Mickael Leveau, DS de Côtes d'Armor Marie MorinMickael Leveau, DS de Côtes d’Armor Marie Morin | © Nicolas Créac’h

Avec 40 succès en 2018, l’équipe Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau a été l’une des équipes les plus victorieuses de l’année. Poussée par l’impressionant Fabien Schmidt, les hommes de Mickaël Leveau ont bouclé une belle saison. Les performances mitigées en Coupe de France n’ont pas affecté les objectifs de l’équipe qui a brillé sur les courses bretonnes. Le directeur sportif, Mickaël Leveau revient sur les onze derniers mois de sa formation.

Une saison réussie pour vous avec notamment les performances impressionantes de Fabien Schmidt et ses 17 victoires.. Quels ont été les satisfactions de la saison ?

Fabien Schmidt a remporté beaucoup de courses cette année, mais ce n’est pas le seul. Et puis, il y a de nombreux coéquipiers qui l’ont aidé. Certains ont appris à ses côtés, avec quelqu’un qui sait gagner. Fabien sait très bien transmettre son expérience aux plus jeunes. L’avantage, c’est qu’il a passé quelques saisons chez les pros. Concernant le bilan, c’est ma deuxième saison chez Côtes d’Armor Marie Morin Véranda Rideau, et on a fait deux belles années. Je trouve qu’on a passé un cap en 2018 avec la victoire sur le Tour de Bretagne, c’est quand même grandiose. Pour moi, ça restera une grande satisfaction. On en avait parlé avec Fabien avant, avec une ligne de conduite à respecter. Mais on n’imaginait pas s’imposer au général. Ce qui reste également une satisfaction, ce sont les victoires sur les manches de Coupe de France ou encore le succès de Fabien sur le Championnat de Bretagne, sans oublier la saison d’Alexis Renard. On lui a concocté un programme adapté avec des courses un, deux, et troisième catégorie. Il a fait le Tour de Bretagne pour découvrir le monde pro. Il a vu que c’était autre chose. En tout cas, cette année, de nombreux coureurs se sont épanouis. Je suis content de l’évolution de chacun. On n’a pas trop eu de trou en 2018, de période sans résultat car on a articulé le calendrier comme il le fallait. 

Vous finissez 7ème du général de la Coupe de France. Aviez-vous placé la barre plus haut en début de saison ?

En coupe de France, on essaye toujours d’aller chercher le général. Mais ça se joue souvent sur les 2-3 premières manches. On sait assez tôt si tout va bien se passer ou non. Quand on a vu que nous n’étions plus dans la course, on a visé les manches. Et puis, au vu de notre calendrier en Bretagne, c’est plutôt difficile de jouer sur les deux plans. On se concentre davantage sur les courses de notre région. On essaye de se distinguer sur la Coupe de France. Si ça se passe bien, tant mieux, sinon tant pis. Il ne faut pas être relégable, mais ça, on en était loin. En tout cas, en Coupe de France, nous ne sommes pas là pour faire une course aux points. Ce qui m’intéresse, c’est de gagner la manche. De faire, 2, 4 et 7, ça permet de s’imposer par équipe mais ce n’est pas intéressant en amateurs, contrairement aux pros. A ce niveau, j’estime qu’il faut apprendre aux coureurs à gagner avant de courir après les points. 

Concernant le mercato, il y a du mouvement. Fabien Schmidt retrouve le monde pro logiquement. Mais il y a de nombreux coureurs qui restent amateurs et qui pourtant partent vers d’autres équipes.

