Nicolas, comment se passe la transition entre le monde amateur et le monde professionnel ?
C’est une grande découverte car la façon de courir est vraiment différente. On est ici dans un autre monde que chez les amateurs mais petit à petit on fait son apprentissage et on en découvre un petit peu plus tous les jours. Je pense qu’il faut laisser un petit peu de temps mais ça se passe bien pour l’instant avec l’équipe et ça laisse augurer de belles choses pour la suite.

Quelle a été la plus grosse découverte ?
La grosse différence, c’est que ça laisse sortir plus facilement mais que ça devient plus dur en fin de course quand l’allure augmente. Les kilomètres faisant, on a un peu plus mal aux jambes, et la vitesse est plus élevée. Ca fait un gros changement. Mais il y a quand même quelques moments bien tranquilles durant les courses donc globalement ça passe.

Les oreillettes ont disparu mais les scénarios restent assez identiques, c’est aussi votre ressenti ?
Ca montre bien que les coureurs ont de l’expérience. Sans les oreillettes, on arrive à bien gérer. On a été piégé en début de saison au Grand Prix La Marseillaise. On a alors cru qu’on allait pouvoir reprendre l’échappée, mais ça a manqué sur la fin. Les oreillettes étaient plus là au niveau sécurité et informations de course, et même si cet élément pouvait peser dans la course, les coureurs sont loin d’être bêtes.

Le début de saison des Roubaix Lille Métropole est assez discret, où placez-vous vos objectifs ?
Nous avons un coureur comme Denis Flahaut qui va très vite au sprint. Son heure ne tardera pas à arriver avec les courses en Belgique. Sur les courses de début de saison, nous misons aussi sur Steven Tronet. Mais il faut aussi savoir que la plupart des coureurs de Roubaix Lille Métropole sont des néo-pros. Ils sont dans le même cas que moi, ils sont là pour apprendre et emmagasiner de l’expérience. Nous sommes une équipe de jeunes qui ne demande qu’à progresser. Il faut nous laisser le temps de faire nos gammes.

Vous êtes champion de France Espoirs du contre-la-montre et avez terminé 5ème des Championnats d’Europe de la spécialité l’an passé, le chrono sera à nouveau un objectif cette année ?
L’an passé, je me suis mesuré une première fois aux professionnels aux Championnats de France du contre-la-montre à Chantonnay. J’y ai fini 20ème. Je pense pouvoir, avec une meilleure préparation cette année, viser un Top 10. Le chrono était ma spécialité mais mon programme cette année est très différent. Je ferai moins de contre-la-montre que chez les amateurs, ce qui me déplaît un peu, mais je vais essayer de le bosser.

Les Championnats de France ayant lieu cette année à Boulogne-sur-Mer, vous serez presque à domicile…
Presque à domicile pour l’équipe mais pas pour moi, qui habite à l’opposé de la France. Mais si on sait s’y prendre, ça ne devrait pas peser dans les jambes. Il suffit d’être sérieux dans sa préparation et sa reconnaissance. C’est comme ça que j’ai toujours fait et ça m’a toujours bien réussi jusqu’à présent.

Etre sélectionné pour les Championnats du Monde du contre-la-montre fait-il partie des objectifs ?
Ca risque d’être dur car beaucoup de coureurs seront prétendants à une place en équipe de France. Je ne me prends pas plus la tête avec ça, j’essaie de faire du mieux que je peux. Si ça marche, je ne dirai pas non, mais il faut beaucoup travailler et apprendre avant.

Vous aviez défrayé la chronique l’an passé en vous faisant battre au Championnat Rhône-Alpes du contre-la-montre face à un sexagénaire. Quel est aujourd’hui votre analyse de ce chrono ?
Ce qui m’a le plus déplu a été la réaction des gens vis-à-vis de la performance de ce monsieur, dont c’est tout à l’honneur d’être encore sur le vélo à 63 ans, mais dont les spécialistes ne pouvaient pas être dupes. Les vitesses atteintes s’approchaient de celles du record de l’Heure, et c’est comme si on demandait à Eddy Merckx ou Bernard Hinault de s’y mesurer ! Quelques semaines avant, il était battu par des premières catégories, ça parle de soi… Il a voulu faire son coup de pub en m’attaquant personnellement deux mois après. Je déplore la réaction de ceux qui lui ont donné raison sans essayer de comprendre. En creusant, on saisit qu’il y a une explication logique à pareille performance.

Laquelle selon vous ?
Je pense qu’il a dû bénéficier d’un appui technique avec un véhicule suiveur. Je ne pense pas qu’il y avait possibilité de couper le parcours. Je ne pense pas qu’un vélo électrique soit dans ses moyens. Et je n’ose même pas parler de dopage car à son âge ce serait une désolation. Sa vitesse maximale a atteint 66 km/h alors que le parcours ne s’y prêtait pas. C’est tout ce que je peux soupçonner. Maintenant, une page est tournée, mais les gens savent que je méritais davantage la victoire. Je me tourne à présent vers ma carrière pro et je lui souhaite une bien bonne carrière personnelle.

La meilleure réponse, vous la donnerez finalement à la pédale ?
Comme ça s’est toujours fait, c’est à la pédale que ça se règle. Maintenant, je me retrouve à un niveau au-dessus. L’expérience et le niveau apportent une difficulté supplémentaire. J’essaie tout de même de prendre du plaisir. A partir de là, on peut réaliser de belles choses.

Propos recueillis à Draguignan le 20 février 2011.