Les deux premières semaines du Tour d’Italie nous ont appris à nous méfier de ces étapes apparemment anodines. Jusqu’ici, quand les finisseurs ont eu leur dernier mot, un ou plusieurs leaders se sont retrouvés piégés. Aussi tous les favoris encore en course ne voient pas forcément d’un bon œil cette halte en Suisse à Lugano au cœur d’une semaine montagneuse. Les étapes de plat ont déjà été fatales à plus d’un candidat à la victoire. A Gênes, lors de la victoire d’Elia Viviani (Team Sky), Domenico Pozzovivo (Ag2r La Mondiale) avait concédé une grosse minute, 24 heures avant la chute qui le forçait à quitter le Giro prématurément. A Forli, Richie Porte (Team Sky) perdait 2’47 » en raison d’un changement de roue illégal avant de perdre définitivement pied à Jesolo où Sacha Modolo (Lampre-Merida) levait les bras.

Aujourd’hui, les 136 kilomètres qui servent à rejoindre les rives du lac de Lugano à la frontière entre l’Italie et la Suisse seront nettement plus calmes pour tous les prétendants encore en lice. A commencer par Alberto Contador (Tinkoff-Saxo), résidant lui même dans la cité suisse. Les scénarios des étapes de Castiglione della Pescaia, où il s’était luxé l’épaule, et de Jesolo où il avait été pris dans une chute à 3,3 kilomètres de l’arrivée, responsable de sa perte temporaire du maillot rose, sont désormais bien loin. Pour la première fois depuis son départ, le Tour d’Italie vit une journée paisible, sans réel rebondissement. D’aucuns parleront de calme avant la tempête avec le retour de la montagne demain.

Avant de retrouver les hautes cimes des Dolomites, les coureurs accueillent surtout chaleureusement le retour d’une météo ensoleillée. Peut-être le beau ciel bleu a-t-il apaisé un peloton affichant régulièrement une nervosité démesurée depuis deux semaines ? Toujours est-il que cette étape se déroulera sans accroc ou presque. Les échappés matinaux, Marco Bandiera (Androni-Sidermec), Giacomo Berlato (Nippo-Vini Fantini) et Iljo Keisse (Etixx-Quick Step), doivent se contenter de jouer un rôle peu flatteur de figurants. Leur avance montée à 3 minutes après 30 kilomètres n’augmentera pas plus. Les équipiers des sprinteurs contrôlent pour assister au quatrième emballage massif de ce Tour d’Italie.

Parfaitement emmené par ses équipiers, Sacha Modolo s’impose pour la deuxième fois.

Les sprinteurs qui n’ont pas encore gagné sont encore nombreux. L’équipe Giant-Alpecin se met donc logiquement à la barre pour Luka Mezgec. Leur travail porte ses fruits. L’écart séparant le peloton de l’échappée se met à fondre alors que les rescapés du Giro sont encore bien loin de la Suisse. Les routes vallonnées dans le final inspirent pourtant d’autres attaquants alors que les trois coureurs qui composaient la fugue matinale sont repris. Toujours actif dans de pareilles circonstances, Adam Hansen (Lotto-Soudal) s’extrait dans la dernière véritable côte du tracé à 25 kilomètres de l’arrivée avec Patrick Gretsch (Ag2r La Mondiale) et Darwin Atapuma (BMC Racing Team). Une fois le sommet franchi, l’Allemand sollicite un relais que le Colombien ne donnera jamais. L’Australien n’a pas demandé son reste et a déjà filé en solitaire.

Auteur d’une offensive du même type il y a deux ans à Pescara, celui qui dispute son onzième Grand Tour consécutif n’aura pas le bonheur de connaître la même réussite. Qu’à cela ne tienne, d’autres prendront son relais quand Adam Hansen est repris à 10 kilomètres de l’arrivée. Le peloton progresse alors à vive allure vers la douane qui sépare le territoire italien de la Suisse. Le rythme élevé n’empêche pas Tom-Jelte Slagter (Cannondale-Garmin) et Philippe Gilbert (BMC Racing Team) de tenter une dernière fois de surprendre les sprinteurs. Luca Paolini (Team Katusha) prend quant à lui tous les risques dans une descente sinueuse. Les quelques mètres d’avance obtenus par l’Italien au prix de ce numéro d’acrobatie ne pèsent pas bien lourd dans la balance quand les équipes de sprinteurs s’organisent pour l’emballage final.

Certains de ces blocs sont bien mieux lotis que d’autres quand les coureurs virent pour la dernière fois à 750 mètres de l’arrivée. Comme l’étape de Jesolo l’avait déjà montré, quand arrive la dernière borne, le finisseur le mieux entouré n’est autre que Sacha Modolo. L’Italien a le luxe de posséder deux coureurs véloces à son service pour constituer son train. Roberto Ferrari et Maximiliano-Ariel Richeze installent leur leader dans la meilleure position qui soit. Luka Mezgec a beau lancer le sprint sur sa droite, Sacha Modolo ne se laisse pas surprendre et fait tout son sprint en tête. Giacomo Nizzolo (Trek Factory Racing) produit quant à lui son effort trop tard. Pour la sixième fois en trois ans, il prend la 2ème place d’un sprint du Giro. Il se console toutefois en prenant le maillot rouge des épaules d’Elia Viviani.

