Yvon, Richie Porte est-il définitivement maudit sur le Tour de France ?
Non, il n’est pas maudit. Il a simplement été victime d’un fait de course. Il y a des années pour lesquels ça sourit, d’autres pour lesquels ça sourit un peu moins. Nous n’avons pas à être déçus, nous n’avons pas de chat noir, et on verra l’année prochaine. Richie va bien, il récupère, il n’a pas de séquelles de sa chute et ça c’est le plus important pour nous. Il est trop tôt pour dire quand il retrouvera la compétition, les médecins devront d’abord valider son retour sur un home-trainer.

Sans cette chute, où auriez-vous placé Richie Porte au terme du Tour de France ?
Je pense qu’il aurait été supérieur à Romain Bardet, non seulement dans la montagne, mais largement dans les contre-la-montre. Certains peuvent se réjouir du malheur des autres, car ça a changé la course. Beaucoup d’équipes ont perdu du monde. On a eu un match à trois ou quatre avec Chris Froome, Rigoberto Uran, Romain Bardet et Fabio Aru.

Diriez-vous que les prétendants à la victoire finale se sont rapprochés de Chris Froome ou que ce soit le Maillot Jaune qui ait régressé ?
Si je regarde les résultats du Tour, non seulement Froome n’a pas régressé, mais les autres n’ont pas élevé leur niveau. Il a certes perdu quelques secondes en montagne, mais les autres en avaient perdu beaucoup plus dans le contre-la-montre. Eux n’avaient pas d’autre choix que de l’attaquer mais Chris Froome a bien géré. Pour des garçons qui veulent gagner un jour le Tour, ce ne sera pas en lâchant près de deux minutes comme l’a fait Romain Bardet à Marseille.

Aviez-vous l’équipe pour lutter à armes égales avec Sky ?
Peut-être. Sûrement. Nous venions pour mettre Richie Porte sur le podium à Paris. Et quand on vient pour ça, il y a forcément une équipe forte derrière.

Quand on perd son leader sur un fait de course, comment remobilise-t-on les autres coureurs autour d’un nouvel objectif ?
On fait comme toutes les équipes font quand elles perdent un leader : on remotive les troupes en disant que le Tour est long et loin d’être fini. Malgré le fait qu’on ait perdu notre leader, on se doit pour notre sponsor de montrer que nous sommes là. Même si gagner une étape sur le Tour n’est pas facile. Le groupe, qui vit ensemble et se connaît très bien, sait l’importance de gagner une étape pour l’équipe. Chacun s’implique au maximum.

Où pensez-vous être passé le plus près de la victoire d’étape sur ce Tour ?
Il n’y a pas d’étape particulière. Nous avons donné le maximum à chaque fois et avons été battus par plus forts que nous. Nous n’avons donc pas de regrets dans la mesure où chacun a fait le maximum.

Pensez-vous qu’il soit encore possible de viser le Giro et le Tour la même saison ?
Ça dépend du Giro, ça dépend du Tour. Je pense qu’il y a encore des garçons qui sont capables de gagner les deux la même année. C’est le parcours qui détermine cela, même si ce sont d’abord les coureurs qui font la course. Mais les équipes aujourd’hui sont tellement focalisées sur le Tour qu’il est difficile de mettre sa grosse équipe sur les deux épreuves. Toutes les courses sont devenues importantes aujourd’hui, avec leur retransmission en direct et les retombées que cela peut générer pour le sponsor. Quoi qu’il en soit le Tour restera le Tour.

A l’approche des élections à l’UCI, que vous inspirent les dernières réformes ?
Pour s’y retrouver, il faudrait déjà reprendre le cyclisme à la base. On ne s’y retrouve déjà pas chez les amateurs… Il faudait simplifier le système amateur pour rendre les choses beaucoup plus claires et accessibles. Entre les Coupes de France DN1, DN2, DN3, les Régionales, on s’y perd. Le cyclisme amateur devient alors une course au budget quand il doit rester formateur et ludique. Or aujourd’hui on s’aperçoit que les amateurs sont devenus de vrais pros. On doit préserver les gamins qui font des études car tout le monde ne passe pas professionnel. Maintenant, chez les pros, il y a beaucoup à faire, mais j’ai espoir en notre candidat français. Il connaît le vélo, il est à l’écoute, et si par chance il est élu il fera autre chose que ce qu’a fait Brian Cookson.

Qui sera au départ de la Vuelta chez BMC ?
On doit encore attendre mais je pense qu’on peut parler de Tejay Van Garderen et Rohan Dennis. L’ambition de Rohan sera de finir un Grand Tour en progressant. Il a franchi des étapes cette année mais il a encore besoin de progresser. On n’ira pas pour gagner la Vuelta mais pour franchir ces étapes.