Suspendu et privé des dernières lignes de son palmarès après trois années de procédure, Jan Ullrich s’est exprimé dans une lettre. « J’accepte cette sentence et ne la contesterai pas, déclare aujourd’hui le vainqueur du Tour de France 1997. Non pas que je sois d’accord avec tous les points mais parce que je souhaite refermer définitivement ce dossier qui n’a que trop duré. » Sans jamais prononcer le mot de dopage ni évoquer les agissements pour lesquels il a été puni hier après des années d’enquête, Jan Ullrich reconnaît ses torts. « Oui, j’ai été en contact avec le docteur Fuentes. Nous étions en 2006. J’avais terminé cinq fois 2ème du Tour après ma victoire en 1997 et je suscitais beaucoup d’attentes du public, des sponsors, sans parler de la pression que je me mettais moi-même. Lance Armstrong s’était retiré et nous voulions tous cette deuxième victoire dans la Grande Boucle. »

Mais au printemps 2006, après des mois d’enquête, les Espagnols déclenchent l’opération Puerto. Ils arrêtent Eufemanio Fuentes et publient une liste d’athlètes susceptibles d’avoir eu recours aux services du frauduleux docteur madrilène. Le nom de Jan Ullrich y figure. Et devant la gronde qui s’élève au Grand Départ du Tour de France 2006 à Strasbourg, il est retiré de l’équipe T-Mobile vingt-quatre heures avant le prologue. « Tout s’est enchaîné très vite : suspension, licenciement, bannissement, perquisitions, plaintes, procédures pénales, poursuit aujourd’hui Jan Ullrich. Le monde entier voulait me faire plonger au fond du gouffre et je n’ai eu alors qu’une seule issue : me retirer du cyclisme. » Ce qu’il fait le 26 février 2007, à 33 ans, faute d’avoir pu retrouver un employeur.

Pas question pour autant de pleurer sur son sort. « Je sais qu’avoir été en contact avec Fuentes était une grande erreur et je la regrette beaucoup. Je m’en excuse sincèrement. J’agirais différemment si c’était à refaire. J’ai souvent voulu avouer tout cela publiquement, mais j’avais les mains liées et j’ai suivi les recommandations de mes avocats. Ça m’a rendu malade et je suis heureux qu’un jugement soit enfin tombé. » L’avenir, Jan Ullrich l’évoque aussi. Suspendu de toute fonction sportive jusqu’à l’été 2013, il assure qu’il n’envisageait pas de se rapprocher du cyclisme. « Je n’ai jamais pensé à reprendre un poste dans le cyclisme pro, conclut-il. Je tire un trait final sur le vélo, même si je lui dois beaucoup. Je veux simplement pouvoir regarder ma carrière et mes succès avec fierté et me réjouir de ma nouvelle vie professionnelle. » L’ancien coureur allemand précise enfin qu’il ne s’exprimera plus sur toute cette affaire.