Pour une première édition, on ne peut que saluer et applaudir l’organisation de LVO pour la création du premier rallye VTT cross-country dans le département de la Lozère, département de cœur, territoire sauvage et préservé, où Ludovic Valentin a fait ses premiers pas et tours de roue. Et même le climat a offert ses premiers rayons de soleil et un beau ciel bleu azur, tout au long du week-end, pour lancer cette initiative audacieuse sous les meilleurs auspices ! Les Lozériens ont conscience d’avoir ce patrimoine naturel pour terrain de jeu, un département où les cinq régions naturelles, que sont les Causses, l’Aubrac, la Margeride, les Cévennes et les vallées Lot-Colagne-Tarn, offrent des paysages variés qui donnent aux touristes la possibilité de changer de « carte postale » en très peu de temps.

Bien avant les cyclistes, ce sont nos amis les enduristes motos qui ont su vendre ce concept et créer le Trèfle Lozérien, une course d’enduro sur trois jours où les meilleurs pilotes internationaux viennent s’affronter sur les pistes caillouteuses des Causses, les descentes piégeuses des Gorges du Tarn, les chemins sablonneux perdus au milieu des massifs boisés de la Margeride, ou les drailles enherbées du plateau de l’Aubrac.

Les vététistes les enviaient depuis fort longtemps. Et tous les vététistes lozériens n’espéraient qu’une chose : la création d’un concept identique au Trèfle mais en version VTT pour accueillir les passionnés du mountain-bike dans un territoire aux mille richesses, aux multiples paysages et au potentiel illimité tant la Lozère dispose de sentiers, chemins, pistes, drailles, dans un environnement préservé à l’image des Causses et des Gorges du Tarn, classés à l’UNESCO depuis 2011.

Alors, nous étions impatients d’atteindre ce week-end des 15, 16 et 17 juin pour participer à la 1ère édition de la Lozérienne VTT. Pour accueillir les 110 concurrents de cette grande première, LVO avait mis en place tout son savoir-faire et réuni un grand nombre de bénévoles issus d’associations diverses et variées mais aussi des amis proches, la famille bien sûr, et des passionnés de sport issus de divers clubs lozériens qui ont donné la main pour que l’édition 2012 soit une première réussie. Ajoutez à cela un chronométrage par puces, des ravitaillements en quantité et qualité irréprochables (sucré, salé, fruits, eau) présents à chaque fin de spéciales… Non vraiment, on pourrait penser qu’il s’agit d’une épreuve rodée alors que c’était une première, mais bien réfléchie ! En attendant l’édition 2013, on vous propose de revivre cette fabuleuse inauguration.

Prologue urbain :

Les festivités et joutes sportives ont débuté par un prologue urbain de 2 kilomètres tracé au cœur du village natal de l’organisateur à La Canourgue, la petite Venise lozérienne. Un circuit bien pensé, bien dosé, accessible à tous mais comprenant des passages techniques dans des ruelles étroites, pavées, des passages sous porches, traversés de canaux et quelques descentes d’escaliers permettant aux techniciens à deux roues d’offrir du spectacle et des montées d’adrénaline aux nombreux spectateurs présents, profitant des agréables températures de fin de journée. Une bosse de 800 mètres a permis aux hommes forts de grappiller quelques secondes et d’établir un premier classement. A ce petit jeu, c’est le Rémois Sébastien Lefèvre, équipé d’un 29″, qui s’est imposé en 6’04 » devant Etienne Puech, jeune espoir aveyronnais plein de fougue, et le cycliste local Damien Albaret, coureur Elite au sein de la DN Charvieu-Chavagneux, qui avait à cœur de bien figurer dans sa cité natale.

Sur le camion-podium, l’organisation a conclu cette mise en bouche par la remise des maillots distinctifs aux leaders des catégories, sous les applaudissements des nombreux spectateurs et accompagnateurs. Une pasta-party est venue clôturer cette entame et les discussions allaient bon train sur les étapes à venir. En terrasse des bars, on regardait le match France-Ukraine, la bière coulait et certains se renseignaient sur les difficultés à venir au travers des Causses et des Gorges… ça allait chauffer !

1ère spéciale :

Samedi matin, à 9h00, les concurrents avaient rendez-vous dans la vallée du Lot, au pied du causse du Sauveterre, dans la cité de Chanac. Sous les rayons de soleil qui sortait doucement de sa torpeur nocturne au-delà des falaises de calcaire, les concurrents devaient affronter une étape de 5,5 kilomètres (300+/50-) reliant Chanac au village caussenard des Arts. Après un départ groupé et neutralisé sur quelques centaines de mètres, les vététistes ont lâché les chevaux de Przewalsky pour aborder les chemins caillouteux implantés à flanc de travers. Le Canourguais Damien Albaret a écrasé les pédales dès les premières pentes, profitant de ses capacités athlétiques pour grappiller des secondes. Aux Arts, au pays des moutons, Albaret a tondu ses adversaires et s’est imposé en 20’59 » devant Sébastien Lefévre et Etienne Puech.

