L’hiver délicat des sprinteurs français ne laissait pas augurer que des bonnes choses à l’entame du tournoi de vitesse individuelle aux Championnats du Monde à Londres. Leur absence du podium mondial en vitesse par équipes, une première depuis 2005, n’était pas franchement rassurante. Du trio aligné mercredi soir, seul Grégory Baugé doublait avec la vitesse individuelle. Le Guadeloupéen étant accompagné côté français de François Pervis, champion du monde en 2014, et de Quentin Lafargue, médaillé de bronze à Saint-Quentin et 3ème du kilomètre la veille.

Ni le Mayennais, ni l’Aquitain ne passent l’obstacle des 16èmes de finale. Leur tour lancé poussif pour l’un comme pour l’autre avec des chronos respectifs de 10″035 (22ème) et de 10″008 (19ème) leur réservait de gros poissons pour le premier tour d’élimination directe. François Pervis est largement dominé par l’épouvantail néerlandais Jeffrey Hoogland, 3ème temps des qualifications. Quentin Lafargue échoue lui face à Max Niederlag, membre du trio allemand ayant pris le bronze face à la France mercredi.

8ème temps des qualifications, Grégory Baugé pensait de son côté avoir fait la bonne opération en étant opposé au modeste Canadien Hugo Barette. Mais l’Antillais connaît une première journée compliquée. Éliminant d’une demi-roue à peine le Nord-Américain, il perd son face à face contre Callum Skinner en 8èmes. Ce n’est qu’en passant par la case repêchages que Grégory Baugé s’offre une place en quarts. Le champion du monde sortant a su se défaire du piège que lui tendaient Jeffrey Hoogland et Edward Dawkins pour rester en lice. L’erreur ne sera pas permise pour la fin du tournoi aujourd’hui puisqu’il sera opposé à l’Australien Matthew Glaetzer, meilleur temps des qualifications en 9″766.

A mi-parcours de ces Championnats du Monde, les Tricolores doivent toujours se contenter du bronze de Quentin Lafargue sur la borne. Une médaille semblait pourtant tendre les bras au clan français sur la course aux points. Valeur montante de l’endurance française, Benjamin Thomas semblait en piste pour un podium quand à treize tours de l’arrivée, le pensionnaire de l’Armée de Terre ne parvient pas à éviter la chute du Japonnais Eiya Hashimoto alors que des points devaient être distribués sur ce tour. L’ancien champion d’Europe de la discipline ne se décourage pas et tente le tout pour le tout dans le tour dans le final. Mais la médaille de bronze lui échappe pour deux petits points tandis que le Britannique Jonathan Dibben triomphe.

L’endurance garde pourtant le sourire grâce à Thomas Boudat. L’une des seules satisfactions françaises de l’hiver assume son statut de favori sur l’omnium. A mi-parcours, l’Aquitain est dans les temps pour un podium, voire pour un titre. Vainqueur du scratch, 9ème de la poursuite individuelle et seulement devancé par Fernando Gaviria et Mark Cavendish sur l’élimination, le pensionnaire de l’équipe Direct Energie occupe la 3ème rang après la première journée, à seulement six points du leader Elia Viviani. Avec le kilomètre, le tour lancé et la course aux points finale à disputer aujourd’hui, Thomas Boudat a encore toutes ses chances pour déloger l’Italien de sa place de leader et s’adjuger un deuxième titre mondial.

L’Italie justement pourra quoiqu’il arrive sortir satisfaite de ces Mondiaux. C’est une médaille d’or presque inattendue que nos voisins transalpins sont allés chercher hier en poursuite individuelle. Le jeune Filippo Ganna, 19 ans, s’est montré plus rapide que l’Allemand Domenic Weinstein pour remporter l’or. Il remonte les sept dixièmes de retard qu’il possédait à l’amorce du dernier kilomètre pour succéder à un certain Francesco Moser côté italien, sacré champion du monde quarante ans plus tôt. Deux poursuites autour des 4’16 » auront suffi au jeune homme pour s’installer au sommet de la hiérarchie mondiale, contrant les plans des Anglo-Saxons, spécialistes de ces disciplines.

Du côté des filles, les Anglo-Saxonnes n’ont pas failli à leur réputation. C’est une finale nord-américaine à laquelle le Lee Valley Velo Park a assisté hier soir. Les Américaines Sarah Hammer, Kelly Catlin, Jennifer Valente et la championne du monde Juniors sur route (!) Chloé Dygert, ont facilement dominé Allison Beveridge, Jasmin Glaesser, Kirsti Lay et Georgia Simmerling en 4’16″802. En petite finale, les Britanniques auront fait mieux (4’16″540). La médaille de bronze de Laura Trott, Elinor Barker, Ciara Horne et Joanna Rowsell vient en partie compenser leur mauvaise prestation en qualifications.

Même si Sarah Hammer a marqué les esprits en portant le quatuor américain en finale de la poursuite par équipes, la grande dame de la soirée reste Anastasiia Voinova. La Russe, sacrée championne du monde en vitesse par équipes mercredi, s’est offert un deuxième titre mondial à Londres en conservant sa couronne sur le 500 mètres. Elle n’aura pas eu besoin du tapis vert pour endosser un deuxième maillot irisé. C’est à la pédale, en 32″959 que l’athlète de 23 ans devance la Hongkongaise Wai-Size Lee et la Néerlandaise Elise Ligtlee.

Aujourd’hui, l’anneau londonien sacre trois champions du monde en vitesse individuelle messieurs sur l’omnium messieurs, et la course aux points dames.

Les champions du monde :

• 500 mètres Dames : Anastasiia Voinova (RUS)
• course aux points Messieurs : Jonathan Dibben (GBR)
• poursuite individuelle Messieurs : Filippo Ganna (ITA)
• poursuite par équipes Dames : Etats-Unis (Hammer, Catlin, Valente, Dygert)