A l’occasion de ce 100ème Giro et de l’intégration de Vélon au sein de la course qui donne en direct les données de certains coureurs. Nous allons vous proposer régulièrement une rubrique « retour sur » où nous détaillerons quelques séquences ou faits marquants de l’épreuve.

Hier sur la 12e étape de ce passionnant 100ème Giro, Forli – Reggio Emilia (237 km), c’est un nouveau sprint massif qui a clôturé cette longue étape. La plus longue d’ailleurs avec ses 237 kilomètres et presque 5h20 de course Et c’est une 4ème victoire Colombienne et la 3ème à titre personnel pour Fernando Gaviria. Ce dernier semble être le plus rapide des sprinters présents sur ce Giro. Mais qu’en est-il vraiment une fois ces finisseurs sont lâchés par leurs poissons pilotes et livrés à eux-mêmes ?

Il faut savoir que ces acrobates passent toute la durée de l’étape à s’économiser ! En effet l’objectif est d’arriver sur la dernière ligne droite avec le plus de fraicheur et de substrats énergétiques disponibles pour tout donner en quelques secondes ! De ce fait sur une épreuve de plus de 5h, ils passent la majorité au sein du pack avec toujours 1 à 2 coéquipiers autour d’eux. Le but est de penser à s’alimenter, s’hydrater, de ne pas prendre de vent, de cassures et de bien tourner les jambes ( ils oscillent vers les 95tr/min, dans les roues) afin de n’avoir aucune toxine pour les derniers instants de l’étape. Effectuons une analyse sur les 15 dernières secondes de ces sprints soit presque 300m !

Avec une vitesse moyenne de 68,2 km/h et un braquet de 53×11 cela donne une cadence moyenne de 111.4 tr/min !
Sam Bennett (3ème de l’étape) : 849W (12.3 W/kg) et un pic à 996W (15,8 W/kg)
Sacha Modolo (7ème de l’étape) : 750W (11,2 W/kg) et un pic à 1059W (14,4 W/kg)
André Greipel (8ème de l’étape) : 1211W (16,1 W/kg) et un pic à 1619 (21,6 W/kg)

En conclusion cela signifie que sur un sprint, ce n’est pas seulement la force pure qui permet de gagner mais le placement et le fait de se faire emmener le plus loin possible par un de ses coéquipiers. Prenez le cas du gorille de Rostock qui affiche une puissance très nettement supérieure aux autres sprinters mais qui termine à la 8ème place. Il s’est retrouvé sans équipiers pour le lancer, il a du s’auto-gérer et se placer derrière d’autres sprinters à dépenser de l’énergie pour tenir sa place. Il démarre donc loin et malgré une vitesse instantanée et pic de Watts plus élevés que les autres, il ne pourra revenir sur les premiers qui eux se sont fait « déposer » dans les 150 derniers mètres !

Maintenant intéressons-nous au « second rideau », celui que vous ne voyez jamais à l’écran mais qui est pourtant très intéressant d’observer. En effet les cadreurs zooment sur le sprint et ses acteurs mais si vous prenez le temps de regarder le classement des étapes de sprints, vous trouverez presque toujours les mêmes coureurs dans les 20, 30 premiers… Et ce ne sont pas les moins connus bien au contraire : Nibali, Quintana, Pozzovivo, Yates, Thomas, Dumoulin, etc…

1ère étape : 23ème Vincenzo Nibali ; 25ème Nairo Quintana ; 27ème Adam Yates ; 28ème Tom Dumoulin

2ème étape : 8ème Geraint Thomas ; 13ème Vincenzo Nibali ; 16ème Domenico Pozzovivo ; 19ème Adam Yates ; 20ème Nairo Quintana

3ème étape : 19ème Adam Yates ; 25ème Geraint Thomas ; 26ème Domenico Pozzovivo ; 28ème Vincenzo Nibali

5ème étape : 13ème Adam Yates ; 16ème Domenico Pozzovivo ; 20ème Geraint Thomas ; 24ème Tom Dumoulin

6ème étape : 6ème Adam Yates ; 10ème Geraint Thomas ; 11ème Nairo Quintana ; 12ème Vincenzo NIbali ; 13ème Tom Dumoulin ; 17 Thibaut Pinot ; 19ème Domenico Pozzovivo

7ème étape : 10ème Vincenzo Nibali ; 11ème Tom Dumoulin ; 12ème Geraint Thomas ; 15ème Adam Yates ; 17ème Domenico Pozzovivo ; 25ème Nairo Quitana

12ème étape : 17ème Adam Yates ; 18ème Domenico Pozzovivo ; 20ème Vincenzo Nibali ; 23ème Nairo Quintana

Mais pourquoi ces leaders qui sont loin de rivaliser avec les meilleurs sprinters viennent-ils se frotter aux cadors de la spécialité ? Tout simplement pour éviter les chutes dans les derniers kilomètres. Ils demandent à leurs coéquipiers de les remonter dans les 20, 30 premiers du pack et de les maintenir. Ainsi ils sont abrités du vent et à peu près sûrs d’éviter les chutes qui interviennent plus dans le 2ème quart du peloton. Mais il faut savoir que les coéquipiers fournissent un gros effort pour rester à ces places très chères ! D’où l’intérêt d’avoir une bonne équipe avec des coureurs qui sont capables aussi bien de faire un tempo en montagne que de vous replacer sur des étapes de plaine. Il est plus facile de perdre ses ambitions au général sur une chute ou une cassure que de gagner du temps sur ses rivaux. C’est d’ailleurs bien pour cela que nous retrouvons tous ces favoris dans un mouchoir de poche à chaque arrivée massive.

Ces analyses peuvent vous servir à votre propre niveau. Croyez-nous, observer une course professionnelle avec des coureurs qui savent courir peut vous servir de leçon.