Vincenzo Nibali. L’audace de Vincenzo Nibali (Astana) a tranché avec l’attentisme des autres favoris hier et le coup de panache de l’Italien a été récompensé par la victoire d’étape. A l’attaque dans le col du Glandon, alors que Chris Froome était victime d’un ennui mécanique (lire ci-dessous), le Sicilien a immédiatement creusé l’écart pour s’imposer à la Toussuire. « Nous en avions discuté au briefing, avoue le vainqueur du Tour 2014. Le but était de tenter une échappée. Le rythme était très élevé et nous n’avons jamais creusé l’écart en début d’étape. Je dédie cette victoire à ma famille et j’ai été incroyablement soutenu par le public. Nous allons maintenant partir à la chasse au podium. A la Toussuire, l’objectif était de gagner l’étape. Gagner quelques places au général sera difficile avec l’Alpe d’Huez. Nous allons toujours essayer de le faire. »

Chris Froome. La victoire de Vincenzo Nibali n’a pas franchement plu à Chris Froome (Team Sky). Le Maillot Jaune n’a que modérément apprécié l’attitude du Sicilien dans le Glandon, passé à l’attaque quand il connaissait un ennui mécanique. « Un morceau de bitume s’est coincé dans ma roue arrière, j’ai dû m’arrêter pour l’enlever, explique le Britannique. Nibali avait toute la montée pour m’attaquer, il a choisi ce moment-là. J’ai appris ensuite par les autres coureurs qu’il s’était retourné. Je pense que son geste n’est pas sportif. Je lui ai dit exactement ce que je pensais de lui. » Vincenzo Nibali a voulu répondre aux commentaires du Maillot Jaune. « Quand je me suis retourné, c’était pour parler avec Kangert. On voulait passer à l’attaque sur la Croix-de-Fer. J’ai fait ma course », s’est justifié le Sicilien.

Nairo Quintana. Avant la dernière étape alpestre, Nairo Quintana (Movistar Team) n’a plus que 2’38 » de retard sur Chris Froome. L’attitude du Colombien et de ses coéquipiers a interrogé hier, mais au final, il est le seul à avoir repris du temps au Britannique. « J’ai attaqué quand j’ai jugé que le moment était opportun pour distancer Froome, explique le Maillot Blanc. Mais l’écart n’était pas suffisant en comparaison de ce que nous pensions. Il ne reste qu’un jour en montagne. Nous allons essayer d’attaquer plus fort pour essayer de nous battre pour la victoire d’étape. En ce qui concerne les chances de podium d’Alejandro Valverde, je pense que ça ne devrait pas poser de problème.

Romain Bardet. Dire que Romain Bardet (Ag2r La Mondiale) termine mieux son Tour qu’il ne l’a commencé est un euphémisme. L’Auvergnat, au lendemain de sa victoire d’étape à Saint-Jean-de-Maurienne, a une nouvelle fois connu une journée parfaite, glanant une place au général et surtout le maillot à pois. « Je n’avais pas fait de calcul pour le maillot. Je voulais juste faire la meilleure place possible, la meilleure course possible, affirme le 6ème de la dernière édition. Par chance, j’ai le maillot et je vais le porter dans l’Alpe d’Huez, c’est top. Je vais savourer ce moment. Parfois, quand on fait les choses à fond sans réfléchir et sans calculer, ça marche. Je veux juste en profiter. L’ascension du Col de la Croix de Fer va être déterminante. Les points vont être doublés dans l’Alpe. Et si Froome fait la course en tête, ça sera difficile mais je ne m’avoue pas vaincu. »

Warren Barguil. C’en est fini des ambitions de Top 10 de Warren Barguil (Giant-Alpecin). Époustouflant pour son premier Tour, le Breton a connu une journée difficile, lâché dans le col du Mollard. A la Toussuire, il concède un quart d’heure à Vincenzo Nibali et pointe désormais au 14ème rang du général. « C’est frustrant de connaître une journée difficile en étant aussi proche de Paris, déplore celui qui est longtemps resté aux portes du Top 10. Physiquement, je ne pouvais pas faire mieux. Ma chute dans la 10ème étape m’a coûté beaucoup d’énergie et je le paye cash, mais je ne me cherche pas d’excuses. Je suis ici pour apprendre. Je suis ravi de ma performance sur le Tour jusqu’ici et j’espère arriver à Paris. J’espère aussi bien récupérer pour tout donner sur la dernière étape de montagne en espérant de bonnes jambes. »

Pierre Rolland. Pierre Rolland (Team Europcar) repart de la Toussuire avec le prix de la combativité à défaut d’avoir remporté l’étape. L’Orléanais a livré un récital, attaquant à plus de 60 kilomètres de l’arrivée avant d’être repris puis déposé par Vincenzo Nibali. « Le prix de la combativité, c’est un lot de consolation. Celui du gars qui s’est donné à fond et qui n’a rien gagné, sourit Pierre Rolland. J’ai couru comme je l’aime, avec du cœur et de l’envie. Cette étape me tenait à cœur. Dans le groupe où j’étais, tout le monde avait un œil sur moi. Romain Bardet gênait pour le classement général donc j’ai décidé d’y aller dans le Glandon. Même si c’était loin, tout seul, on ne dépense pas beaucoup plus d’énergie que dans le groupe Maillot Jaune. Nibali voulait gagner l’étape et quand Nibali décide de quelque chose, ce n’est pas facile d’aller contre ses plans. »