Demain, retour de la montagne entre Melide et Verbiana (170 km).

Classement 17ème étape :

1. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) en 3h07’51 »
2. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) m.t.
3. Luka Mezgec (SLO, Giant-Alpecin) m.t.
4. Heinrich Haussler (AUS, IAM Cycling) m.t.
5. Davide Appollonio (ITA, Androni-Sidermec) m.t.
6. Stig Broeckx (BEL, Lotto-Soudal) m.t.
7. Juan-José Lobato (ESP, Movistar Team) m.t.
8. Alexander Porsev (RUS, Team Katusha) m.t.
9. Kevin Reza (FRA, FDJ) m.t.
10. Nick Van Der Lijke (PBS, Team LottoNL-Jumbo) m.t.

Classement général :

1. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) en 68h12’50 »
2. Mikel Landa (ESP, Astana) à 4’02 »
3. Fabio Aru (ITA, Astana) à 4’52 »
4. Andrey Amador (CRC, Movistar Team) à 5’48 »
5. Yury Trofimov (RUS, Team Katusha) à 8’27 »
6. Leopold Konig (TCH, Team Sky) à 9’31 »
7. Damiano Caruso (ITA, BMC Racing Team) à 9’52 »
8. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) à 11’40 »
9. Alexandre Geniez (FRA, FDJ) à 12’48 »
10. Ryder Hesjedal (CAN, Cannondale-Garmin) à 13’01 »

Classement par points :

1. Giacomo Nizzolo (ITA, Trek Factory Racing) 159 pt
2. Sacha Modolo (ITA, Lampre-Merida) 142 pt
3. Elia Viviani (ITA, Team Sky) 134 pt
4. Nicola Boem (ITA, Bardiani-CSF) 111 pt
5. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 86 pt
6. Marco Bandiera (ITA, Androni-Sidermec) 84 pt
7. Philippe Gilbert (BEL, BMC Racing Team) 83 pt
8. Diego Ulissi (ITA, Lampre-Merida) 75 pt
9. Marco Frapporti (ITA, Androni-Sidermec) 72 pt
10. Luka Mezgec (SLO, Giant-Alpecin) 66 pt

Classement de la montagne :

1. Steven Kruijswijk (PBS, Team LottoNL-Jumbo) 92 pt
2. Beñat Intxausti (ESP, Movistar Team) 91 pt
3. Mikel Landa (ESP, Astana) 73 pt
4. Carlos Betancur (COL, Ag2r La Mondiale) 68 pt
5. Simon Geschke (ALL, Giant-Alpecin) 53 pt
6. Giovanni Visconti (ITA, Movistar Team) 51 pt
7. Alberto Contador (ESP, Tinkoff-Saxo) 45 pt
8. Franco Pellizotti (ITA, Androni-Sidermec) 33 pt
9. Ryder Hesjedal (CAN, Cannondale-Garmin) 28 pt
10. Yury Trofimov (RUS, Team Katusha) 28 pt

Classement des jeunes :

1. Fabio Aru (ITA, Astana) en 68h17’42 »
2. Davide Formolo (ITA, Cannondale-Garmin) à 43’29 »
3. Fabio Felline (ITA, Trek Factory Racing) à 1h27’23 »
4. Esteban Chaves (COL, Orica-GreenEdge) à 1h41’10 »
5. Sebastian Henao (COL, Team Sky) à 1h46’51 »
6. Francesco-Manuel Bongiorno (ITA, Bardiani-CSF) à 1h52’18 »
7. Silvan Dillier (SUI, BMC Racing Team) à 1h55’50 »
8. Jan Polanc (SLO, Lampre-Merida) à 2h01’12 »
9. Kenny Elissonde (FRA, FDJ) à 2h08’17 »
10. Jesus Herrada (ESP, Movistar Team) à 2h13’41 »

Classement par équipes :

1. Astana (KAZ) en 204h16’15 »
2. Movistar Team (ESP) à 24’57 »
3. BMC Racing Team (USA) à 33’48 »
4. Team Sky (GBR) à 42’02 »
5. Cannondale-Garmin (USA) à 1h23’24 »
6. Tinkoff-Saxo (RUS) à 1h37’56 »
7. Lotto-Soudal (BEL) à 2h03’45 »
8. Team Katusha (RUS) à 2h18’53 »
9. Ag2r La Mondiale (FRA) à 2h52’13 »
10. FDJ (FRA) à 3h02’39 »