Depuis leur dernière occasion vendredi dernier à Foligno, les sprinteurs engagés sur le Tour d’Italie n’ont que cette 12ème étape en tête. Sur le papier, les 182 kilomètres du jour entre Noale et Bibione étaient sans doute les plus faciles de ce Tour d’Italie. Pas l’ombre d’une côte à l’horizon alors que le peloton traverse la Vénétie et retrouve la côte synonyme de terrain plat. Pour la première fois, la course rose découvre le rivage de la mer Adriatique au moment où elle entre dans la petite station balnéaire qui fait face aux côtes croates. En bref, idéal pour que le Giro retrouve un tant soit peu de calme avant d’aborder les premiers grands rendez-vous montagneux dès ce week-end. Les Dolomites ne sont pas très loin, mais les sprinteurs mangeront leur pain blanc aujourd’hui avant de manger leur pain noir au cours d’une troisième semaine dantesque.

Il est cependant un sprinteur qui fait la fine bouche et qui a clarifié très rapidement ses positions. Au cours d’une saison particulière où il poussera jusqu’à la mi-octobre dans le but de lutter pour le titre mondial à Doha, André Greipel (Lotto-Soudal) doit limiter son nombre de jours de course. Aussi, le sprinteur allemand qui s’est refait une santé après un printemps pourri par des côtes fracturées au Tour d’Algarve a décidé de quitter le Tour d’Italie ce soir. Le coureur de 33 ans dont la supériorité n’a guère fait de doute à Bénévent comme à Foligno au cours de la première semaine avait donc fait de Bibione son terminus. Et celui qui a remporté une étape du Tour d’Italie à chacune de ses participations ne comptait pas mettre les voiles sans améliorer encore son total et le rapprocher de celui qu’il avait atteint sur le Tour l’an dernier.

Épaulé par une formation Lotto-Soudal clairement décidée à offrir à son sprinteur le pot de départ qu’il méritait, André Greipel va parvenir à ses fins à Bibione. Presque comme une évidence au vu de sa nette supériorité à l’occasion des deux dernières arrivées massives. Pourtant, le sprinteur allemand qui peine parfois dans son placement pouvait craindre le final technique qu’avaient concocté les organisateurs du Tour d’Italie, bien décidés à ne pas rendre la tâche facile aux finisseurs. Le circuit final de huit kilomètres à couvrir deux fois comprenait en effet pas moins de quatorze virages, dont plusieurs à angle droit et le dernier à 300 mètres de la ligne. De quoi craindre un risque de chute collective à quoi le Giro a pour l’instant échappé à chacune de ses arrivées massives, dans la Botte comme aux Pays-Bas.

Emmené dans un fauteuil par l’équipe Lotto-Soudal, André Greipel quitte le Giro sur une victoire.

Le risque était d’autant plus grand alors que la pluie s’est invitée sur la course rose. Les averses risquaient fort de transformer ce circuit final en une véritable patinoire. Par précaution, les organisateurs ont décidé de neutraliser les temps à la cloche. La décision est sage, mais finalement inutile. Le précédent de Bari en 2014, quand Nacer Bouhanni s’était imposé en équilibriste au bout d’un final haletant, est évité. Si le peloton doit affronter des averses en cours de route, la chaussée s’est complètement asséchée quand il entre dans Bibione. Les risques s’en verront donc limités. Fort heureusement, une seule glissade est à déplorer dans ce final technique, peu après la banderole des trois derniers kilomètres. Elle scinde le peloton en deux parties et ne laisse qu’une trentaine de sprinteurs en lice pour la victoire.

André Greipel lui n’a pas à se soucier de cette chute à l’arrière. Cinq coéquipiers sont encore à ses côtés au moment crucial. Ses équipiers avaient déjà abattu le gros du travail pour reprendre Mirco Maestri (Bardiani-CSF) et Daniel Oss (BMC Racing Team), les deux malheureux fuyards à qui aucun espoir n’aura été laissé. Le peloton contrôle chaque mouvement du duo qu’il reprendra en temps voulu. Il ne laissera même pas le tandem italien découvrir le circuit final en le rejoignant à une vingtaine de kilomètres de la ligne. Le tapis rouge semble alors déjà déroulé pour André Greipel dont les hommes sont omniprésents en tête de peloton.

