La 18ème édition de la Granfondo Laigueglia Alé s’est parfaitement déroulée ce dimanche sur 114 kilomètres entre mer Méditerranée et intérieur des riches et escarpées terres ligures. Un peu plus de 3 heures d’effort pour les meilleurs avec 1962 mètres de dénivellation positive. Si on déplore l’absence d’équipes italiennes en WorldTour cette année, on doit souligner que pour l’organisation du cyclosport, l’Italie reste la reine et les organisateurs de GS Alpi l’ont amplement démontré en ce dimanche de carnaval.

Près de 3000 participants. La semaine prochaine sur la Gran Fondo Strade Bianche ça sera plus de 4000 pour un début de saison sur les chapeaux de roues. C’est à peu près le rythme des 30 premiers kilomètres de ce magnifique parcours qui longe la Méditerranée baignée de soleil. S’il fait un peu frisquet au départ à 9h30, avec du 50 voire 55 km/h pour lancer la machine, ça réchauffe n’importe quel cycliste et déjà tous les Italiens venus en teams, venus en clubs, venus en tenue du dimanche. On s’explique : l’Italienne et son pendant masculin sont toujours tirés à quatre épingles (et pas uniquement pour le dossard) avec des vélos magnifiques, majoritairement italiens, dont beaucoup de marques inconnues en France, mais qui gagneraient à l’être. L’assistance Shimano composée d’au moins trois voitures et les motos avec des roues n’ont que peu à faire, car chacun vient avec du matériel nickel.

Le départ est neutralisé jusqu’au pied d’Alassio (qui accueillera la deuxième manche sur la GF Alassio Six le 12 mars). Deux kilomètres seulement et tout le monde est lâché au milieu d’un nombreux public de spectateurs locaux, mais aussi de cyclistes qui sont en mode sortie du dimanche. Vu de l’avant, il y avait de quoi rajouter un millier de dossards. La route est large, très large même puisque la route est privatisée intégralement ou presque, encadrée par la polizia, la police locale, les carabinieri. Sans compter que tous les carrefours sont gardés et des motos sont là pour arrêter les voitures en contresens. Et elles s’arrêtent vraiment !

Après avoir pris la direction de Savone, on bifurque à gauche pour tourner le dos à la mer et pointer les Alpes, le Piémont et la province d’Impéria. Changement de décor avec une vue imprenable sur les Alpes, Turin est à 110 kilomètres. Ça grimpe par paliers vers Arnasco. Les paquets se forment et c’est là que va partir le bon coup avec trois coureurs qu’on retrouvera à l’arrivée et sur le podium.

Le paysage est splendide, la Ligurie dans toute sa splendeur. Excellente région également pour la gastronomie. Il y a, au menu, des citronniers, des orangers, des serres où poussent du basilic, la base du fameux pesto alla Genovese, des fleurs, et pas que du mimosa, des oliviers, et plus loin après la bascule du col, des vignes. Tout ça est étagé par paliers, une culture en escaliers, tout est bien aménagé et on y sent l’amour de la terre. Pour l’assiette, attendons la pasta party, on ne va pas être déçus.

Les routes sont escarpées bien comme il faut, mais on ne grimpe pas au-delà de 470 mètres au-dessus de la mer. D’où une parfaite cyclo de début de saison. On a croisé quelques Niçois. Quel dommage que cette timidité à venir se faire plaisir en Italie ! Il y a tout, de l’accueil des coureurs au village-partenaires constitué d’une vingtaine d’exposants, à l’aménagement des sas qui privilégie la date d’inscription. Et ne parlons pas de l’enthousiasme des spectateurs. Tous les villages sont animés, les gens sont au bord de la route et se font plaisir. Sans doute au moins autant que pour le passage des pros, il y a quinze jours.

Le premier ravito intervient peu après le kilomètre 50, à Vendone, un peu avant le 1er contrôle des puces. On entre dans la province d’Impéria, avec les mêmes paysages. On retrouve toujours autant d’oliviers. Normal, le deuxième ingrédient majeur du pesto, c’est l’huile d’olive. Quelle que soit la saison, on sent que la qualité des produits est quelque chose d’essentiel à tous les producteurs locaux. Dans la seconde partie du parcours, on entre plus dans le terroir du vin, majoritairement rouge. C’est celui qui est proposé au dernier ravitaillement de la course, en accompagnement de saucisses grillées, préparées par un boucher-charcutier qui plus est. Disons que pour les 2 ou 300 premiers, le succès n’était pas vraiment là, mais après… Belle idée qui a fait la réputation de cette cyclo où il fait bon vivre.

La gagne passe par San Damiano, là où est tracé le GPM, un capo sur 4-5 kilomètres qu’on prend presque à partir du bord de mer qu’on a retrouvé à environ 15 km de l’arrivée. C’est une répétition pour le final de l’épreuve qui se joue sur 2 kilomètres très pentus à certains endroits. Ce qui évite tout besoin en photo-finish. Tout ça sous les yeux des commissaires de la fédération italienne qui sont là sur tout le parcours et font respecter l’interdiction des voitures suiveuses, ou presque.

5 kilomètres de descente vers Laigueglia et c’est le retour à la mer, aux parkings ou bien le passage par la pasta party. Pâtes au pesto ou à la tomate, très bien cuites, ça va de soi, jambon blanc, fruits, pois, pain, eau pétillante ou plate, bière et café sont en option payante. Franchement, il n’y a rien à dire, c’est top et tout le monde repart content. Pour 45 euros au total (40 euros d’inscription 10 euros de caution moins 5 euros de location), vous avez une cyclo en parfaite condition de sécurité, un super repas d’arrivée, trois ravitos plus un plus léger avant la pasta et un paco gara, (comprenez un pack coureur) richement doté par les partenaires : cache col Alé, barre, pâtes, gel, boisson énergétique, etc.

A l’arrivée on n’a vu que des visages heureux, des Italiens bien sûr, mais aussi les rares Français que nous avons croisés. On ne saurait que vous inciter à franchir la frontière. Et pourquoi pas dès le 12 mars pour le GF Alassio Six ? Cette granfondo emprunte les trois capi qui vous rappelleront quelque chose si vous vous intéressez à Milan-San Remo : les capi Mele, Cervo et Berta. 105 kilomètres, près de 2000 mètres de dénivelé positif. Alassio est, paraît-il, la ville des amoureux, alors y’a plus qu’à !

Classement :

1. Federico Pozzetto (Cannondale Gobbi FSA) en 3h03’49 »
2. Tommaso Elettrico (ASD Team CPS Cycling) à 1 sec.
3. Paolo Castelnovo (ASD Team MP Filtri) à 23 sec.
4. Christian Barchi (Cannondale Gobbi FSA) à 2’31 »
5. Eduard Kivishev (VC Maggi 1906 ASD) m.t.
6. Mattia Fraternali (Miche-MG Kvis) à 2’38 »
7. Mattia Magnaldi (Team De Rosa Santini) à 3’06 »
8. Enrico Rossi (Team Nob Jollywear) à 3’26 »
9. Dario Giovine (Team De Rosa Santini) à 3’56 »
10. Andrea Gallo (Team Isolmant) à 3’57 »

49 et 1ère Dame. Barbara Lancioni (MG Kvis-Somec) en 3h15’31 »