Malgré le profil de moyenne montagne de cette 8ème étape entre Dole et Les Rousses, les coureurs ont roulé toute la journée à 41,5 km/h. Preuve que la course s’est déroulée à une allure folle, la bataille pour prendre la traditionnelle échappée a duré une bonne heure, avec des attaques de tous les côtés. Puis, lorsqu’une cinquantaine de coureurs a pu sortir, la Sky a rappelé à tout le monde qui étaient les patrons en revenant sur la plupart des fuyards. « Les Sky ont été impressionnant dans leur sérénité et leur calme, racontait Pierre Rolland (Cannondale-Drapac) une fois la ligne franchie. » Celui qui a levé les bras sur le dernier Giro ne s’imaginait pas que le rythme serait à ce point élevé. « Cette étape va laisser des traces. Je m’attendais à un scénario difficile mais pas autant vu l’étape qui nous attend demain. Je pensais que tout le monde allait vouloir se préserver. Demain, c’est pour moi la plus dure étape du Tour. »

Finalement, plusieurs hommes ont réussi à s’isoler. Parmi-eux, Warren Barguil (Team Sunweb), qui faisait son retour à l’avant d’une course depuis sa blessure à la hanche survenue lors du Tour de Romandie. Le Breton s’est confié après l’étape. « Il y a quelques mois j’étais dans un lit d’hôpital et on me disait que je ne pourrais pas être au départ du Tour donc pour moi c’est déjà une victoire d’être ici. C’est dommage, c’était une très bonne chance pour moi sur une étape qui me correspondait bien. Quand on est devant, c’est pour jouer la gagne. » Les jambes étaient toutefois trop limitées, et la concurrence trop forte pour le coureur du Team Sunweb. Mais il promet de retenter sa chance sur la difficile étape de ce dimanche, si les jambes veulent bien répondre présent.

Des jambes qui ont bien fonctionné pour Nicolas Roche (BMC Racing Team), 4ème aujourd’hui. Animateur de l’échappée, il a aussi passé la journée à l’avant pour se rassurer sur son état de forme. « J’ai été aussi offensif que j’ai pu. C’était important pour moi d’être dans l’échappée, et voir si j’étais au top pour aider Richie. » Mais l’Irlandais, à l’image de tout le peloton, a souffert. « Il n’y a pas d’autres mots pour dire que c’était une journée très dure. » Une journée certes exigeante pour les organismes, mais qui a tout de même profité à Guillaume Martin (Wanty-Groupe Gobert). A l’offensive dans l’ultime ascension et troisième sur la ligne, il ne détonne pas avec le reste des leaders. Et sa passion pour l’attaque pourrait bien lui rapporter ces prochains jours. « J’ai profité d’un certain attentisme des principaux leaders. A nous coureurs de second rideau de profiter de cela et de tirer partie de cette stratégie, résume le jeune homme devant le bus de son équipe. J’ai même espéré avoir un écart et gagner quelques places au général, mais ce n’a pas été le cas. »

Un résultat synonyme de premier podium d’étape pour la formation Wanty-Groupe Gobert, qui montre qu’elle mérite plus que jamais son invitation au plus grand événement cycliste du monde. « C’est une belle performance pour l’équipe qui est aussi jeune et a un petit budget. On est content de montrer qu’on est là. » Il faut donc s’attendre à voir encore le maillot belge teinté de bleu dans les premières positions à l’avenir. Dès demain ? Le jeune leader ne fait pas de plans pour le moment. « Je n’avais rien prévu aujourd’hui, je ne vais rien prévoir pour demain. Je verrai comment la course se déroulera, j’espère que j’aurai récupéré et que je pourrai faire encore du vélo à l’instinct. » L’instinct, c’est peut-être ce qui manque de plus en plus dans le peloton de nos jours. Mais avec des étapes folles, où chacun est à bloc du début à la fin, des réflexes offensifs peuvent ressortir. Et c’est tout ce que l’on souhaite pour la suite de ce Tour de France. – Adrien Godard