Alexis, comment s’est construite votre victoire d’étape dans le Tour d’Espagne vers Avila ?
De nouveau, il y a eu un départ très rapide et je n’y croyais pas trop. Finalement, j’ai intégré un groupe de vingt-quatre coureurs. J’ai d’abord voulu gérer mes efforts, me souvenant de mes erreurs dans les étapes où j’avais été echappé et dans lesquelles j’avais été repris pas loin de l’arrivée. Puis je ne me suis pas affolé quand Tiago Machado a attaqué. J’ai bien géré le final, je ne me suis pas énervé. Quand j’ai senti que tout le monde était un peu tendu j’ai tenté ma chance et ça a marché. J’ai senti qu’avec Machado ça pouvait aller au bout. J’ai attendu le dernier moment pour produire mon effort.

22 kilomètres de l’arrivée, c’était le dernier moment ?
22 kilomètres, c’était un peu long en effet. Je me suis dit que si je franchissais le sommet de l’Alto de la Paramera avec 20 à 30 secondes d’avance, ça pouvait le faire. Quand le groupe est revenu à 15 secondes, j’ai douté, mais je me suis dit : « maintenant que tu es dans cette situation, tu donnes tout ». Il m’a fallu attendre le dernier moment pour être sûr de gagner. A Avila, avec les pavés et la foule, je n’entendais pas ce que me disait mon directeur sportif Didier Jeannel. Je ne comprenais rien, c’était stressant. Mais j’ai pu savourer les derniers mètres et ce cap passé.

Que représente cette victoire ?
C’est ma plus belle victoire, la première dans un Grand Tour. Je suis vraiment content. Pour mon équipe, c’est une Vuelta réussie, même si Domenico Pozzovivo n’a pas de grandes sensations. C’est une récompense de tout ce qu’on a fait depuis le début.

De nouveau, vous avez affirmé vos talents de rouleur, pensez-vous pouvoir gagner dans d’autres registres ?
Désormais, je passe bien les cols pas trop longs. J’ai perdu du poids et je me rends compte que c’est plus simple. Je grimpe mieux et le dernier col du jour ne me faisait pas peur.

Vous avez gagné la dix-neuvième étape du Tour d’Espagne. Etes-vous surpris d’avoir encore de si bonnes jambes à la fin de votre premier Grand Tour ?
Il y a des jours où j’ai failli ne pas être là le lendemain. J’ai connu des jours de galère, à la limite d’abandonner. Notamment au lendemain de mon échappée quand j’ai été repris à 500 mètres de l’arrivée. La journée de repos m’a fait du bien mais si on m’avait dit que j’allais gagner une semaine plus tard, je n’y aurais pas cru. Depuis le contre-la-montre de Burgos, les sensations reviennent bien. Cette étape, je l’avais cochée.

Cette victoire vous ouvre-t-elle de nouveaux horizons ?
C’est d’abord une grande satisfaction. Depuis le début de la saison, je n’ai pas disputé beaucoup de courses du WorldTour, seulement les classiques pavées qui ne sont pas évidentes quand tu n’en as pas l’expérience. J’aimerais bien gagner dans les classiques et bien sûr dans les Grands Tours, et toujours dans ce registre d’attaquant. Je ne vais pas en changer. En apprenant aussi à mieux gérer mes efforts, mes départs dans les grandes courses, pour être présent dans le final.