Stéphane, quel sentiment vous a laissé le Tour de France de l’équipe Cofidis ?
Il y a d’abord le regret d’avoir perdu Nacer Bouhanni assez tôt. Nous avions construit une équipe autour de lui. Après son abandon dans la cinquième étape, il nous a fallu nous remobiliser. Nous n’avons pas été épargnés par les chutes en début de Tour. Partir sur de nouveaux objectifs et avoir de bons résultats après les chutes a été un petit peu compliqué. Mais les gars l’ont très bien fait : nous nous sommes glissés dans des échappées, avec des gars comme Kenneth Vanbilsen et Julien Simon. Toutes ne sont pas allées au bout et nous sommes toujours tombés sur plus forts que nous. Nous avons terminé le Tour à huit, nos néophytes Christophe Laporte, Florian Sénéchal et Kenneth Vanbilsen se sont bien comportés et ont bien terminé l’épreuve. Pour l’avenir, c’est prometteur.

Comment l’équipe a-t-elle rebondi après le retrait de Nacer Bouhanni ?
Les gars se sont de suite remis en question et nous sommes partis aussitôt dans les échappées. Peut-être que ces échappées ne sont pas allées au bout mais au moins ça a redonné de l’élan et un engouement à toute l’équipe. Les gars sont restés bien soudés entre eux, et ça c’est le point positif du Tour. Ils ont toujours essayé d’aller de l’avant, on les a vus. Mais sur les fins d’étapes, notamment en montagne, ça s’est fait à la pédale. Nicolas Edet et Dani Navarro ont beaucoup essayé, même s’ils ont été un peu justes à la fin. Nous nous sommes montrés mais nous aurions aimé une victoire d’étape qui nous fait défaut, le bilan est mitigé.

Le parcours de cette édition 2015 n’était-il pas défavorable à un groupe tel que celui de Cofidis ?
On a vu en effet peu d’étapes pour les baroudeurs. C’est sûr que ça ne nous a pas aidés. Je pense qu’avec Nacer Bouhanni jusqu’au bout avec nous ça aurait été différent car sur des étapes plus accidentées il aurait pu tirer son épingle du jeu. On a vu au Critérium du Dauphiné qu’il grimpait bien. Il n’était pas là, c’est comme ça.

Construire l’équipe autour de Nacer Bouhanni n’était-il pas un pari osé ?
Je ne pense pas. Nacer est arrivé sur le Tour un peu « entamé » après sa grosse chute au Championnat de France. En partant de là, ça s’est un peu mal goupillé pour nous. Nacer était un peu diminué puis il a rechuté sur le même côté à sa reprise, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Est-ce qu’il aurait pour autant fallu approcher le Tour différemment… avec des si, on peut tout refaire. Bien sûr, nous débrifierons de ce Tour avec Yvon Sanquer et les DS afin de continuer à aller de l’avant. Et puis nous allons également nous tourner déjà vers la Vuelta parce qu’il reste encore de très belles choses à faire cette saison.

Voilà sept ans que l’équipe Cofidis n’a plus gagné sur le Tour de France, n’est-ce pas frustrant ?
Bien sûr, c’est frustrant, mais dans le sport si on garde ce sentiment de frustration et qu’on rabâche les choses, on n’avance pas non plus. Nous avons construit cette année la meilleure équipe du moment avec Nacer. Les circonstances ont fait que… On court après une victoire d’étape sur le Tour depuis 2008 mais il faut aller de l’avant, continuer, persévérer, et c’est comme ça qu’on y arrivera.

Que retiendrez-vous à titre plus général de ce Tour de France 2015 ?
Je trouve qu’il n’y a pas eu de jour calme. Au bout de la première semaine, les gars étaient déjà fatigués. Un départ d’Utrecht, la nervosité, les bordures, la pluie, les pavés… On n’a pas vu d’étape avec trois échappés qui partent d’entrée, les équipes de sprinteurs qui travaillent et reviennent tranquillement, le type d’étape qui permet aux organismes de souffler. On n’a jamais eu ça. Tous les jours, il y avait des possibilités de bordures, de chutes, ce qui a rendu le peloton très nerveux, très stressé. Ça a été un Tour usant.

Le Tour d’Espagne approche à grands pas, l’équipe est-elle déjà définie ?
Pas encore, nous allons en parler. Mais Nacer Bouhanni va y être, donc partant de là nous allons construire une très bonne équipe autour de lui, avec un ou deux grimpeurs pour essayer de faire des choses en montagne. Connaissant le mental de Nacer, je n’ai pas besoin de vous dire qu’il est revanchard à 200 %.

Propos recueillis à Sèvres le 26 juillet 2015.