Joel, vous avez permis à l’Afrique du Sud de gagner la Coupe du Monde de rugby en 1995 grâce à votre légendaire « drop goal ». Vous disputerez en mars votre 8ème Cape Epc. Comment êtes-vous passé du rugby au VTT ?
Une sérieuse blessure au genou a mis fin prématurément à ma carrière de rugbyman et les docteurs m’ont conseillé de me mettre au vélo pour accélérer ma guérison. J’ai donc fait du vélo tranquillement pendant quelques années. Puis, Elana Meyer, qui a remporté la médaille d’argent du 10 000 mètres aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992, m’a contacté et m’a mis au défi de faire l’Absa Cape Epic pour une organisation humanitaire. J’ai relevé le défi ! Je ne savais pas que cela allait marquer le début de ma carrière de vététiste car j’avais en tête de ne faire qu’un seul Epic… C’est devenu ma passion et je vais disputer ma 8ème édition consécutive du 19 au 26 mars 2017.

Qu’est-ce qui vous pousse à revenir chaque année ?
C’est le summum des événements VTT et le défi personnel ultime ! Ce que je veux dire par là c’est que nous défions le terrain, la météo, les autres coureurs et avant tout nous-même ! Repousser ses limites pendant huit jours avec un coéquipier et conquérir l’impossible vous donne un sentiment incroyable d’accomplissement et de réalisation. Ce sentiment est probablement ce qui me fait revenir chaque année ! L’autre raison, c’est que la course est différente chaque année, ce qui est d’une certaine façon un défi continuel.

Qu’est-ce qui, dans vos expériences précédentes de joueur de rugby professionnel, vous a permis de conquérir cette course qualifiée d’indomptable ?
Le rugby est un sport d’équipe où l’on apprend à faire face aux difficultés. Les matchs de rugby sont incroyablement physiques. Parfois, vous devez endurer la douleur et la souffrance et vous devez vous investir corps et âme. Il faut être courageux, collaborer avec vos équipiers et être complètement engagé. Ce qui est relativement similaire au VTT et à la Cape Epic.

Quelle est votre recette pour réussir ?
Le VTT, c’est comme la vie : plus vous faites d’efforts, plus vous obtenez de résultats. Je m’entraîne dur et je suis bien préparé. Pendant l’événement, j’ai appris que le jour-même vous devez penser aux jours suivants. Surtout, ne vous « tuez » pas les premiers jours. Il est beaucoup mieux de commencer lentement et de finir rapidement. J’anticipe au niveau de la nutrition et de l’hydratation car je bois et mange pour les jours suivants.

Pendant l’Epic, vos supporters vous voient toujours avec le sourire. Comment faites-vous cela ?
Les supporters sont une source d’inspiration à l’Epic. Ils font l’effort de venir dans des endroits difficiles d’accès pour nous encourager. J’apprécie énormément leurs efforts et en retour je le leur rends avec mes sourires !

Pouvez-vous nous partager votre pire et votre meilleur souvenir ?
J’adore la course, son esprit et la camaraderie qu’on y trouve. J’aime le fait que nous, les amateurs, participions à la même course que les pros et que nous endurions certainement plus de souffrances qu’eux ! Nous sommes certainement moins bien préparés et passons plus de temps sur les parcours chaque jour. Je pense que les pros ont autant de respect pour les amateurs que nous en avons pour eux ! J’ai très peu de mauvais souvenirs. En 2012 cependant, nous avons eu des conditions météo horribles. Nous avons eu des vents terribles pendant une journée et le lendemain nous étions congelés. C’était vraiment très dur ! Les meilleurs souvenirs sont indiscutablement à chaque fois que je franchis la ligne d’arrivée le dernier jour ! En 2016, la course fut aussi mémorable pour ses superbes singles tracks.

Avez-vous déjà un équipier pour 2017 ?
Je ferai la course dans l’équipe Land Rover et mon équipier sera Jeremy Thomson, un « serpent de course » qui a fini l’Epic plusieurs fois. L’année prochaine, nous sommes tous les deux dans la catégorie Grand Masters et nous espérons être dans le Top 10, voire mieux ! Entre nous, je vise la 5ème place.

Quel dernier conseil donneriez-vous à ceux qui préparent la course et à ceux qui pensent qu’ils ne seront jamais capables de participer à un événement comme l’Absa Cape Epic ?
Dans un premier temps, il faut rêver ! Tout est possible, peu importe le rêve. Une fois que vous avez un rêve, mettez en place des objectifs intermédiaires qui vous amèneront à l’objectif ultime pour le réaliser. Le plus important, c’est de faire le premier pas. Le plus dur est souvent de commencer mais une fois que vous avez décidé de vous engager et de commencer, tout le reste va se mettre en place naturellement. Pour la Cape Epic, et je suppose pour n’importe quelle course de vélo, le poids est important. Soyez mince, entraînez-vous, et pratiquez votre technique VTT. En travaillant la technique, vous pourrez gagner du temps et économiser de l’énergie. Ensuite, profitez au maximum de l’événement ! Cela doit être un plaisir sinon vous ne devriez pas le faire !

Propos recueillis par Leïla Kopff.