Après s’être ravitaillé et échangé leurs sensations, les participants ont profité des 11 kilomètres de liaison à allure libre mais cool pour découvrir l’environnement du causse, ses landes à brebis, ses bois de pins et ses chemins pavés de galets de calcaire… Ce sera un des nombreux points bénéfiques de cette formule rallye où la compétition chronométrée laisse une place à la convivialité et à l’échange.

2ème spéciale :

Champerboux, petit hameau typique du causse de Sauveterre, pays aride et exposé aux vents où les maisons en pierre sont couvertes de lauzes de calcaire offrant un paysage blanc et réverbérant les rayons du soleil, sans parler des dolines verdoyantes après les récentes pluies bienfaitrices. Voilà les paysages inscrits au patrimoine de l’UNESCO ! Les concurrents devaient affronter une boucle de 10 kilomètres (100+/100-) avec un départ-arrivée au centre du hameau. Avec des départs toutes les minutes, par vagues de quatre coureurs selon le classement inverse du prologue, la course a été rythmée sur les sentiers escarpés et rocailleux. A l’avant, les hommes forts se sont testés, jugés, attaqués et observés afin de grappiller des secondes qui, au final de la journée, feront des écarts décisifs. D’autres avaient pris l’option de flâner au fil des drailles, observant les dolines agricoles et les landes boisées où pâturent les brebis caussenardes.

Sur cette spéciale, ce sont les VTT 29″ qui ont fait la loi, avalant les aspérités des chemins et déboulant à toute allure aux coins des bois. Le Lozérien Damien Albaret avait bien tendu sa tendelle et s’impose à nouveau, grappillant du timing sur un Sébastien Lefèvre aux aguets et le Junior aveyronnais Thibault Soutade, incisif.

Là encore le ravito a bien été apprécié et les pétillantes filles de Red Bull, partenaire de l’épreuve, n’ont pas cessé de désaltérer les concurrents dont certains en bavaient déjà… à cause de la chaleur déjà bien installée, bien entendu. Les amoureux de la petite reine ont effectué les 9 kilomètres de liaison entre Champerboux et le Domaine de Boisset pour percevoir les prémices des Gorges du Tarn… et les vautours planant et guettant la moindre défaillance.

3ème spéciale :

Boisset, domaine médiéval du XVIIème siècle, restauré par le Conseil Général de la Lozère, ces belles bâtisses de pierre ont accueilli la Lozérienne VTT 2012. Implanté à proximité du village de Sauveterre, le domaine des Boissets domine les somptueux Gorges du Tarn où s’écoulent les eaux émeraudes de la principale rivière lozérienne : truites, ombres, castors, loutres, cingles… un paradis naturel.

Les concurrents devaient encaisser les 11 kilomètres d’étapes à profil descendant et technique (100+/400-), la première de cette Lozérienne 2012. Sur le même principe les départs ont été donnés par vagues de quatre dans le sens inverse du classement du prologue et cela a eu des répercussions non prévues… Après quelques kilomètres rapides sur les chemins en frange du Causse, les pilotes ont dû négocier une longue descente large et rapide mais parsemée d’éclats de calcaire offrant des appuis fuyants. Chaud ! Une fois traversé le hameau de Prades, les concurrents abordaient la digue de Prades pour traverser le Tarn et poursuivre l’étape sur un monotrace vallonné mais rapide en rive gauche jusqu’à la cité de Sainte-Enimie, cité médiévale des Gorges où sort la source quartzique de La Burle.

Concurrent malheureux du prologue où il subit un bris de chaîne dans les premiers mètres, le grimpeur lozérien Jean-Baptiste Trauchessec a vu la chance lui sourire… en descente ! Après un gros départ et une descente à tombeau ouvert, il sera le seul à rejoindre les premiers élancés avant la digue et doubler un important groupe. Dépourvues de bouchon, les berges du Tarn lui étaient grandes ouvertes, ce qui ne sera pas le cas pour les autres hommes forts largement retardés sur le périphérique de la cité royale. Après 39’01 » l’étape était remportée par JB Trauchessec devant le Savoyard Lilian Vercherin et l’Aveyronnais Etienne Puech, toujours placé.

