Sur la 109ème édition du Milan-San Remo, Vincenzo Nibali a laissé parler son panache, sa fougue et son âme d’attaquant. Le requin de Messine n’a fait qu’une bouchée de ses adversaires dans les 15 derniers kilomètres de course. Si la pluie était présente la majeure partie de la journée, l’Italien de la Bahrain Merida a trouvé les ressources après 284 kilomètres dans les jambes. « Il y avait tant d’eau aujourd’hui sur Milan-San Remo et pourtant, les sensations étaient bonnes. Dans le Poggio, j’avais de bonnes jambes » a expliqué Nibali en conférence de presse. Mais ce numéro de soliste du maestro n’était pas la tactique choisie par l’équipe Bahrain Merida qui misait tout dans le sprint avec Sonny Colbrelli. Heinrich Haussler l’a d’ailleurs avoué après avoir passé la ligne. « On pensait qu’il attaquait dans le Poggio pour Sonny Colbrelli car c’était les plans de l’équipe aujourd’hui » mais le maestro a su profiter du scénario de la course. 

Si Nibali a réussi à prendre plus de 10 secondes au sommet du Poggio, c’est aussi grâce à la désorganisation du peloton de favoris dans le final. Sous les attaques assenées par Jempy Drucker (BMC), Simon Spilak (Katusha Alpecin) ou Vincenzo Nibali, les équipiers ont très vite lâché prise dans l’ultime montée de la journée. La réduction à sept coureurs au départ est peut-être à l’origine de l’absence de soutien des leaders dans le Poggio. « Avec le vent de face, je me suis dit qu’on allait revenir sur Nibali. Davide Cimolai a bien travaillé dans le final mais il manquait d’autres équipes pour rouler à l’avant. Ca s’est marqué dans le Poggio. Quand Kwiatkowski attaquait, Sagan revenait dans les roues puis ça se relevait. Donc il y a eu un gros moment de flottement qui nous a fait perdre la course » a détaillé Arnaud Démare (Groupama FDJ), qui a terminé troisième sur la Via Roma. 

Lorsqu’il a porté son attaque, Nibali suivait alors les plans de son équipe. Avec un Sonny Colbrelli à son aise dans les petites côtes, le but était de faire exploser le peloton, et rendre la vie dure aux sprinteurs. Mais la réaction face à son attaque s’est fait attendre et l’Italien a su être opportuniste pour ajouter ce monument du cyclisme à son palmarès, déjà bien fourni. « Quand j’ai entendu qu’il y avait un vrai écart avec le peloton, j’ai mis les pleins gaz » Troisième en 2012, il devient le premier vainqueur d’un grand Tour à s’imposer sur la Primavera depuis Laurent Jalabert en 1995. « Sur la ligne d’arrivée, j’ai regardé le grand écran et je me suis dit : « C’est incroyable ». De voir les sprinteurs derrière moi sur la ligne, c’était un moment très agréable. C’est une belle victoire pour l’équipe. » -Léo Labica