Des montagnes, Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida) en a gravies quelques-unes. Conquises un certain nombre aussi. Mais celle qu’il lui fallait surmonter aujourd’hui dépassait l’entendement. Comme cette information qui s’était rapidement ébruitée au départ de la cinquième étape du Tour de Croatie à Porec et dont les mots semblaient n’avoir aucun sens : Michele Scarponi est mort. Vincenzo Nibali et Michele Scarponi devaient se retrouver dans deux semaines sur le Giro. Face à face, après trois années d’une formidable collaboration qui avait vu le grimpeur des Marches épauler le Sicilien en jaune sur le Tour de France 2014 comme en rose sur le Tour d’Italie 2016. Ces deux-là étaient de sincères amis. Et l’annonce de l’accident mortel dont a été victime tôt ce matin le coureur d’Astana avait de quoi plonger celui de Bahrain-Merida dans un profond émoi. Mais il y avait une course à courir. Et si possible à gagner.

Après l’abandon de Kristijan Durasek (UAE Team Emirates), blessé aux côtes après une chute jeudi, et le manque de vigilance de Jaime Roson (Caja Rural-Seguros RGA), pris dans une petite cassure hier, c’est donc Vincenzo Nibali qui portait aujourd’hui le maillot rouge de leader du classement général du Tour de Croatie, flanqué d’un brassard noir. Personne, plus que lui, ne voulait épingler cette étape qui se concluait à Ucka (141 km), dans les Alpes dinariques. Tant et si bien que, toute la journée, les coureurs de Bahrain-Merida allaient contrôler la course, interdisant aux échappés du matin Luis Mas (Caja Rural-Seguros RGA), Lukasz Owsian (CCC Sprandi Polkowice) et Antonio Parinello (GM Europa Ovini) de rejoindre en tête le pied de l’ascension finale, longue de 15 kilomètres.

Entouré des équipiers qui le protégeront au Tour d’Italie, Vincenzo Nibali progressait vers les cimes avec le désir d’honorer par une victoire la mémoire de Michele Scarponi. Mais d’autres enjeux capitaux entouraient cette étape stratégique, dont les secondes de bonification attribuées au sommet pouvaient encore inverser la tendance au classement général. Et permettre à Jaime Roson de récupérer son bien.

L’Espagnol de 24 ans répondait du tac au tac au démarrage de Vincenzo Nibali à 2 kilomètres de l’arrivée et, avec Jan Hirt (CCC Sprandi Polkowice), c’est un trio qui s’avançait vers la ligne d’arrivée sans être parvenu à se démarquer. 3ème de la Semaine Internationale Coppi-Bartali en mars, Jaime Roson allait encore démontrer son gros potentiel dans le sprint qui opposerait les trois de tête à Ucka. Vincenzo Nibali avait beau vouloir plus que tout cette victoire, ses jambes ne suivaient plus dans les derniers mètres et l’Italien venait à s’incliner derrière l’Espagnol. Tant pour l’étape que pour le classement général, dont l’avantage revient à Jaime Roson avant l’étape finale, demain dimanche, entre Samobor et Zagreb (147 km).

Classement 5ème étape :

1. Jaime Roson (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) les 141 km en 3h41’47 » (38,1 km/h)
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
3. Jan Hirt (TCH, CCC Sprandi Polkowice) m.t.
4. Felix Grosschartner (AUT, CCC Sprandi Polkowice) à 5 sec.
5. Jan Polanc (SLO, UAE Team Emirates) à 8 sec.
6. Franco Pellizotti (ITA, Bahrain-Merida) à 20 sec.
7. Jesper Hansen (DAN, Astana) m.t.
8. Michal Schlegel (TCH, CCC Sprandi Polkowice) à 23 sec.
9. Kanstantin Siutsou (BLR, Bahrain-Merida) m.t.
10. Edward Ravasi (ITA, UAE Team Emirates) à 29 sec.

Classement général :

1. Jaime Roson (ESP, Caja Rural-Seguros RGA) en 21h55’17 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 2 sec.
3. Jan Hirt (TCH, CCC Sprandi Polkowice) à 15 sec
4. Felix Grosschartner (AUT, CCC Sprandi Polkowice) à 30 sec.
5. Jan Polanc (SLO, UAE Team Emirates) à 45 sec.
6. Kanstantin Siutsou (BLR, Bahrain-Merida) à 46 sec.
7. Michal Schlegel (TCH, CCC Sprandi Polkowice) à 1’05 »
8. Jesper Hansen (DAN, Astana) à 1’20 »
9. James Knox (GBR, Team Wiggins) à 1’22 »
10. Oscar Sanchez (COL, Bicicletas Strongman) à 1’27 »