La mi-journée était atteinte sur les berges du Tarn où bénévoles et concurrents ont pu savourer quelques heures de pause et se restaurer auprès du traiteur Freyzal, fidèle partenaire de LVO. Quelques participants ont profité des premières chaleurs estivales pour faire trempette dans les eaux froides de la Burle ou les eaux émeraudes du Tarn… un goût de vacances s’était emparé de la caravane lozérienne.

4ème spéciale :

Après une courte liaison sur un agréable sentier, les concurrents ont découvert, niché au pied du Causse Méjean, les murs dans l’eau étincelante du Tarn, le village de Saint-Chély du Tarn qui offre un paysage des plus belles cartes postales. Un bijou. Quelques touristes pataugeant dans l’eau ont pu lire l’inquiétude sur le visage des compétiteurs, et pour cause, cette quatrième spéciale proposait une montée sèche de 5 kilomètres pour un dénivelé positif de 430 mètres reliant Saint-Chély du Tarn au col de Coperlac et ses travers brûlés lors des terribles incendies de l’été 2003. Une monté roulante et assez régulière mais exposée plein sud, à l’abri du vent, et parsemée d’éclats de calcaire reflétant les généreux rayons du soleil : un four !

A la suite de la polémique née de l’étape des Boissets où les favoris se sont fait bouchonner, l’organisateur LVO a su faire preuve d’adaptation et de réaction en inversant les départs, et ce pour toutes les spéciales à venir. Toujours par vagues de quatre, les coureurs se sont élancés et le rythme de course est resté élevé car les candidats à la victoire savaient que cette étape pouvait faire des dégâts. Et il y en aura eu à l’image d’un des favoris, le Lozérien Robin Defever, qui a cédé plus de cinq minutes au vainqueur en 5 kilomètres ! Toujours placé et faisant preuve d’une grande maitrise et de sang-froid, le Rémois Sébastien Lefèvre a survolé cette ascension tel un vautour guettant ses proies. Il s’est imposé largement malgré toute la résistance de son challenger lozérien Damien Albaret, qui concédera tout de même presque deux minutes, Julien Saussac terminant 3ème à presque trois minutes… Voilà une des étapes-clés de la Lozérienne VTT !

Pas de liaison entre les étapes 4 et 5, au col de Coperlac, à l’ombre des quelques arbres rescapés de l’incendie, les concurrents se sont désaltéré et restauré tout en applaudissant l’arrivée des courageux cyclistes qui achevaient l’ascension. Le service médical interviendra pour soigner quelques bobos et prendre soin de vététistes victimes de coup de chaud, d’insolation et de légers malaises… La fin de journée se faisait languir.

5ème spéciale :

16h00, le soleil cogne fort en ce début d’été et les efforts cumulés pour cette première journée de la Lozérienne se faisaient ressentir et percevoir sur les visages… Il restait une dernière étape au profil descendant (150+/600-) mais loin d’être de tout repos. Si l’étape 4 se destinait aux grimpeurs et gabarits puissants, cette dernière spéciale a sollicité un pilotage précis et technique sur des sentiers escarpés, avec épingles, ruptures de pente, portages, sauts… Les gorges du Tarn abritent une population de mouflons et celui qui remporterait cette cinquième spéciale pourrait se valoir d’être aussi équilibriste que ces animaux. Certainement déçu d’être passé au travers de la spéciale précédente, Robin Defever s’est rappelé au bon souvenir de ses adversaires en prenant de l’angle… et du plaisir sur ces sentiers escarpés. Bien dans le rythme et propre aux freinages, il a grappillé des secondes au fil de la descente sur l’emblématique hameau de Hauterives et abordé en confiance les derniers kilomètres sur les berges sablonneuses et piégeuses du Tarn pour rejoindre la cité des bateliers à La Maléne. Il s’est imposé de quelques secondes devant l’espoir aveyronnais Etienne Puech et l’Ardéchois Julien Saussac. Cette étape aura mis en difficulté le Canourguais Damien Albaret, qui a lâché plus de trois minutes à son adversaire principal Lefèvre sur cette spéciale technique.

Savourant la fraîcheur des platanes, place centrale du village de La Maléne, les participants ont échangé leurs sentiments et sensations à l’issue de cette éprouvante première journée où ils en ont pris plein les yeux… mais aussi plein les jambes. 65 kilomètres de VTT cross-country répartis en cinq spéciales (40 kilomètres cumulés) et trois liaisons (25 kilomètres cumulés) auront permis aux amoureux du VTT de découvrir des sites naturels protégés et fabuleux à l’image des Causses Sauveterre et Méjean et des somptueuses Gorges du Tarn…

Le comité d’organisation LVO aura conclu cette première journée par la remise des maillots distinctifs pour les différentes catégories (Scratch, Espoir, Junior, Masters 50 et Féminine), lors d’un apéritif convivial pris sur les berges du Tarn.