1/ William, on a eu le sentiment de moins te voir sur les cyclos cette saison, on se trompe ?

C’est vrai ! Un choix de démarrer ma saison plus tard (début mai) et aussi de moins empiler les cyclos à gros dénivelé.

24 jours de courses tout de même dont 15 cyclosportives. J’ai ainsi gardé de la fraicheur tout au long de la saison et une belle régularité (18 tops 10 dont 9 podiums et 3 victoires).Turnes podium MillauPodium Millau | © William Turnes

2/ Comment se sont passées tes expériences exotiques ? Sur la Guadeloupe, comment t’es-tu retrouvé là-bas ? Et sur la HR Norvège, mêmes questions

J’aime ponctuer mon programme par quelques courses à l’international.

La nouvelle haute route Norvège faisait partie de mes envies. Je connais la qualité d’organisation et le concept des 3 jours me convient bien. J’y suis allé sous les couleurs Mavic complété par l’aide d’un ami, fidèle sponsor et cycliste passionné : Pascal Roux (Taxis ambulances). Une expérience payante puisque je m’y suis imposé. J’ai découvert un pays magnifique où la culture du déplacement en vélo saute aux yeux (pistes cyclables, comportement des automobilistes…).

Pour mon expérience aux Caraïbes c’est une opportunité de dernière minute qui est venue modifier mon programme. Un ancien intervenant pour le club de Marie Galante et cycliste (Jacques Serna) m’a proposé de me mettre en relation avec l’équipe locale pour le tour de l’île. Il pensait que mon profil collerait avec l’épreuve. Une expérience très enrichissante où j’ai pu découvrir un autre format et où j’ai pu m’exprimer sportivement avec la motivation de la nouveauté.

Les rencontres, le voyage, les bons moments viennent compléter ces périples pour des souvenirs impérissables que j’essaie au maximum de partager en famille…

3/ Un des gros objectifs de ta saison était Varèse, les Mondiaux, comment ça s’est passé ? En CLM comme en route

Je n’ai pas participé au CLM, le championnat sur route était mon objectif majeur de la saison. Avec mon coach Pierre Bourlot nous avons orienté ma préparation et mon calendrier vers ce parcours qui me convenait bien. Tout était réuni pour que cela puisse me sourire. J’arrive pour la gagne et j’échoue finalement en prenant la 5ème place. Honorable certes vu le niveau, mais j’en garde un goût amer… Depuis mon retour tardif sur un vélo, je crois que c’est la première fois que je m’étais autant mentalisé dans la peau du vainqueur. A mon âge et compte tenu de mon histoire, j’ai pour habitude de dire que le sport n’est que du bonus et que je savoure chaque dénouement. Ici j’avoue, que la déception était profonde. Ce titre convoité aurait eu une valeur hautement symbolique pour moi.

4/ On a vu sur ces Mondiaux que la moitié des titres est captée par les Italiens, à domicile, c’est crédible une telle série de titres ? Ton sentiment sur les catégories d’âges et aussi sur des écarts de plus de 2 heures sur un championnat du monde !!!!!

Sans vouloir polémiquer sur de l’abstrait, je vais dire que les Italiens sont structurés et solidaires dans l’effort pour défendre leur maillot. J’ai pu m’en rendre compte en retournant un mois plus tard (sur le même parcours) pour la Tre Valli Varesine. Echappé en solitaire, j’ai été repris à 10 km de l’arrivée grâce à leur alliance sans faille.

Pour les écarts, je pense que les qualifications ne sont pas assez sélectives. Sur le parcours cela demande d’être très vigilant pour savoir qui est repris ou toujours dans la course.

Par contre j’ai trouvé que la mayonnaise avait bien pris, avec une forte représentation de tous les pays, parfois lointains. J’aime le concept mais avec quelques aspects à améliorer comme le contrôle assidu des différentes formes de dopages.

5/ Comment as-tu suivi cette saison de cyclosport et quel est ton sentiment sur les tendances qui se dégagent ?

J’ai essayé de m’aligner sur des cyclos que je ne connaissais pas encore, par envie de changement. Il y a tellement d’épreuves proposées aujourd’hui que chacun peut y trouver son bonheur. Les tendances qui se dégagent dépendent du support que l’on choisi.

Les hautes routes par exemple ont multiplié leurs offres à travers le monde et leur format 3 jours s’est étoffé.

Les mythiques comme La Marmotte gardent leur cap.

Les nouvelles épreuves apportent du sang neuf.

Je pense qu’en tablant sur leurs atouts et leur authenticité certaines organisations se démarquent. En revanche les piètres auront plus de mal à séduire.

6/ On a le sentiment qu’en cyclos le niveau augmente sans arrêt, à tous les niveaux, ton avis et tes explications sur ça ?

