Alejandro, quel est votre secret pour briller au plus haut niveau à 35 ans ?
Au début de ma carrière, j’étais déjà très fort. Ces deux dernières années, je suis beaucoup plus tranquille et confiant. Avec la confiance et la tranquillité, tout va beaucoup mieux. Chaque année, je gagne de nouvelles courses grâce à cela.

Comment avez-vous géré les derniers kilomètres de cette 101ème édition de la doyenne des classiques ?
L’attaque de Daniel Moreno était très puissante. La course est très longue et, cette année, elle a été très rapide. Je savais que les dernières centaines de mètres allaient lui paraître très longues. Tous les autres coureurs m’ont laissé la responsabilité de la course. A 600 mètres de l’arrivée, j’ai décidé d’accélérer pour revenir à sa hauteur. J’ai également pensé à garder quelques forces pour le sprint final.

Êtes-vous un autre coureur que celui qui a réalisé le doublé Flèche Wallonne-Liège-Bastogne-Liège en 2006 ?
Non. Je suis un bon coureur. Tout simplement. Avant, je remportais déjà des courses. Maintenant, j’en gagne toujours. Je crois que ce n’est une surprise pour personne que je sois arrivé le premier aujourd’hui.

Vous venez de remporter pour la troisième fois Liège-Bastogne-Liège. Quelles sont les différences entre ces victoires ?
Les trois sont magnifiques. Gagner à Liège est toujours phénoménal. Peut-être que la victoire de cette année est un peu plus spéciale. La semaine que j’ai passée a été très belle. Je termine 2ème à l’Amstel Gold Race puis j’ai décroché deux victoires à la Flèche et à Liège. A 35 ans, ces huit jours vont être une source de motivation énorme pour les prochaines courses.

Quelle place la Doyenne occupe-t-elle dans votre cœur ?
Cette course compte énormément à mes yeux. Elle est un monument du cyclisme. En la gagnant pour la troisième fois, je rentre un peu dans l’histoire de mon sport.

Quels changements le cyclisme a-t-il connus depuis votre victoire en 2006 ?
Pour moi, les grands changements sont essentiellement les générations de cyclistes. En 2006, je luttais contre Paolo Bettini, les frères Schleck, Damiano Cunego ou Davide Rebelin. Ils étaient des coureurs différents de mes adversaires actuels. Aujourd’hui, j’affronte une nouvelle génération de coureurs, représentée par exemple par Julian Alaphilippe. Le seul qui, comme moi, reste malgré le temps est Joaquim Rodriguez. Le cyclisme est resté un très beau sport. C’est une merveille.

Avez-vous été plus attentif à Alaphilippe après sa 2ème place à la Flèche Wallonne ?
Pas vraiment. Dans la finale, j’ai surtout regardé vers l’avant de la course et Dani Moreno. Julian Alaphilippe est un jeune coureur très fort. Il sera certainement à surveiller dans les prochaines classiques. Je pense qu’il réalisera encore beaucoup de belles courses.

Quel niveau vous donnez-vous en tant que coureur cycliste ?
Je pense que ce n’est pas à moi d’évaluer mon niveau mais plutôt aux journalistes. Selon moi, je suis un bon coureur. Monter sur treize ou quatorze podiums dans les classiques ardennaises n’est pas mal pour un coureur.

Avec cette victoire, vous prenez la tête du classement WorldTour. Sera-ce un objectif pour vous ?
Je savais que, si je gagnais, je serai leader de ce classement. C’est un but mais pas en soi. Le WorldTour est un objectif secondaire qui suivra avec les résultats que je réaliserai en course. Ce que je recherche avant tout, ce sont les victoires.

Qu’avez-vous pensé de la course de votre équipier, Nairo Quintana ?
Aujourd’hui, Nairo se sentait très bien. Malheureusement, il a été gêné dans la chute de la Redoute. Une grande tension était présente dans la course. Cela ne lui convient peut-être pas aussi bien qu’à moi. Sur le Tour de France, je pense qu’il sera à 100%. Nous formerons un beau duo sur les routes de la Grande Boucle. J’espère que l’équipe sera performante.

Que vous a-t-il manqué pour réussir ce fameux triplé dans les courses ardennaises ?
J’aurais adoré remporter l’Amstel Gold Race. Je n’ai jamais réussi à y terminer sur la première marche du podium. Michal Kwiatkowski a gagné. Il faut le féliciter pour cela. J’aurais peut-être pu courir différemment dans les derniers kilomètres, mais je ne vais pas me plaindre. Ma semaine est magnifique.

Propos recueillis par Pol Loncin à Liège le 26 avril 2015.