Un chantier. Ce mot redouté du jargon cycliste était aujourd’hui utilisé sans modération pour parler de la topographie jurassienne qui se présentait sous les roues des coureurs. L’aperçu donné l’an passé par l’étape du Tour de France entre Dole et Les Rousses, remportée par Lilian Calmejane, avait montré le potentiel des bosses de la région pour faire exploser un peloton. Les coureurs partis ce midi de Poligny peuvent en témoigner, tant il y en a eu partout dès que la route s’est cabrée. La première moitié du parcours, plate comme la main, a permis au peloton de rouler 49 kilomètres pendant la première heure. Seulement, aucune échappée ne réussit à se former avant la fin d’une belle bagarre de deux heures. Pour que « la bonne » se forme enfin. Car avec la grosse chaleur qui entourait la ville d’arrivée de Salins-les-Bains et les pourcentages parfois à deux chiffres des montées du jour, être à l’avant augmentait considérablement les chances de victoire.

C’est d’abord une quinzaine de garçons qui entamera la Côte de Saint Thiebaud, première difficulté du jour. Mais l’enchaînement avec la Côte de Thésy et ses trois kilomètres à 10 % va propulser les hommes forts à l’avant. Les six costauds se nomment Pierre Almeida (Team Pro Immo Nicolas Roux), Anthony Delaplace (Fortuneo-Samsic), Kobe Goossens (Lotto-Soudal U23), Adria Moreno (AVC Aix-en-Provence), Szymon Rekita (Leopard Pro Cycling) et Zydrunas Savickas (Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme). Almeida écarté sur chute puis Delaplace distancé à l’approche du final, ils ne seront finalement que quatre à penser pouvoir résister jusqu’au bout.

Seulement le Tour du Jura, épreuve professionnelle depuis l’année dernière, est habitué aux changements de scénarios. Le retour d’un groupe de six sur la tête va en effet venir rebattre les cartes dans les cinq derniers kilomètres et les pentes descendant vers Salins, cœur du circuit final. Au moment du regroupement, les regards se croisent et chacun cherche alors à économiser ses efforts, pour optimiser ses chances au sprint ou tenter une ultime attaque. C’est cette dernière option que choisira Szymon Rekita, suivi quelques mètres plus tard par Carl Fredrik Hagen (Joker-Icopal). L’observation de leurs compagnons d’échappée leur sera bénéfique, et c’est quatre secondes trop tard que Chris Harper (Bennelong-SwissWellness) remportera le sprint. Car devant, Rekita se fera un malin plaisir à déborder Hagen avant la ligne pour s’offrir, à 24 ans, une de ses plus belles victoires.

Mais si le Polonais a fait la moitié du chemin vers la victoire, l’autre chantier du week-end, la seconde étape de demain vers Arbois, promet elle aussi une course folle. Surtout avec le rude départ concocté par les organisateurs et une succession de trois bosses dès les premiers instants. Le terrain de jeu idéal pour renverser un général où 25 coureurs se tiennent en 42 secondes. – Adrien Godard

Classement 1ère étape :

1. Szymon Rekita (POL, Leopard Pro Cycling) les 163 km en 3h50’10 (42,5 km/h)
2. Carl Fredrik Hagen (NOR, Joker-Icopal) m.t.
3. Chris Harper (AUS, Bennelong-SwissWellness) à 4 sec.
4. Harm Vanhoucke (BEL, Lotto-Soudal U23) m.t.
5. Robin Meyer (FRA, AVC Aix-en-Provence) m.t.
6. Adria Moreno (ESP, AVC Aix-en-Provence) m.t.
7. Kobe Goossens (BEL, Lotto-Soudal U23) m.t.
8. Sylvain Moniquet (BEL, Ago-Aqua Service) m.t.
9. Zydrunas Savickas (LIT, Bourg Ain Cyclisme) à 9 sec.
10. Anthony Delaplace (FRA, Fortuneo-Samsic) m.t.

Classement général :

1. Szymon Rekita (POL, Leopard Pro Cycling)