Tu décroches, enfin, ta première médaille sur un championnat de France. Que représente ce podium pour toi ?

C’est la récompense de plusieurs années de travail, mais aussi un soulagement avec un début de saison en dessous de mes objectifs. Je progresse chaque année, je vais maintenant m’appuyer sur cette médaille pour garder la confiance pour la fin de saison et pour les années à venir.

Comment s’est déroulée ta course ? Par quelles émotions es-tu passée ?

J’ai pris un bon départ mais je me suis laissée enfermer avant le sommet de la bosse, je suis en dixième position aux premiers escaliers. Je ne me suis pas affolée, j’ai rapidement réussi à doubler pour revenir sur Caroline Mani. J’ai fait le forcing à l’entame du second tour mais je me suis mise dans le rouge et j’ai fait des erreurs techniques. Ça m’a tout de même permis de prendre le large sur les autres filles. Ensuite, je me suis appliquée sur les trajectoires, sans prendre de risque. Je voulais à tout prix ce podium, je n’ai pas cherché à revenir sur Caroline, elle était devant à la pédale. Je n’arrêtais pas de me dire qu’il allait m’arriver un truc et que je n’aurai jamais cette médaille. Avec sa crevaison en sortie de poste, je suis revenue sur elle juste après le passage des planches et je l’ai doublée lorsqu’elle a changé de vélo. Finalement, j’ai fait une erreur dans le dernier virage et elle est repassée. Je n’y ai pas cru. Je suis à ma place.

Comment as-tu trouvé l’ambiance au bord du circuit ?

L’ambiance était vraiment top. Les bretons savent accueillir et le circuit de Quelneuc est vraiment propice pour les spectateurs, on entendait la ferveur depuis le vélo. Il y avait du monde quasiment sur toutes les portions. Dans le final, avec le suspense pour la 2ème place, ça criait de partout, ça m’a donné des frissons.

Le circuit était beaucoup plus glissant que la veille, lors de la reconnaissance. C’était un avantage pour toi ?

Je pense que j’ai assez de maturité pour ne pas m’enflammer lorsque les circuits sont glissants. J’arrive maintenant à rester propre techniquement sur les passages où il reste de l’herbe. Mais je sais que je dois encore travailler les portions où les racines ressortent, je suis sur les freins et pas assez confiante pour garder les deux pieds sur les pédales. Le circuit comportait aussi beaucoup de portions à pied, ce qui était plutôt à mon avantage.

As-tu fêté un petit peu ton podium ou cela attendra début février ?

Je vais attendre début février et je ferai le bilan de la saison. Je verrai si les autres objectifs sont atteints, il reste des échéances. Je n’ai jamais fait mieux que 13ème en Coupe du Monde, à moi d’essayer de continuer à progresser. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura une médaille à fêter !

Quel va être ton programme jusqu’aux championnats du monde ?

Je vais suivre le même programme que jusqu’à maintenant. Je profite essentiellement du mercredi pour faire des intensités étant donné que je travaille le mardi et le jeudi. Je ne peux pas faire beaucoup plus car les journées de travail ne sont pas de vrais jours de repos. Je serai sur les manches de Coupe du Monde à Nommay et à Hoogerheide, avant les mondiaux.

Le circuit de Valkenburg est annoncé très physique, avec du dénivelé et de nombreux passages à pied difficiles. C’est un parcours qui peut te convenir ? quelles seront tes ambitions là-bas ?

J’ai réalisé de bonnes performances sur le circuit de Valkenburg ces dernières années. C’est un parcours qui me correspond bien. L’année dernière j’ai terminé 14ème. Le niveau s’est densifié cette année. Un top 15 serait bien, et un top 10 extra !

Que penses-tu du développement du cyclo-cross en France ? Selon toi, que faudrait-il faire pour démocratiser encore plus cette discipline ?

Il y a un vrai engouement pour le cyclo-cross en France en ce moment. Il y a de plus en plus de coureurs au départ. Les Coupes de France prennent vraiment de l’ampleur et gagnent à être connues. Il faut tout de même avouer que la discipline reste minoritaire. Elle bénéficie de son placement dans l’année qui permet à de nombreux coursiers de se préparer de façon plus ludique. Ensuite c’est plus compliqué pour les coureurs ayant des ambitions à l’international. Pour parler de ce que je connais, il faut vraiment être motivée et passionnée pour se rendre sur toutes les manches de Coupe du Monde ou aller courir régulièrement en Belgique. C’est compliqué financièrement mais également de me libérer de mon activité professionnelle. C’est dommage mais je pense que la discipline va encore se développer. La création récente des teams UCI va certainement changer les choses progressivement. Avec un format qui passe bien à la télévision, j’espère qu’il va y avoir de plus en plus de retransmissions car c’est par la médiatisation qu’un sport se démocratise.

Si tu veux faire des remerciements, n’hésites pas !

Je tiens à remercier avant tout ma famille pour son soutien quotidien. Je remercie également le club de Vaulx en Velin ainsi que Régis Auclair qui m’apporte son expertise sur l’aspect sportif. Merci aussi à mes sponsors : Mavic pour les roues, les casques et les chaussures ; Vulco Vanoise Pneus et l’association O2&Cie pour leur soutien financier ; Flanders Fietsen et le magasin Cycloide de William Dortland pour les vélos et Challenge Tires pour les boyaux. Sans eux, rien ne serait possible.

Par Maëlle Grossetête