Oui le niveau ne cesse de monter. Je pense que les coureurs s’entrainent mieux. Bon nombre s’entourent de professionnels de l’entrainement ou/et de la diététique. Ce qui n’était pas démocratisé chez les cyclosportifs il y a peu.

C’est surtout la multiplication des épreuves et l’engouement des participants qui font que le niveau augmente logiquement. Des coureurs de très bon niveau aiment s’aligner sur ces parcours souvent somptueux où ils y trouvent désormais une concurrence sportive.

Il est aujourd’hui valorisant d’accrocher une cyclo de renom à son palmarès.

Pour moi c’est intéressant de côtoyer et de se mesurer à de jeunes élites par exemple, dès l’instant où chacun reste conscient d’évoluer en cyclosportive. Des comportements incohérents apparaissent parfois. C’est à nous de les signaler pour éviter les dérives. Je ne suis pas chiffonné par ces évolutions si l’esprit est respectueux.

7/ En 2019, une première cyclosportive en Afrique : l’Etape Morocco en octobre, ça t’inspire quoi?

Une fois encore c’est le succès et la demande qui font que les organisateurs ont envie de s’exporter. Partir sur de nouveaux défis sportifs en y associant le dépaysement m’inspire et me motive pour maintenir un niveau de performance. Depuis quelques saisons, je coche certaines destinations puis je constitue un dossier pour subvenir au projet.

Je trouve ces propositions attractives en nous permettant de vivre des expériences enrichissantes.

8/ De ton côté, comment se présente 2019, côté programme de cyclos ?

A la suite des mondiaux, j’ai eu envie de m’essayer au chrono. Avec un entrainement spécifique restreint, je me suis aligné sur une manche qualificative UCI world serie. Un essai concluant avec une victoire et la qualification pour les mondiaux 2019. Une étincelle qui est venue me motiver pour travailler l’exercice.

Je souhaite ponctuer ma future saison par quelques manches UCI en m’engageant sur les chronos et courses en ligne. Les différents championnats régionaux et nationaux (sur les 2 disciplines) sont aussi prévus. Le championnat du monde en Pologne est aussi envisagé. Je pense privilégier les cyclosportives vallonnées et un peu plus roulantes ainsi que quelques courses de fédé. Je sais que je serai moins incisif en haute montagne mais j’y reviendrai certainement à l’occasion.W. Turnes et E. GavaggioW. Turnes et E. Gavaggio | © William Turnes

9/ Même chose côté partenaires, des nouveautés ?

Mon rôle d’ambassadeur Mavic prend fin. Je garde seulement un contrat chaussures avec la marque que je remercie pour leur belle collaboration durant ces dernières années.

ROSTI sera mon nouvel équipementier textile et je suis ravi de cette entente avec le mauriennais Mickaël Magnin.

DVélos reste mon magasin cycle de référence.

Le très dynamique restaurant Le CHAMOIS de La Toussuire m’offre ma monture Pinarello.

Pour le reste j’attends quelques réponses.

Je continue mon rôle d’ambassadeur pour mon territoire La Maurienne et ma station de La Toussuire.

J’intègre le groupe des ‘’casque bleus’’ #blueteam des ESI (écoles de ski internationales) aux côtés d’autres athlètes de sports différents dont Laetitia Roux (ski alpinisme), Xavier Thévenard (trail), Oscar Mandin (ski freeride), Mathieu Navillod (ski freeride/ ski rando) et Enak Gavaggio (ski freeride, « Rancho »)… Une vidéo est en cours de réalisation (sortie prévue le 21 décembre).

Je maintiens un socle de partenaires précieux qui me permet de réaliser des saisons étoffées.

Le succès des cyclosportives fait qu’aujourd’hui il est possible de porter les couleurs d’une enseigne ou d’un territoire. Pour moi l’avantage n’est en aucun cas d’en vivre, seulement de pouvoir envisager des projets sportifs audacieux. J’aime associer un partenaire à une course particulière pour des souvenirs partagés. Au-delà de la performance pure je crois que les cyclosportifs peuvent véhiculer une image valorisante pour une marque. Une fois encore si ceci reste dans un esprit cohérent je pense qu’il ne faut pas craindre ces évolutions.

10/ Comment coupes-tu avec le vélo si…, quel sera ton calendrier de reprise ?  

Je coupe habituellement 3 semaines à l’entrée de ma saison de ski pour une liaison en douceur. Cette année ce fût un peu prématuré car j’ai chuté avec une fracture costale qui m’a contraint à l’arrêt total fin octobre. J’ai donc décalé ma reprise et je couperai à nouveau une dizaine de jours à Noël. De nombreuses séances de home trainer viennent ensuite agrémenter mon hiver sur les skis.

Je pense accrocher mon premier dossard début mai. Ce rythme me donne plus de confort dans ma préparation compte tenu de mon métier et de ma situation géographique.