Thomas, un an après avoir mis un terme à ta carrière, quelle activité exerces-tu aujourd’hui ?
Après mes dernières courses l’année dernière en tant que pilote professionnel chez Bulls, je suis allé voir le boss allemand du groupe. Je lui ai fait part de mon souhait de développer la marque en France et de promouvoir son image. Nous avons un bon réseau de distribution avec Veloland, mais l’image de Bulls n’était pas suffisamment développée en France pour booster les ventes. Or il existe un beau potentiel avec des vélos au top à tous les niveaux. Ne connaissant pas trop le marché français, Bulls m’a donné son accord. On m’a donné carte blanche.

Par quelles actions cela se traduit-il ?
Je suis en charge de discuter avec les journalistes, de leur faire tester les vélos, de monter des événements, de réaliser des tests de vélos Bulls en magasin. Ce sont de nombreuses actions en marge desquelles je continue à rouler. C’est important car le fait d’être sur le vélo permet de bien en parler. Maintenant, si je participe toujours à quelques courses, je cible davantage des épreuves exotiques. J’ai couru cette année au Mexique, à l’Himalaya, à Maurice… J’ai aussi fait les 24 heures VTT Les Crapauds, de nombreux événements qui permettent à la fois de rester sur le vélo et de s’éclater avec cet autre aspect du vélo qu’est le marketing.

Est-ce la reconversion que tu avais en tête avant de raccrocher ?
Il y a quelques années, j’en avais déjà parlé au big boss de Bulls. Sans être encore trop emballé, il ne m’avait pas fermé la porte. A ce moment-là, je n’étais pas tout à fait prêt non plus à arrêter ma carrière. Mais l’an passé, quand j’ai pris cette décision de tourner la page sur une dernière saison réussie, le fait de trouver un boulot comme celui-là était une opportunité incroyable. Je reste dans le milieu du vélo. Et je peux utiliser les acquis obtenus au sein de l’équipe et dans ce monde là. Je possède en outre avec ma femme un magasin de course à pied. Je connais ainsi le fonctionnement des magasins et les besoins qui peuvent être ceux d’un magasin de vélos. Tous ces éléments font que je me sentes bien dans cette reconversion.

Dans quel état d’esprit te rends-tu sur des événements auxquels tu participes désormais de l’autre côté de la barrière ?
Ce n’est plus le même stress. Quand je me rends sur un événement, je n’ai plus la pression du résultat, plus besoin de rester tranquille à l’hôtel la veille des courses. C’est une autre approche. Bien sûr, il y a beaucoup d’autres choses à gérer, mais ça ne m’empêche pas de prendre le temps d’aller faire un tour à vélo avec le team ou les potes. Je gère mon emploi du temps comme je l’entends. Et ça c’est ce que je recherchais vraiment dans le cadre de ma vie active.

Tu évoquais l’importance d’être encore sur le vélo après le terme de ta carrière. En quoi consiste aujourd’hui ta pratique ?
Je pratique moins qu’avant. Je touche un peu plus à la course à pied. Je fais du VTT mais beaucoup moins de vélo de route. C’est important pour mon bien-être de rester sur un vélo et de pouvoir garder une certaine condition physique. Je suis beaucoup moins fort que l’année dernière, c’est sûr, mais j’ai gardé un bon potentiel, bien que ce ne soit pas capital. Ça fait en tout cas partie d’un équilibre. Mon objectif, ça reste aujourd’hui de monter cette image des vélos Bulls en France.

Pendant des années, tu as dominé la discipline du cross-country marathon en France. Comment évalues-tu l’après-Dietsch ?
Le niveau français en marathon est encore assez timide. On ne trouve pas de pilote français dans les grosses écuries comme le Team Bulls ou Topeak Ergon Racing Team, c’est dommage. Il peut maintenant y avoir un élément déclencheur avec l’émergence de beaux marathons français qui souhaitent aller de l’avant : la MB Race, la Forestière, le Roc Laissagais qui recevra les Championnats du Monde l’année prochaine… Ce sont des événements qui peuvent faire bouger les choses dans les années futures et faire naître des vocations. Et c’est une bonne chose que de voir des organisateurs s’impliquer ainsi.

Les Mondiaux de la spécialité se tiendront à Laissac les 25 et 26 juin. Peut-on imaginer un Français dans le Top 5 ?
Pour l’instant, je ne vois pas un pilote français en mesure de finir dans le Top 5 du Mondial l’année prochaine. Hormis peut-être un Maxime Marotte, un Stéphane Tempier ou un Jordan Sarrou, mais ces coureurs de cross-country sont aujourd’hui de plus en plus spécialisés XC. Et les courses se réduisant, ils vont travailler davantage l’explosivité au détriment du foncier. Ces deux disciplines s’écartent et ont du mal à se combiner.

Quelle qualité fondamentale est nécessaire pour se lancer dans le marathon ?
Il faut juste être super motivé et quoi qu’il arrive un peu fou ! Maintenant, quelle que soit la discipline, il convient de réaliser des entraînements de folie. Peut-être y a-t-il un manque de folie… Je n’hésitais pas à traverser la France pour faire un coup de foncier. L’année dernière, je suis allé en Espagne et je suis rentré en Alsace à vélo ! C’est atypique mais ça permet d’avoir un gros foncier pour travailler l’intensité à la maison. C’est une question de motivation. Il faut serrer les dents parce que c’est vraiment dur et compliqué, avec plus de bas que de hauts dans une carrière. Alors c’est peut-être ça le truc : être fou, et y croire.