Interview de Pierre Mosin (Equipe de France de la Fédération de la Défense), échappé pendant 100 kilomètres sur l’étape 4 :

Pierre, comment s’est produite cette échappée ? Et avais-tu en tête ce matin de te mettre en valeur de la sorte ?
Mon objectif aujourd’hui était de me remettre d’une douleur qui est survenu hier après la 3ème étape. Ma selle s’était déréglée ce qui a engendré une douleur vive sous le genou. La première heure de course a été très rapide avec de nombreuses tentatives mais sans réussite. J’ai aperçu quatre hommes qui ont enfin réussi à prendre le large, suite à un léger échange avec mon capitaine de route Stéphane Cognet qui m’a incité à suivre le contre, je suis rentré avec un guyanais sur le quatuor de tête.

Comment s’est développée l’échappée ? Et qui étaient les hommes forts dedans ?
Jean-Christophe Florimond de la sélection martiniquaise était le mieux placé au général ce qui nous empêchais de prendre vraiment du temps. Derrière nous étions informés qu’un train guadeloupéen s’était mis en marche et contrôlait à une minute. Un coureur de l’ASPTT Nancy me paraissait costaud tout comme Florimond. Les guyanais collaboraient également mais un ton en-dessous.

A 25 kilomètres de l’arrivée, le pack relançait les hostilités et l’écart est très vite tombé à moins de trente secondes, comment as-tu réagi ?
25 kilomètres tout seul c’est long mais j’ai voulu tenter ma chance en espérant que derrière cela se regarde et que ça me soit favorable ! J’ai donc relancé l’échappée pour me retrouver seul en tête.

Espérais-tu un retour d’un petit groupe ou au contraire de finir en solo comme Corentin Davy (Sélection pays de la Loire) la veille ?
Au moment de mon démarrage je comptais emmener un homme avec moi mais en me retournant j’étais seul, j’ai insisté et conservé mon avance jusqu’à ce que le peloton emmené par les allemands me reprenne à moins de cinq kilomètres de l’arrivée.

Comment se déroule ton Tour de Guyane ? Es-tu satisfait de toi jusqu’à présent et quelles sont tes objectifs à venir sur ce Tour et après ton retour en Métropole ?
Je suis satisfait de ma condition physique et l’entraînement spécifique en amont de ce Tour paye. En revanche cela ne court pas comme en France, c’est un peu dur de se mettre dans la course et de comprendre les différents schémas tactiques des équipes locales. Pour nous l’objectif reste une victoire d’étape qui est, à mon avis, abordable par l’un d’entre nous. Au retour et en fonction de la récupération je participerai à la dernière manche de coupe de France DN3 pour viser la montée en DN2 avec mon club habituel, Team Fybolia-Locmine Auto.

Interview de Corentin DAVY (Sélection des pays de la Loire) vainqueur de la 3ème étape :

Corentin tu gagnes la 3ème étape en solitaire, tout d’abord félicitations ! Avais-tu prévu de passer à l’offensive dès le début de l’étape ou c’est venu « comme ça » ?
C’était plus ou moins prévu au briefing avec notre étape manqué de la veille. Du coup nous étions revanchards aujourd’hui avec une tactique de course basée sur l’offensive.

Vous étiez 4 sur les 18 échappées initiaux puis ensuite 5 des pays de la Loire avec le contre qui est rentré. Comment avez-vous gérer ce gros groupe ? Et quel était l’entente entre les différents clubs bien représentés ?
Au début nous avons essayé d’imposer un bon tempo et de creuser rapidement un gros écart. Ensuite derrière le contre a mis plus de 40 kilomètres à revenir où nous savions que les martiniquais et guadeloupéens roulaient fort ! Après le regroupement nous étions encore presque les seuls à assurer le rythme, juste aidés par quelques individualités des différents clubs.

Quand avez-vous su que la victoire se jouerait dans ce groupe ?
A 50 kilomètres de l’arrivée nous avions déjà plus de trois minutes d’avance et l’écart ne faisait que grandir.

Tes coéquipiers ont également tenté des échappées, notamment Romain Bastien qui a comptabilisé 45’’ d’avance et un raid de vingt kilomètres. C’était prévu d’avance ou c’est entre vous que vous avez décidés de tenter votre chance chacun votre tour ?
C’est d’abord Romain qui a voulu redynamiser le groupe afin de le faire exploser et surtout pour nous de ne plus assurer le tempo. Mais on privilégiait aussi Emmanuel Morin en cas de sprint.

Quand vous êtes revenu sur ton coéquipier tu pars en contre et creuse tout de suite un bon écart, 25’’ puis presque 45’’. Croyais-tu déjà pouvoir rallier l’arrivée ainsi ?
J’espérais pouvoir réussir mais seul ce serait dur, 27 kilomètres tout seul avec ces longues lignes droite et le vent. Ensuite cela couvrait les autres qui contrôlaient derrière.

Quand as-tu compris que la victoire ne pourrait plus t’échapper ?
Réellement à seulement deux kilomètres du but, au briefing nous avions étudié le final et je savais qu’avec mes trente secondes c’était fait ! Je tiens à remercier l’ensemble de l’équipe présente avec moi ici. Je n’aurai certainement jamais obtenu cette victoire sans leur aide !

J’imagine que tu es satisfait de ton début du Tour de Guyane et maintenant qu’attends-tu de celui-ci ? Et quels vont être tes prochains gros rendez-vous au retour en Métropole ?
Pour la suite du Tour, pourquoi pas ne pas doubler ma victoire ou un autre de l’équipe. Essayer de conserver un top 10 pour Emmanuel au général. Après ce Tour et en fonction de la récupération de celui-ci je viserai les CLM et peut-être Paris-Tour Espoir si je parviens à faire partie de la sélection du comité des pays de la Loire.

Propos recueillis sur le Tour de Guyane par Stéphane Cognet.