Julien, avez-vous eu un seul instant d’inquiétude au cours du contre-la-montre final du Tour de France, dans lequel votre frère Thibaut se battait pour le podium ?
Non, je n’étais pas inquiet. Je savais que Thibaut ferait une très grande performance. En revanche, on ne maîtrise pas celle de ses adversaires. On ignorait quelles performances allaient faire Jean-Christophe Péraud et Alejandro Valverde. L’inquiétude se situait davantage à ce niveau-là. 12ème d’un chrono du Tour tel que celui-là, Thibaut a sorti une très grosse performance.

Il sera qui plus est demain sur le podium du Tour de France, 3ème mais pas 2ème…
Jean-Christophe Péraud lui était supérieur dans l’exercice. Il a crevé en plus. Thibaut recule d’une place mais ce n’est pas du tout une déception. 3ème du Tour à 24 ans, c’est quand même extraordinaire. On aurait largement signé pour ça au départ de Leeds il y a trois semaines.

C’est une récompense pour Thibaut comme pour l’équipe ?
Bien sûr. Je pense en premier lieu aux équipiers qui ont énormément travaillé durant ces trois semaines. Ce n’est pas toujours évident d’être avec Thibaut, mais ils ont toujours été auprès de lui. Ils ont aussi toujours cru en lui. Tout le travail du staff, et c’est beaucoup de travail toute l’année, est récompensé. Je pense à toutes ces personnes qui, un jour ou l’autre, ont apporté quelque chose à Thibaut.

Estimez-vous qu’en matière de contre-la-montre Thibaut Pinot ait largement rattrapé son manque à gagner ?
Après son premier Tour il y a deux ans (NDLR : 10ème à 22 ans en 2012), tout le monde lui en a tout de même demandé beaucoup. Il n’avait que 23 ans l’an passé, un âge où on apprend encore. Maintenant, ça fait partie de son destin. S’il n’avait pas fait le Tour l’an dernier, peut-être ne serait-il pas là aujourd’hui. Ça l’a aidé à se contruire. Il n’était pas parfait l’an passé, il ne l’est pas encore aujourd’hui. Chaque année il progresse. Depuis cinq ans qu’il est passé pro, il passe un palier chaque année. Nous allons continuer à travailler, à perfectionner ses points faibles, et à parfaire ses points forts.

A quels domaines faites-vous référence ?
Il peut encore progresser en chrono. S’il a passé un palier cette année, il n’est pas encore parvenu à son pic de potentiel. Ça vaut aussi pour la montagne, pour la gestion de la course, pour son placement… Il y a encore plein de points à améliorer, ça laisse envisager un bel avenir.

Qu’a-t-il démontré à vos yeux dans cette édition ?
Qu’il est avant tout un homme de Grands Tours. Il peut marcher sur les courses par étapes d’une semaine, mais ce sont surtout les courses par étapes de trois semaines qui lui conviennent compte tenu de ses grosses qualités de récupération. Il connaît son domaine pour les années à venir.

Propos recueillis à Périgueux le 26 juillet 2014.