Laurence, tu as commenté aujourd’hui la victoire olympique de Julie Bresset, avais-tu eu l’occasion de reconnaître le parcours ?
Pas du tout. Habituellement, je le faisais à vélo, puisque je courais la veille des garçons. J’avais tout de même eu un bel aperçu car le parcours est assez visuel. Pour cela c’est un site remarquable. J’avais vu aussi des spots télévisés avec les endroits les plus chauds du parcours, les sections caillouteuses, les passages très techniques, où il faut de l’engagement et de la souplesse, ce qui a fait la réussite de Julie Bresset. C’était la meilleure pilote et on l’a constaté aujourd’hui.

Anticiper ces passages comme l’a fait Julie Bresset en s’engageant la première dans ces portions était-il primordial ?
Pour la lecture de la trajectoire, c’était important. Julie avait bien bossé sur le parcours. Elle a bien couru, elle s’est toujours bien placée comme il fallait dès le début de course. Elle a laissé faire Annie Last au début en la laissant rouler dans les parties physiques puis en se repositionnant avant les secteurs techniques. Au final, Julie Bresset n’a jamais attaqué. Elle n’a pas eu besoin de ça, ça s’est fait à la pédale. Au train, ça s’est bien goupillé pour elle du début à la fin. Sans encombre, sans crevaison. Une course nette et limpide.

Où est-ce que la course s’est décantée ?
Ça s’est décanté au fil des tours. Elle a perdu des adversaires de poids, à commencer par Gunn-Rita Dahle dès le début du premier tour. Ça faisait déjà une adversaire en moins, sachant qu’elle faisait un petit peu peur à Julie après sa victoire à Val d’Isère il y a deux semaines. La manche finale de la Coupe du Monde avait lieu en altitude, on ne pouvait pas trop comparer, mais dans le mental d’un athlète ça met toujours un petit doute de ne pas pouvoir suivre un adversaire. J’ai compris ses doutes. De toute façon ce n’est jamais acquis d’avance. Julie Bresset était une favorite pour la médaille d’or, mais il y en avait d’autres. Son avantage, à ce très haut niveau, ça a été son super pilotage.

Sur un tel parcours, qu’est-ce qui prime : la lucidité, le physique, la technique ?
Julie Bresset est partie avec un plateau de 36, et c’était un bon choix. Ça a permis d’éviter les changements de rythme dus aux braquets de VTT. Quand on passe d’un 32 ou d’un 34 au 42, ça fait de gros changements de rythme. Julie a fait un choix stratégique en ne retenant qu’un 36, qui s’emmène bien et lui a évité de changer de plateau, ce qui casse les jambes. En n’ayant qu’à jouer avec la cassette, c’était beaucoup mieux, et on l’a bien vu. Ses adversaires comme Sabine Spitz et Georgia Gould emmenaient beaucoup plus gros quand Julie était à l’économie.

Qu’anticipes-tu désormais pour la course des garçons ?
Je crois en Julien Absalon. Je l’ai vu ce matin et je pense qu’un triplé est possible. Il sait que s’il redevient champion olympique demain ce sera un exploit. Jamais personne n’a réussi à obtenir trois médailles d’or consécutives. Tony Estanguet est trois fois champion olympique mais en quatre Olympiades. L’homme à battre sera Nino Schurter mais j’ai confiance en Julien.

A titre personnel, que deviens-tu ?
J’ai arrêté ma carrière il y a quelques années et je ne fais plus du tout de VTT. Juste un peu avec ma fille Clémence dans le porte-bébé, mais juste pour me balader. Je n’ai plus du tout envie de souffrir sur un VTT. Car Dieu sait qu’il faut souffrir pour gagner.

Propos recueillis à Londres le 11 août 2012.