dopage mécanique, et aucunes règles et sanctions effectives. Nous avons consulté des experts de plusieurs horizons avec des universitaires, mécaniciens, spécialistes de l’électronique, des ingénieurs spécialisés en logiciels, physiciens et nous avons travaillé avec les meilleures technologies disponibles. Nous sommes confiants sur la méthode que nous avons à présent pour tester les vélos. Une méthode fiable, efficace et facile à déployer. 

En 2016, nous avons testé plus de 20 000 vélos sur beaucoup de courses dans différentes disciplines, à travers les genres et les catégories d’âges. Aux Jeux olympiques et paralympiques, nous avons veillé à vérifier chaque discipline. Toutes nos vérifications étaient négatives. Nous allons continuer de tester dans toutes les disciplines pour être sûr que ceux qui tentent de tricher sachent qu’ils seront attrapés en cas de dopage mécanique. 

Nous avons aussi renforcé les sanctions applicables pour toutes les personnes qui trichent de cette façon en incluant de lourdes amendes. David Lappartient a déclaré aux médias qu’il n’était pas sur de la méthode. Mais pourquoi n’a-t-il pas fait de nouvelles propositions à la Commission de l’équipement de l’UCI au moment où ces méthodes ont été acceptées par le Comité de Management ? Ou au moins de dire ce qui ne lui plaisait pas et ce qu’il proposait pour y remédier ? Je serais très intéressé de savoir si David pense que la fraude technologique est très répandue dans le cyclisme. A-t-il une preuve de ça ? Quelles sont performances les plus suspectes pour lui ?

Les récents propos infondés de David ont fait des dommages sur la réputation de l’UCI et du sport. Ces propos étaient opportuns et très regrettables. Le récent reportage de la télévision française sur ce sujet contenait beaucoup d’incohérences et de fausses allégations, ce qui aurait dû démenti, pas soutenu. 

Sur le point des équipes pros, 3 équipes du WT sont soutenues par les loteries nationales donc les états, beaucoup par des pays, pas mal par des marques de vélo. Ce modèle économique peut-il encore tenir longtemps ? Iriez-vous voir votre banquier avec un business modèle qui ne repose que sur une seule ressource ?

Clairement, le modèle historique de la fondation des équipes est très stimulant. La plupart des équipes sportives professionnelles ont trois sources de rentrée financières. La vente des places dans leur stade, les droits télés, et le naming ou sponsors sur le maillot. Les équipes de cyclisme n’ont que la dernière. Et encore, il y a certaines équipes qui semblent enchaîner les périodes de crise, tandis que d’autres sont là depuis de nombreuses années et semblent bien fonctionner. Le réel problème, d’après moi, c’est que la crédibilité du cyclisme a été tellement endommagée dans le passé que beaucoup de sponsors potentiels des plus grandes entreprises mondiales sont nerveux à l’idée d’être associé avec ce sport. La reconstruction de la réputation et de l’intégrité du cyclisme a été essentielle. Maintenant, nous sommes dans une bien meilleure position que nous l’étions quatre ans auparavant, je suis confiant que cela va s’améliorer dans le futur et que l’intérêt des sponsors va grandir aux sommets. Le cyclisme en tant que sport, et passe-temps, est plus populaire que jamais et je crois que cela va se faire ressentir dans les décisions d’investissements de potentiels sponsors.

Il y a un match « nations latines » contre monde Anglo-saxon, que rejetez-vous et que prenez-vous sur le monde Latin?

Je n’accepte pas du tout cette analyse. Le cyclisme est un sport mondial à travers de nombreuses cultures et secteurs. Équipes, coureurs et sponsors viennent des quatre coins du globe. Diviser le sport entre pays « latins » contre « Anglo-saxons » est un non-sens. 

Comment voyez-vous le cyclisme en termes de développement dans 10 ans sur les aspects suivants : quels pays seront gagnés ou perdus pour le cyclisme ? Les disciplines nouvelles comme le VTT ou le BMX vont-elles gagner encore du terrain ou stagner après leur entrée aux JO? Le vélo Féminin va-t-il gagner encore de la place dans le spectre du vélo : plus de tours de 10 jours par exemple, une meilleure couverture tv ? Une femme présidente de l’UCI ?

Nous nous concentrons à faire grandir le cyclisme pendant les dix prochaines années et nous avons mis tout en place pour que ce soit le cas. L’UCI a investi massivement dans des centres en Afrique du Sud, Japon, Inde et en Corée. Cela va aider à continuer notre développement mondial du sport et de s’assurer que tous les pays ont l’opportunité d’améliorer leurs capacités dans le cyclisme. Nous allons aussi continuer de nous concentrer sur toutes les disciplines. Les Jeux olympiques offrent une superbe plateforme pour qu’elles grandissent. A l’UCI, j’ai nommé Tracey Gaudry vice-présidente de l’UCI, première femme à tenir ce rôle. Je l’ai mandaté pour créer la Commission féminine de l’UCI. Il n’y a aucune raison qu’une femme ne soit pas présidente de l’UCI dans les dix prochaines années. 

3 continents ont déja gagné un grand Tour, qui de l’Asie ou l’Afrique offrira un vainqueur en premier ?

Il y a eu de gros progrès à travers les cinq continents et j’espère que cela va continuer. Le cyclisme va devenir plus mondial, avec les meilleurs coureurs venants de différents pays. Je suis fière que l’UCI, sous ma présidence, a plus que doublé son investissement dans les Confédérations continentales et les Fédérations nationales. 2016 a été une année magnifique pour l’UCI et pour le sport. Nous supportons de plus en plus de coureurs, entraîneurs, mécaniciens et directeurs sportifs grâce à nos bons résultats commerciaux. 

L’UCI a investi encore un million de Francs suisses dans les confédérations continentales entre 2016 et 2018. Nous avons aussi augmenté notre investissement dans le centre international de cyclisme de l’UCI avec plus de 3 millions pour l’année. 
Très peu de Fédérations internationales réalisent des investissements de cette envergure et je suis très fière de l’UCI dans ce domaine.