Quel bilan fais-tu de ta saison pour le moment ?

Je dirai qu’il y a du positif et du négatif, le bilan est mitigé. J’ai eu de beaux résultats aux USA sur certaines courses et aussi un bon début sur les manches de Coupes du monde. Quant à mon retour en France, ça a été un peu difficile avec des soucis santé (maladie…) donc les résultats ne sont pas à la hauteur sur le mois de décembre. J’ai réussi à retrouver la condition physique début janvier avec un championnat de France correct en finissant 2ème. Ensuite ma 10ème place en Coupe du monde à Nommay avec un incident mécanique est plutôt prometteuse. Je retrouve des sensations et aussi le moral pour finir cette saison. Malheureusement j’ai eu un virus gastro qui m’a écarté, je n’ai pas pu participer à la dernière Coupe du monde à Hoogerheide. J’ai dû me reposer un peu et préparer la dernière semaine avant le mondial un peu différemment.

Mi-janvier tu termines 2ème du championnat de France. A froid, es-tu pleinement satisfaite ?

Apres avoir été championne de France les deux dernières années, c’est difficile de s’incliner. Faire les cartons avec toutes les tenues bleu blanc rouge c’était dur émotionnellement. Mais à vrai dire m’incliner derrière Pauline Ferrand Prévôt, il n’y a aucune honte, c’est une immense championne ! Je reviendrai l’année prochaine plus forte pour tenter de gagner un 5ème titre.

Malade ce week-end, tu as été contrainte de ne pas participer à la dernière manche de la Coupe du Monde. Ce n’était pas trop frustrant d’être derrière sa télé ?

J’avoue que c’est la première fois de ma carrière que je décide de faire forfait. Je me suis alignée sur des courses avec un poignet cassé, les genoux en sang ou malade comme jamais… Mais je pense qu’avec la maturité et l’expérience j’ai finalement pris une décision qui pourrait être bénéfique pour ce championnat du monde. Regarder la course à la télévision c’est toujours très dur. J’ai hésité à ne pas la visionner mais je me suis dit que ça serait bénéfique pour observer mes adversaires.

Comment te sens-tu physiquement et mentalement à quelques jours des mondiaux ?

Un peu dans le doute, mais motivée avec une rage de finir cette saison sur une bonne note. Le mental revient, le physique aussi donc il n’y a plus que quelques jours à tenir et on donne tout pour le final de la saison “le championnat du monde”. De plus, voir Pauline de retour en coéquipière, je pense que ça peut être un atout pour nous deux. 

Comment trouves tu le circuit de Valkenburg, il peut te convenir ?

J’ai entendu dire qu’il était encore plus dur qu’avant : Parfait ! De la course à pieds, de la technique, des montées, tout ce que j’aime, donc je devrais me faire plaisir et pouvoir exploiter mes qualités.

Quelles seront tes ambitions là-bas ?  

On part pour une médaille ! Je pense que le mondial cette année est très ouvert et qu’il faut tout tenter. On a vu cette saison qu’il y a 10 filles qui peuvent être championnes du monde. Comme je l’ai dit précédemment, je pense que Pauline est au top et qu’on peut aller chercher une médaille d’or avec la France.

Une semaine type avec les entraînements, ça ressemble à quoi pour toi ?

Je m’entraine quasiment seule tous les jours aux USA. Je n’ai pas pu rouler beaucoup en groupe en France, avec les conditions météo. J’aimerais avoir plus de sorties collectives, entre potes et collègues. Je trouve que le temps passe beaucoup plus vite. Il y a quand même des sorties organisées aux USA mais c’est toujours pareil et c’est quasi des courses à chaque fois… Je ne roule pas énormément en volume, j’aime aussi inclure un peu de footing et de randonnée au Colorado. 2017 a été un peu spéciale dans la préparation, et j’ai fait moins que d’habitude pour différentes raisons mais j’espère que 2018 sera plus propice pour faire une meilleure préparation.

Que penses-tu de l’évolution du cyclo-cross en France, avec la création de team UCI et la présence d’étranger(e)s sur les Coupes de France ?

Je pense que les teams UCI c’est une bonne idée, mais il va falloir du temps pour que ça se développe. Il manque toujours un peu de courses en France. 4 challenges c’est vraiment réduit et les coureurs français manquent de confrontations. Voir des étrangers sur le circuit français crédibilise les courses donc c’est bien et ça pousse tout le monde vers le haut. Il y a encore du boulot mais je dirais qu’on avance petit à petit.

Comment ton entourage t’aide au quotidien dans ta pratique du cyclo-cross ?

Je gère quand même pas mal de choses. Je suis mon propre manager et je gère mon programme donc ça implique beaucoup d’investissements et c’est parfois stressant mais aussi gratifiant et satisfaisant. J’ai eu une assistance mécanique sur quelques courses aux USA mais le reste du temps des gens m’aident sur place et je dois démonter mon vélo après chaque course pour l’envoyer à la course suivante. Le cyclocross demande beaucoup de suivi et d’entretien. J’avoue que je suis contente de ne plus avoir à coller de boyaux (sourire). Les américains sont très généreux et m’ont accueilli dans leur maison pour me loger aux courses. Ça m’a permis de rencontrer des gens extra et m’aider financièrement et logistiquement. Autrement je me gère la logistique, réserve le billet d’avion, la location de voiture, l’hôtel, les repas… J’avoue que ce n’est pas toujours facile mais je suis contente d’avoir pu faire la saison. 

Pour mon retour en France, j’ai vraiment été aidée par mes parents au niveau logistique, financier et le reste. Mon club l’amicale m’a prêté le camion pour me rendre sur certaines courses. Et un copain a pris des jours de congés pour m’emmener et s’occuper de moi sur la course. L’équipe de France a également aidé sur le soutien mécanique lors des Coupes du monde. Sans toutes ces personnes ça n’aurait pas été possible. Donc je les remercie infiniment. 

 

Par Maëlle Grossetête