Miguel, tu as quitté le team Tropix-FRM tel qu’on le connaissait pour monter une structure française, le team Tropix-MC41, comment est né ce projet ?
FRM ayant cessé son partenariat auprès de Tropix, j’ai pris la gestion d’un nouveau team. J’ai monté ce projet avec l’aide de Dominique Pezard, le président du Montrichard Cyclisme 41. Cinq coureurs du club ont intégré le team pour faire le nombre, obtenir l’affiliation du team en DN3 et participer au calendrier UCI. Je gère ainsi moi-même mon budget, mon matériel, mes compétitions. Je cours en homme libre, mes sponsors m’ayant fixé pour objectif de réaliser le plus d’images possible. Pour eux les résultats ne sont pas une priorité, même si j’en ai besoin dans la perspective des JO de Rio, pour lesquels je vais essayer d’obtenir ma sélection.

C’est un challenge nouveau que d’avoir créé un team cette année, pourquoi ne pas avoir rejoint un team existant ?
Je n’en ai pas fait la démarche, sachant ces teams plus ciblés sur la jeunesse. Je suis aussi un cas particulier : un coureur en fin de carrière qui a sa propre image. J’ai tellement été mis en image avec des sociétés différentes que d’aller encore dans une autre ne leur apporterait pas un grand plus. J’ai en outre d’importants sponsors individuels. Mon sponsor principal, le fabricant chinois Tropix, est très content de l’image que je véhicule en Chine comme en Europe. Et ça me convient très bien.

Pour boucler ton pool de partenaires, tu as engagé toi-même les démarches cet hiver, réalisant 7000 kilomètres de voiture. Comment as-tu appréhendé cette mission ?
Je me suis démené tout l’hiver. Je suis allé à droite, à gauche, cherchant en priorité les meilleurs partenaires techniques pour performer au haut niveau. Je possède quatorze partenaires. Ce sont pour l’essentiel des partenariats matériels, donc au détriment de l’argent, mais au moins je vais pouvoir avoir un vélo au top. Je voulais pouvoir me donner toutes les possibilités. Tropix me permet de me déplacer et de vivre un minimum de la passion de mon sport, mais je suis loin du salaire des leaders mondiaux.

Tu nourris toujours l’ambition d’aller à Rio en 2016, quelles chances te donnes-tu franchement ?
On va attendre de disputer les premières Coupes du Monde fin mai pour le savoir. Mais je sais que ça va être une année décisive. Si je réitère mes performances de 2013, avec des Tops 10 à Vallnord et Hafjell, je peux avoir ma place en équipe de France à 90 %. Maintenant, si je refais ce que j’ai fait en 2014, avec une mononucléose qui m’a freiné une partie de l’année, ce n’est même pas la peine d’y penser. A moi de refaire une belle saison. Au minimum comme en 2013. Je vais faire le point cette année pour savoir si oui ou non je suis capable d’aller à Rio. Je fais le métier à fond avec du matériel que j’ai moi-même choisi pour être au top. Désormais tout dépend de moi !

La difficulté, c’est que tu as reculé au classement UCI après la saison 2014, 75ème mondial…
Je vais repartir de derrière à nouveau, c’est vrai. Si j’étais parvenu à rentrer dans le Top 10 en 2013, c’est qu’à force de résultats je bénéficiais d’un meilleur placement sur la grille de départ, dans les vingt premiers en Coupe du Monde. Il m’était alors plus aisé de faire ma place dans les 10. Je vais cette année devoir repartir de zéro.

Ce pourquoi tu comptes performer dès le mois d’avril ?
Je ne peux pas me permettre d’attendre le 24 mai et la première Coupe du Monde à Nove Mesto pour prendre des points UCI. En partant de trop loin, ça risquerait d’être une suite sans fin et je n’arriverais jamais à obtenir un Top 10. Je dois donc absolument faire des résultats en avril afin d’engranger les points et obtenir un meilleur placement sur la grille de départ. J’ai plusieurs dates en tête, comme les Internationaux d’Italie à Montichiari le 12 avril et Nalles le 19 avril, puis des épreuves C1 en République Tchèque qui devraient me permettre de marquer des points « faciles », face à une concurrence moins élevée, tout en me rapprochant de la première Coupe du Monde à Nove Mesto.

A 39 ans, tu recherches toujours la perfection. Mais peut-on encore progresser à l’aube de la quarantaine ?
Je cherche toujours à m’améliorer et ce que je sais, c’est que je me sens aussi bien qu’en 2013. Je réalise plus ou moins la même chose à l’entraînement mais j’essaie de chercher tous les petits trucs qui vont me permettre d’être bien. J’ai notamment trouvé un bel hôtel à la montagne avec un spa afin d’être en altitude. Et j’ai décidé cette année de suivre un régime sans gluten après en avoir discuté avec Julien Absalon, qui me l’a conseillé. Avec le régime sans gluten, on a l’impression de préparer le Championnat du Monde tous les mois ! Tu es obligé de manger plus sain et ça te donne une condition optimale. Je m’y suis mis en décembre. J’en ressens un énorme bénéfice. A tel point que je regrette de ne pas avoir connu cela avant. J’ai vite perdu du poids, je suis à 5 % de masse grasse. Maintenant, ce sont les résultats qui vont parler !

Ils ont commencé à le faire au Canada, où tu as gagné une course de fat bike, une découverte pour toi…
J’ai adoré ! A tel point que j’envisage à l’avenir de me rendre au Canada une partie de l’hiver pour y disputer les nombreuses courses de fat bike qui y sont déjà organisées chaque week-end. C’est une discipline géniale, avec des sensations différentes de glisse. Je crois fort en l’avenir de cette discipline. En montant sur le vélo, je ne m’attendais pas à un tel ressenti. En plus, c’est accessible à tous et ce n’est pas dangereux. Que ce soit dans le sable ou dans la neige, c’est juste génial !

Fort des démarches que tu as entreprises auprès de partenaires pour monter ton team cette saison, te verrais-tu un jour occuper un poste de team manager voire de sélectionneur ?
En fait, tout ce que je fais actuellement doit me servir de rebond pour mon après-carrière. Je sais que j’ai besoin, pour réussir mon après-carrière, de remonter en haut des marches. Je veux revoir comment fonctionne le haut niveau sur les circuits de cross-country olympique. Je dois aussi remontrer mon image et prouver mes compétences en tant que coach. La Fédération Française de Cyclisme m’a évalué l’année passée avec l’équipe de France Juniors. Elle a été vraiment satisfaite de mes critères. Remonter en termes d’image sur les compétitions me donnera toujours une crédibilité après ma carrière. C’est comme si je semais pour pouvoir récolter pour mon après-carrière, que j’espère dans le milieu du vélo.

Propos recueillis le 21 mars 2015.