Le contre-la-montre individuel de Logroño a remodelé le classement général et spécifié les derniers enjeux d’un Tour d’Espagne qui, ne nous fions pas aux apparences, n’a absolument pas dit son dernier mot. Nous en voulons pour preuve quelques raisons valables. D’abord nous sommes en troisième semaine d’un Grand Tour placé en fin de saison, et l’état de fraîcheur ici plus qu’ailleurs va jouer un rôle déterminant. Ensuite les redoutables escalades – le mot n’est pas trop fort – placées en toute fin de Vuelta restent susceptibles de compter triple en cas de défaillance d’un leader. Enfin, mais la liste n’est pas exhaustive, Alberto Contador (Trek-Segafrefo) attaque la dernière ligne droite de sa carrière avec un objectif : ravir le podium de la Vuelta sans autre moyen qu’en nous gratifiant une dernière fois de ses envolées spectaculaires et pleines de panache.

Tous ces facteurs sont donc réunis pour nous donner à vivre une fin de Vuelta palpitante, et c’est exactement ce que la dix-septième étape nous a réservé. A trois jours de la bataille de l’Angliru qui viendra clore cette 72ème édition, c’est une nouveauté typiquement espagnole que les coureurs étaient inviter à découvrir avec la montée finale de Los Machucos. Une ascension en trompe-l’oeil qui recelait bien davantage de difficulté que les 7,2 kilomètres à 8,7 % affichés, car cette vacherie cantabrique se voulait particulièrement irrégulière, avec des rampes à 26 % dès son pied, quelques courts instants de répit, et de nouveau des pentes comprises entre 10 et 15 % dans sa partie intermédiaire. Pas franchement l’exercice de référence de Chris Froome (Team Sky).

Le Britannique, qui disposait au matin d’un avantage confortable grâce à sa performance chronométrée il y a vingt-quatre heures, devait rester sur ses gardes. C’est ce qu’il a fait, mais les jambes n’ont pas suivi lorsqu’il a fallu répondre aux assauts de ses adversaires. Plusieurs d’entre eux, devenus de moins en moins dangereux au fil du temps, avaient déjà testé sa réaction au préalable, notamment Esteban Chaves (Orica-Scott) et Miguel-Angel Lopez (Astana). Mais la grande offensive allait être signée Alberto Contador !

A 6 kilomètres du but, dans les rampes verticales de l’Alto de los Machucos, le champion madrilène se dressait sur les pédales et filait en danseuse. La différence n’était pas grande mais l’image était trompeuse car sur ces pentes où l’on progressait péniblement, l’écart chronométrique ne tardait pas à désavouer l’écart visuel. Vincenzo Nibali (Bahrain-Merida), les fesses sur la selle, accélérait à son tour, emmenant avec lui Wilco Kelderman (Team Sunweb), Ilnur Zakarin (Katusha-Alpecin) et quelques autres, mais Chris Froome restait là, rétrogradant pour bientôt se faire décrocher d’un peloton qui n’en était plus un. Avec l’appui de ses Sky, au nombre de quatre autour de lui dans ce moment pénible, le Britannique tentait de ne pas céder à la panique. Mais s’il gérait sa déroute, il allait lâcher du lest à tous ses rivaux.

Au sommet, après 6 kilomètres gravis les dents serrées dans son style magnifique, c’est Alberto Contador qui réalisait la meilleure opération en reprenant 1’18 » au Maillot Rouge – plus 6 secondes de bonification. Mais l’Espagnol restait trop juste pour gagner une place au général, et même s’il n’est plus qu’à 1’21 » du podium, il va lui falloir remettre cela car Vincenzo Nibali et Ilnur Zakarin ne lui rendaient finalement que 36 secondes, Wilco Kelderman 51 secondes. De quoi resserrer à nouveau les positions entre les coureurs du Top 5, qui se tiennent désormais en 3’34 ». Vincenzo Nibali, lui, revient à 1’16 » de Chris Froome après lui avoir repris 42 secondes…

Pour la victoire d’étape, Alberto Contador sera toutefois arrivé un poil trop tard, précédé de 28 secondes sur la ligne par le dernier rescapé d’une échappée lancée dans la première heure par Julian Alaphilippe (Quick-Step Floors), Magnus Cort-Nielsen (Orica-Scott), Alessandro De Marchi (BMC Racing Team), Stefan Denifl (Aqua Blue Sport), Daniel Moreno (Movistar Team) et Davide Villella (Cannondale-Drapac). Ce groupe aura atteint l’ascension finale avec 1’30 » d’avance seulement mais l’Autrichien Stefan Denifl, seul à 5 kilomètres du sommet, sera parvenu à tenir bon pour offrir à l’équipe Aqua Blue Sport, invitée sur son premier Grand Tour, une victoire qui fera date.

Demain jeudi, la dix-huitième étape reliera Suances à Santo Toribio (169 km). Avec arrivée en bosse : 3,2 kilomètres à 6,4 %.

Classement 17ème étape :

1. Stefan Denifl (AUT, Aqua Blue Sport) en 4h48’52 »
2. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 28 sec.
3. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) à 1’04 »
4. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) m.t.
5. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) m.t.
6. Rafal Majka (POL, Bora-Hansgrohe) m.t.
7. Michael Woods (CAN, Cannondale-Drapac) à 1’13 »
8. Daniel Moreno (ESP, Team Sunweb) à 1’13 »
9. Wilco Kelderman (PBS, Team Sunweb) à 1’19 »
10. David De La Cruz (ESP, Quick-Step Floors) à 1’42 »

Classement général :

1. Chris Froome (GBR, Team Sky) en 67h44’03 »
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) à 1’16 »
3. Wilco Kelderman (PBS, Team Sunweb) à 2’13 »
4. Ilnur Zakarin (RUS, Katusha-Alpecin) à 2’25 »
5. Alberto Contador (ESP, Trek-Segafredo) à 3’34 »
6. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) à 4’39 »
7. Michael Woods (CAN, Cannondale-Drapac) à 6’33 »
8. Wout Poels (NER, Team Sky) à 6’40 »
9. Fabio Aru (ITA, Astana) à 6’45 »
10. David De La Cruz (ESP, Quick-Step Floors) à 10’10 »

Classement par points :

1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 137 pt
2. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 118 pt
3. Matteo Trentin (ITA, Quick-Step Floors) 108 pt

Classement de la montagne :

1. Davide Villella (ITA, Cannondale-Drapac) 54 pt
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) 47 pt
3. Chris Froome (GBR, Team Sky) à 29 pt

Classement du combiné :

1. Chris Froome (GBR, Team Sky) 5 pt
2. Miguel-Angel Lopez (COL, Astana) 12 pt
3. Vincenzo Nibali (ITA, Bahrain-Merida) 17 pt

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 202h52’23 »
2. Team Sky (GBR) à 9’46 »
3. Movistar Team (ESP) à 35’43 »