Une interview d’une Championne de France un 14 juillet, cela tombe sous le sens. Découvrez une athlète hors norme, victorieuse chez les Dames sur L’Etape du Tour mais qui ne vivra sans doute pas son rêve olympique. Edwig Pitel à découvert.

Tu arrives à peu près à 20 minutes du premier homme, qu’en penses-tu ? 

Je suis contente parce que l’écart avec le premier homme est significatif. J’ai vu que j’étais 69ème au scratch. C’est mieux que l’année dernière. J’ai monté les trois cols à ma main, surtout le premier. C’est parti très vite donc je m’étais fixé 250 watts comme je suis un poids plume. Je voulais systématiquement récupérer un groupe au sommet. Finalement, je suis restée dans le même groupe après les Aravis. Dans la descente, on a récupéré un autre groupe. Sur le plat, ça s’est beaucoup regroupé. Ensuite, j’ai monté Joux Plane à mon rythme. J’ai remonté beaucoup de garçons.

On imagine que tu as été beaucoup reconnue avec ton maillot tricolore…

Oui, beaucoup de gens m’ont félicité pour mon titre et beaucoup avait vu la course. J’ai beaucoup apprécié. Je n’ai pas eu à prendre beaucoup de relais mais j’en ai pris quelques-uns sur le plat. Dans les bosses, je montais à mon rythme donc quand je reprenais des concurrents, ils se mettaient dans ma roue. Dans les bosses, ça ne me dérange pas. Dans la Colombière, j’ai laissé faire parce qu’on était un groupe qui roulait de façon régulière. Globalement, j’ai laissé faire avant le dernier col. Il fallait gérer.

Tu restes sur ton pic de forme des Championnats de France ?

Oui, j’ai fait énormément d’entraînements entre temps. C’est ma première course depuis les Championnats de France. J’ai fait trois jours très durs la semaine dernière pour me tester. J’ai vu que ça allait bien donc je savais que je serai bien aujourd’hui.

Tu penses que la suppression du col de la Ramaz t’a avantagée ou désavantagée ? 

Pour moi, ça n’a rien changé parce que je suis une très bonne grimpeuse. Ça a rendu la course plus facile. L’an dernier, j’avais fini avec des crampes après 4 000 mètres de dénivelé. Je n’ai pas l’habitude de faire autant de dénivelé. Les courses UCI dépassent rarement les 2 000 mètres de dénivelé donc il faudrait faire des cyclosportives mais en début de saison je n’ai pas le temps.

Comptes-tu revenir l’année prochaine ? 

C’est la deuxième fois que je viens et la deuxième fois que je gagne. J’avais adoré l’ambiance de l’année dernière. C’est pour ça que j’avais envie de la refaire. J’avais ma forme des Championnats de France donc je savais que j’étais préparée pour la refaire. Si je la fais une troisième fois l’année prochaine alors que je ne m’entraîne plus, ce sera beaucoup plus difficile donc on verra.

Tu ne pourras plus t’entraîner la saison prochaine ? 

Oui, je travaille à la Mairie de la Métropole de Grenoble comme ingénieure informatique. C’est un métier que j’aime beaucoup. Sur le vélo, il faut beaucoup de temps pour s’entraîner alors j’utilise mon expérience car je sais quel entraînement il me faut pour me préparer et être en forme. En me connaissant, j’arrive à faire des raccourcis pour atteindre un pic de forme.

Quelles sont tes prochaines échéances ? 

Je ne serai pas sur La Course By le Tour parce que c’est une course pour sprinteurs. S’il faisait beau, ce ne serait pas dérangeant mais s’il pleut cela devient vite dangereux. Et puis, à part y faire de la figuration et montrer le maillot, je n’y ai pas vraiment ma place. C’est dommage qu’il n’y ait qu’une course pour sprinteurs. Il faudrait un tryptique avec un chrono, une course de montagne et un sprint. Il faudrait que l’organisation tende vers ça. Je vais enchaîner avec un stage en altitude pour préparer les Championnats d’Europe puisque pour l’instant je suis remplaçante pour les Jeux Olympiques.

Comment gères-tu ce statut ? 

Mentalement, c’est difficile d’accepter cette place de remplaçante surtout avec mes résultats cette saison et le parcours de Rio qui me convient bien. Il colle complètement à mes qualités et même plus qu’à certaines sélectionnées. J’ai fait de meilleurs résultats que certaines. Plus la course approche et plus la déception grandit. Je continue de m’entraîner dur. Cette étape du Tour faisait 3 000 mètres de dénivelé, à peu près comme la course de Rio. Mais c’est difficile à accepter. Les Championnats d’Europe ne me consoleront pas. On m’a déjà volé les Jeux en 2008 et là c’est encore une fois limite. Par rapport aux Jeux, je paye le fait d’avoir commencé le vélo trop tard. Si j’avais 20 ans, je serais titulaire d’office. Je vais faire des Championnats d’Europe mon ultime objectif car c’est ma dernière année à haut niveau. C’est un parcours très difficile pour grimpeurs. Je vais aller le reconnaître car ma belle-famille habite juste à côté. Je vais essayer de bien le préparer Rio ou pas Rio. Je vais me concentrer sur ça pour avoir quelque chose qui m’excite dans cette fin de saison.

As-tu prévu d’autres courses pour la fin de saison ? 

Je ne ferai pas la Route de France car je veux faire un stage en altitude pour préparer les Championnats d’Europe. Ça tombera sur la même période. Je ferai quelques courses de fin de saison pour reprendre du rythme comme le Tour de Toscane car c’est mon Team qui l’organise. Pour ce qui est des autres courses, je dois voir avec l’équipe de France pour le Grand Prix de Plouay et avec mon Team pour savoir ce dont j’ai besoin pour avoir une bonne forme.