Pour ce Grand Tour Paris, l’attente était grande : 4 personnes à la tête de l’organisation dont Jean-Christophe Savignoni (un Champion de France et d’Europe de VTT en 1995 et vainqueur du Roc d’Azur l’année précédente) et Arnaud Manzanini (meilleur temps français sur la Race Across America et très impliqué dans le monde de l’Ultra Distance), un beau site internet, une communication performante et surtout une idée géniale. Celle de parcourir l’Ile de France et ses trésors. Si cette phrase peut faire sourire ceux qui imaginent des territoires bétonnés et une circulation automobile dense, ils n’ont probablement jamais fait l’effort de s’intéresser à cette région qui concentre quelques 10 millions d’habitants.

© Grand Tour Paris

 

Pour « preuve », les 80% de participants locaux dont certains ont pu gérer la logistique avec des départs accessibles facilement en train depuis Paris. Un peu plus de 500 dossards ont été attribués, sachant que beaucoup ont fait 3 étapes donc 3 dossards. Car les propositions étaient plutôt flexibles avec la possibilité de participer à 1, 2 ou 3 étapes ou de faire les 3 d’une traite sous une forme Ultra Distance. Coup de chapeau à eux, d’autant qu’ils ont dû subir les plus mauvaises conditions météorologiques du weekend lors de la nuit, obligeant certains à abandonner et 7 autres à se réfugier dans gymnase, ouvert par le Maire lui-même !

© Grand Tour Paris

 

Pour en revenir aux attentes, celles-ci étaient donc « haut de gamme », aidées en cela par un prix élevé correspondant à celui de quelques cyclosportives bien connues dont les prestations sont à la hauteur de la réputation.

Cependant, les organisateurs ont pris le pari de donner un côté « baroudeur/aventurier » à leur épreuve, en supprimant donc certaines prestations attendues. Sur quelques points ce pari a fonctionné :

–          Remplacement du fléchage par un guidage au GPS. Celui-ci qui a parfaitement fonctionné, sans bug ni aucun concurrent perdu – ce qui n’est pas toujours le cas quand des petits malins s’amusent à inverser des flèches au dernier moment. En bonus, un impact écologique moindre : pas de peinture, pas de pollution visuelle avec des flèches jaune fluo.

–          Absence de puce électronique donnant le temps de chacun. Ce n’était pas gênant puisqu’après tout, le GPS qui indique la route donne aussi le chrono une fois la trace téléchargée.

–          Absence de signaleurs. Même si cette absence s’est ressentie sur 2-3 carrefours un peu plus délicats, le raisonnement se défend complètement pour rester dans l’esprit. En effet, il convenait de s’en tenir au code de la route et les 30 secondes d’arrêt à quelques feux rouges n’impactent de toutes façons pas la vitesse moyenne au moment du téléchargement de la sortie sur Strava.

© Grand Tour Paris

Pourtant, pour le prix demandé on comprend moins l’absence de repas à l’arrivée (à la place d’un ravitaillement) ou de petit geste au moment du retrait du dossard. Une casquette par exemple (pour rester dans le côté hipster de l’épreuve) ou une bière locale (offerte cependant à l’arrivée du 3ème jour) auraient par exemple été appréciées sans remettre trop en cause le budget des organisateurs. Renseignements pris pour les casquettes : cela était envisagé mais les contraintes de temps étaient trop justes pour qu’elles arrivent à temps.

Il faut tout de même reconnaitre que sur les 3 jours, les organisateurs ont été véritablement à l’écoute de ce genre de remarques et ont promis d’en tenir compte. Preuve de leur réactivité, ils ont adapté le ravitaillement au fil des jours en fonction des goûts (salés !) des cyclistes préférant souvent rompre avec le goût sucré. Pour autant, un 2ème point de ravitaillement quotidien aurait été apprécié pour ceux qui ont parfois mis une dizaine d’heures pour parvenir à bout de chaque étape.

Ceci étant dit, le Grand Tour Paris a parfaitement validé son objectif : donner le grand sourire à tous. Il suffisait de voir les visages radieux au départ, sur les ravitos ou à l’arrivée pour comprendre que le but était atteint. Et malgré la pluie qui s’est invitée par quelques averses mais côté météo, 3 jours consécutifs sans vent c’était inespéré quand on connait les conditions des dernières semaines !

© Grand Tour Paris

Si les concurrents ont été ravis, c’est aussi et surtout grâce à la qualité des parcours : une immense majorité de petites routes dégotées ça et là, parfois inconnues des locaux. Sur plus de 500 km pour les plus courageux, impossible d’évoquer tous les plus beaux villages, les plus belles villas, les plus beaux panoramas voire les plus belles bosses sur les 5000 m de dénivelé cumulés. Mais c’est aussi ça le Grand Tour Paris : l’attrait de l’Ile de France ne se limite aux endroits les plus connus. Bien sûr, tout le monde a apprécié le passage devant les châteaux de Fontainebleau ou de Chantilly mais ceux de Vigny ou de Courances – pour ne citer qu’eux – valent aussi le détour. Quelques célèbres bosses comme celles de la Vallée de Chevreuse étaient au programme, de même que d’autres moins connues dans l’Oise, le Vexin ou la Seine et Marne.

En conclusion, une 1ère édition somme toute véritablement réussie, qui fait découvrir l’envers du décor dans le bon sens du terme et qui en appelle forcément d’autres tant l’idée est bonne. Avec un petit effort pour corriger les quelques manques, nous sommes convaincus que la prochaine mouture sera encore meilleure.

© Grand Tour Paris

Par Olivier Dulaurent