nullFabien Schmidt sur l’Etoile d’Or © JPA

Concernant Fabien, c’était le but de le voir monter chez les pros et de faire une grosse saison. Je pense qu’il n’avait rien à faire chez les amateurs. Après, il s’amusait mais il était temps qu’il revienne au plus haut niveau. Je lui ai dit, « tu te débrouilles comme tu veux, mais tu gagnes des courses l’année prochaine car je regarderai la télé. » Concernant les différents départs, il y a Jules Rolland qui préfère se consacrer aux études. Gauthier Maertens que l’on voulait garder. Il nous a dit qu’il restait mais il est finalement parti. Antoine Benoist part également à Nantes. C’est une surprise car je pensais qu’il resterait. Il est très cyclo-cross. Je pense qu’il a les moyens de passer un cap tous les ans. Je voulais lui apprendre à composer un calendrier sur route et cyclo-cross, mais il privilégie la deuxième discipline. Ca montrera ses limites. C’est dommage. Je suis un peu déçu car il ne fait qu’un an chez nous pour repartir dans une autre DN1. Il a fait trois équipes en trois ans… Enfin, concernant Quentin Guicheteau, il était prévu qu’il parte. On en avait parlé dans la saison. Il voulait avoir plus de responsabilités, être mis plus en avant. Je lui ai clairement dis que ce ne sera pas possible avec nous. Pour moi, il manque de physique. Je parle franchement aux coureurs, je ne suis pas là pour vendre du rêve. Mon but, c’est de les faire évoluer, qu’ils s’épanouissent et qu’ils réussissent. 

Des arrivées prévues avec tous ces départs ?

En effet. On a dejà recruté Aurélien Le Lay qui a 24 ans et qui découvre le plus haut niveau amateur. Je l’ai rencontré avec les dirigeants et ça s’est très bien passé. Il avait plus ou moins envie de venir chez nous donc c’était plus facile. Il n’a pas encore beaucoup d’expérience. Je pense qu’il a des choses à apprendre avec nous. C’est quelqu’un qui est à l’écoute. Après, il y a également Marie-Ange Renault qui est un local. Il a fini ses études. Il est encore jeune. Il a un beau gabarit et il est intelligent. Il assimile et comprend les choses assez vite. Axel Flet nous rejoint également. Il voulait changer de région, non pas qu’il n’aime pas le Nord, mais car il aime les courses en Bretagne. Sa pointe de vitesse nous intéressait. Il sait aussi enchainer et répondre présent sur un calendrier assez chargé donc on sait de quoi il est capable. Sans oublier les arrivées de David Boutville, Camille Guérin et Serghei Shauchenka. 

Quels vont être les objectifs pour 2019 ?

On va essayer d’être dans la continuité en Coupe de France et de rester aux alentours d’une 7ème place du général. On visera également une manche, il y a moyen de le faire. Je pense notamment à Alexis Renard, Damien Poisson et bien d’autres. Il y aura une équipe beaucoup plus homogène. On perd Fabien, notre leader cette saison. Et ce n’est pas impossible que ce soit plus difficile l’année prochaine. Il y a beaucoup à apprendre à tout le monde. Je reste optimiste pour gagner des courses. Ca va être intéressant. Je sais de quoi sont capables mes coureurs. Et puis il y a toujours des révélations au cours de la saison, donc j’attends des surprises. Mais je ne suis pas inquiet pour gagner des classiques, il faut juste que les coureurs soient au courant qu’ils sont capables de gagner. 

Concernant le format de la Coupe de France, vous convient-il ? Comment gérez-vous la pluralité des objectifs entre Coupe de France et courses régionales ?

Chez les pros, ils ont les coureurs pour jouer la Coupe de France. Et puis il y a également des points UCI à la clé. Chez les amateurs, ce qui compte le plus, ce sont les sponsors. Et la Coupe de France, niveau médiatique, ce n’est pas ça. Les manches tombent de nulle part sur le calendrier. C’est bien souvent de belles organisations. Le souci, c’est qu’il y a des objectifs régionaux qui peuvent tomber au même moment. Et nous, on fait pratiquement à chaque fois une priorité sur la course bretonne. Dans le journal, il y a trois lignes sur la Coupe de France et deux pages sur la course du coin. Le choix est vite fait, malheureusement, alors qu’un jeune coureur peut apprendre beaucoup dans cette compétition. Mais le problème, ça reste la visibilité. Son format, on ne peut rien y faire. On s’adapte et bien évidemment que l’on souhaite rester en DN1. Ca nous permet de participer aux épreuves professionnelles (1.2 ou 2.2). Par exemple, le Tour de Bretagne pour nous, ça a été une grande réussite. On ne pouvait pas rêver mieux pour notre sponsor. 

-Propos recueillis par LL