Il n’était décemment pas possible de faire évoluer un peloton sur les routes d’Andalousie en ce dimanche de février. Et quand bien même la passion l’avait emporté sur la raison en fin de matinée lorsque, après consultation de toutes les parties, l’organisation avait pris la décision de lâcher le peloton dans un vent à décorner les taureaux andalous, tout le monde a très vite dû se rendre à l’évidence. Il n’était non seulement pas décent d’imaginer un peloton évoluer sur la côte d’Almeria magnifiée par ses falaises abruptes, mais il était techniquement impossible de le faire. 30 kilomètres en partie neutralisés auront suffi à en faire la démonstration et à inviter chacun au bon sens.

Chahuté sans ménagement par des bourrasques le précipitant sur les bas-côtés, ce qui provoque le renoncement de beaucoup, le peloton s’arrête en pleine tempête. Il n’est plus question dans ces conditions de s’en tenir aux 184 kilomètres que devait comporter l’épreuve. Chacun remballe pour remonter dans les voitures, direction la ligne d’arrivée à Roquetas de Mar, où les organisateurs vont dénicher à la hâte un circuit urbain de 3,5 kilomètres pour tâcher de sauver la face et offrir une ligne de palmarès supplémentaire à leur épreuve. Mais l’édition 2016 de la Clasica d’Almeria se résumera à six boucles de ce tourniquet urbain, soit 21 kilomètres.

Même en zone urbaine, un vent puissant malmène ceux qui prennent ce second départ. Face au danger, beaucoup choisiront de ne pas insister bien longtemps voire tout bonnement de ne pas repartir. Personne, au cours de ce qui restera assurément comme l’une des courses en ligne les plus brèves de l’histoire du cyclisme, ne réussira à s’échapper avant un tour final dont le vent finit par rompre le petit peloton ballotté. En fait de sprint massif, c’est un paquet dispersé qui rejoint la ligne d’arrivée. Trois coureurs ont réussi à prendre un léger avantage dans les cassures de dernière minute. Emmené par son coéquipier Aleksejs Saramotins, 3ème, Leigh Howard (IAM Cycling) n’a plus qu’à éliminer le Russe Alexey Tsatevitch (Team Katusha) dans le vent espagnol.

2ème de la Cadel Evans Great Ocean Race quand il avait réglé au sprint le peloton des poursuivants il y a deux semaines, dans la foulée d’une rentrée remarquée au Tour Down Under, le nouveau sprinteur de l’équipe IAM Cycling s’adjuge cette course qui restera dans les annales. Les sprinteurs français Bryan Coquard (Direct Energie) et Nacer Bouhanni (Cofidis), victimes de la cassure, doivent se contenter des places d’honneur, 4ème et 5ème.

Classement :

1. Leigh Howard (AUS, IAM Cycling) les 21 km en 28’29 » (44,2 km/h)
2. Alexey Tsatevitch (RUS, Team Katusha) m.t.
3. Aleksejs Saramotins (LET, IAM Cycling) m.t.
4. Bryan Coquard (FRA, Direct Energoe) à 5 sec.
5. Nacer Bouhanni (FRA, Cofidis) m.t.
6. Raymond Kreder (PBS, Roompot-Oranje Peloton) m.t.
7. Pawel Franczak (POL, Verva ActiveJet) m.t.
8. Roman Maikin (RUS, Gazprom-RusVelo) à 8 sec.
9. Jakub Kaczmarek (POL, CCC Sprandi Polkowice) m.t.
10. José-Joaquin Rojas (ESP, Movistar Team) à 11 sec.