Sur un circuit aussi technique, l’Allemand aurait tout aussi bien pu se retrouver rapidement piégé par une vague. Mais Jurgen Roelandts veille au grain. Le Belge lui ouvre la voie dès que la porte se referme sur son leader. L’équipe Lotto-Soudal est en démonstration et dépose parfaitement son sprinteur dans le dernier virage. André Greipel n’a plus qu’à conclure le travail. Et le Maillot Rouge ne trouve guère de concurrence. Caleb Ewan, sur un circuit qui n’est pas sans rappeler les critériums qu’il adore, a bien tenté de créer la sensation. L’Australien fait jeu égal avec l’Allemand et tente de le déborder contre les balustrades. Mais le coureur d’Orica-GreenEdge, pas encore vu à son avantage pour ses débuts sur le Giro, voit le trou de souris se refermer. André Greipel impose donc sa pointe de vitesse et soigne sa sortie sur le Tour d’Italie.

Demain le décor changera radicalement entre Palmanova et Cividale del Friuli (170 km).

Classement 12ème étape :

1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) les 182 km en 4h16’00 » (42,6 km/h)
2. Caleb Ewan (AUS, Orica-GreenEdge) m.t.
3. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) m.t.
4. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) m.t.
5. Alexander Porsev (RUS, Team Katusha) m.t.
6. Moreno Hofland (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
7. Ivan Savitsiy (RUS, Gazprom-RusVélo) m.t.
8. Heinrich Haussler (AUS, IAM Cycling) m.t.
9. Rick Zabel (ALL, BMC Racing Team) m.t.
10. Sonny Colbrelli (ITA, Bardiani-CSF) m.t.

Classement général :

1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 49h32’20 »
2. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 24 sec.
3. Alejandro Valverde (ESP, Movistar Team) à 1’07 »
4. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.
5. Vincenzo Nibali (ITA, Astana) à 1’09 »
6. Rafal Majka (POL, Tinkoff) à 2’01 »
7. Ilnur Zakarin (RUS, Team Katusha) à 2’25 »
8. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 2’43 »
9. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) à 2’45 »
10. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) à 2’47 »

Classement par points :

1. André Greipel (ALL, Lotto-Soudal) 169 pt
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek-Segafredo) 138 pt
3. Arnaud Démare (FRA, FDJ) 111 pt
4. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 100 pt
5. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 84 pt
6. Maarten Tjallingii (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 82 pt
7. Daniel Oss (ITA, BMC Racing Team) 80 pt
8. Matteo Trentin (ITA, Etixx-Quick Step) 76 pt
9. Caleb Ewan (AUS, Orica-GreenEdge) 74 pt
10. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) 57 pt

Classement de la montagne :

1. Damiano Cunego (ITA, Nippo-Vini Fantini) 56 pt
2. Giulio Ciccone (ITA, Bardiani-CSF) 27 pt
3. Tim Wellens (BEL, Lotto-Soudal) 25 pt
4. Stefano Pirazzi (ITA, Bardiani-CSF) 18 pt
5. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 17 pt
6. Gianluca Brambilla (ITA, Etixx-Quick Step) 16 pt
7. Alessandro Bisolti (ITA, Nippo-Vini Fantini) 16 pt
8. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) 15 pt
9. Ivan Rovny (RUS, Tinkoff) 15 pt
10. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 11 pt

Classement des jeunes :

1. Bob Jungels (LUX, Etixx-Quick Step) en 49h32’20 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale) à 5’49 »
3. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 13’31 »
4. Valerio Conti (ITA, Lampre-Merida) à 14’38 »
5. Carlos Verona (ESP, Etixx-Quick Step) à 24’50 »
6. Tobias Ludvigsson (SUE, Giant-Alpecin) à 31’48 »
7. Merhawi Kudus (ERY, Dimension Data) à 32’53 »
8. Damien Howson (AUS, Orica-GreenEdge) à 35’45 »
9. Nathan Brown (USA, Cannondale) à 38’56 »
10. Stefan Küng (SUI, BMC Racing Team) à 44’25 »

Classement par équipes :

1. Movistar Team (ESP) en 148h42’01 »
2. Etixx-Quick Step (BEL) à 2’07 »
3. Astana (KAZ) à 5’52 »
4. Team Katusha (RUS) à 9’28 »
5. Cannondale (USA) à 10’28 »
6. Tinkoff (RUS) à 10’58 »
7. Ag2r La Mondiale (FRA) à 13’11 »
8. Lampre-Merida (ITA) à 30’15 »
9. Dimension Data (AFS) à 31’06 »
10. Team Sky (GBR) à 31’22 »