Déborah, après sept ans de cross-country au niveau national et des débuts dans l’enduro, tu as rejoint l’organisation de la BC Bike Race, une course par étapes VTT sur sept jours à travers la Colombie Britannique. Comment t’y es-tu retrouvée ?
Dans le cadre de mes études. Je suis étudiante en Master 1 Aménagement et Développement des Territoires à Gap, et je devais faire un stage de quatre mois. Julien Prenez, un ami du Giromagny Enduro Team et ancien stagiaire de la BC Bike Race, me parlait sans cesse de son aventure canadienne avec des étoiles dans les yeux. Je cherchais un stage dans le domaine de l’événementiel et de préférence à l’étranger. J’ai donc profité de cette occasion pour postuler à la BC Bike Race à North Vancouver, et ça a marché ! Ça a été une parfaite opportunité de lier ma passion du VTT et mes études. Le rêve !

La BC Bike Race est une course unique en son genre. Pourquoi ?
C’est d’abord une course par étapes qui traverse la Colombie Britannique pendant une semaine. Elle part des sentiers mythiques de North Vancouver et rejoint la station légendaire de Whistler, en passant par l’île de Vancouver et la Sunshine Coast. La particularité de cette épreuve est qu’elle propose 75 % de singletracks sur les 300 kilomètres parcourus. C’est une façon pour chaque commune de célébrer ses plus beaux sentiers faits main. La BC Bike Race, c’est en fait bien plus qu’une course, c’est une aventure humaine pendant laquelle 600 participants provenant de trente pays partagent leur passion autour du VTT.

Quels souvenirs mémorables garderas-tu de ta participation à l’épreuve ?
La semaine m’a paru complètement irréelle. Chaque jour a réservé son lot de surprises et de moments forts. Toutes les étapes étaient fantastiques et les sentiers ne s’arrêtaient jamais. J’ai particulièrement été marquée par l’ambiance, que ce soit pendant ou après la course. Tous les bénévoles étaient attentionnés et souriants, les pilotes se réjouissaient de partager leurs impressions avec leur voisin de douche, de repas ou de tente ! Les Canadiens sont très accueillants et savent faire le spectacle. Sur les chemins, l’ambiance a été délirante ! J’ai croisé des spectateurs en folie qui encouragent, font de la musique et dansent. Ou bien des spectateurs déguisés en yétis, en barquette de frites, en tahitienne ou encore en joueur de hockey !

Certaines liaisons se sont faites en ferry…
Les traversées ont été magiques. On a eu la chance d’apercevoir un groupe d’orques. Quelques minutes plus tard, les habitants de Powell River nous accueillaient comme des rois en nous applaudissant et en nous souhaitant la bienvenue. Et pour finir cet instant complètement hors du commun, nous sommes arrivés au camp pile pour le coucher du soleil ! Je suis restée sans voix. Lors du banquet final à Whistler, les photographes et vidéastes nous ont préparé un superbe résumé de la semaine en images. Toute l’émotion de la semaine a alors ressurgi et je n’ai pas pu retenir mes larmes. La semaine à la BC Bike Race était bien au-delà de toutes mes espérances.

Quels conseils donnerais-tu à ceux qui souhaiteraient y prendre part l’an prochain ?
Premièrement, il faut se préparer mentalement à en prendre plein les yeux ! C’est incroyable tout ce que l’on peut vivre en sept jours. Plus sérieusement, il faut avoir un bon foncier pour tenir pendant la semaine, et un bon bagage technique pour pouvoir profiter de toutes les étapes. L’essentiel est de bien récupérer entre chaque étape. Le vélo idéal pour la BC Bike Race est un 120 millimètres.

A plus grande échelle, tu as découvert l’esprit du VTT en Amérique du Nord. Comment vit-on le VTT là-bas ?
Je me suis immergée dans la culture nord-américaine pendant quatre mois et c’est complètement un autre monde. Les sentiers sont construits pour des vététistes, par des vététistes. C’est une sorte d’eldorado du VTT. J’ai été impressionnée par la qualité des aménagements. Chaque sentier a un niveau, un nom, et est répertorié sur une carte spéciale pour le VTT. Quand on arrive ici, c’est hyper facile pour aller rouler. Il suffit d’aller dans un Bike shop, d’acheter une carte, et les vendeurs se font une joie de nous orienter vers le plus beau spot.

A quoi ressemblent les sentiers ?
Ils sont hyper fluides, parfois il y a d’énormes passerelles au milieu de nulle part, plein de virages en épingles, des racines… C’est un vrai régal de rouler ici. A chaque fois que j’ai fini une sortie j’avais envie de recommencer ! En plus, les paysages sont fantastiques. C’est magique de rouler au milieu des forêts luxuriantes. Les forêts sont denses et la végétation verdoyante. Il arrive souvent que les fougères ou que les tapis de mousse habillent les sentiers.

Et du côté des pratiquants ?
Il y a énormément de monde qui fait du VTT, j’ai croisé une quinzaine de riders à chaque sortie ! Les associations locales sont surdimensionnées et les acteurs locaux hyper impliqués. Toutes les deux semaines, il y a des enduros dans le North Shore qui réunissent une centaine de riders ! Ici, VTT rime avec religion. Quasiment toutes les voitures ont des porte-vélos, les gens promènent leurs chiens en vélo, les infrastructures telles que les hôtels ou les bus sont équipés pour les vététistes et il y a même des formations universitaires en lien avec le VTT. Début juin, on a eu le privilège d’assister à l’avant-première du film de freeride « Brandon Semenuk’s rad company » à North Vancouver en présence d’une bonne partie des freeriders ! La communauté de vététistes est énorme et on s’y sent bien !