Dans le monde du triathlon, Espagne égale Lanzarote, un des mythes mondiaux de la discipline, un Ironman qui vous pose n’importe quel finisher. Depuis 2009, le concurrent d’Ironman Challenge se définit par un label « we are triathlon » qui en dit long sur la volonté des organisateurs. L’aventure a commencé avec le triathlon de Roth et se prolonge maintenant dans six pays, avec un mélange de longues et courtes distances. Barcelone-Maresme, disputé ce week-end, est le second rendez-vous de l’année pour ce tri disputé sur la côte et avec la particularité d’être le plus proche d’une ville de grande dimension, synonyme de vols internationaux avec Iberia et tous les low costs à disposition, de médias plus présents, et de public fidèle et supporter du premier jusqu’au dernier. Plus de 1100 participants, 36 pays représentés, dont 199 Français, dont nous avons retenu deux noms : le premier au général Cyril Viennot du Groupe Triathlon de Vesoul et Yannick Cadalen des Lions Triathlon, venus à vingt de Normandie Vernon, très exactement. Un top qui met neuf heures pour effectuer 3,8 kilomètres de natation, 180 kilomètres de vélo et 42,195 de course à pied, et un plus anonyme qui met plus de 11 heures pour terminer exténué mais content d’abord d’en avoir terminé.

Cyril, quel est le premier sentiment après avoir franchi la ligne d’arrivée ?
Le soulagement d’en avoir terminé ! La chaleur a été horrible. En vélo ça ne se sent pas trop mais à pied c’est démentiel. Ca ramollit, c’est assommant. A un moment donné j’ai marché un peu car j’avais la tête qui tournait, j’ai failli tomber ! Sur le vélo, ça va mieux. Pourtant, je m’arrosais. Tous les 2,5 kilomètres je me vidais une bouteille d’eau plus des éponges mais rien n’y fait, il fait trop chaud. On n’est surtout plus habitué. Je suis parti de Beauvais par 12°, là il doit faire 28°.

Quel a été le moment le plus difficile ?
Le troisième tour à pied, là où j’ai marché un petit coup. Finalement, celui qui termine juste derrière moi finit peut-être 40 secondes derrière donc j’ai dû tenir jusqu’au bout. Je connaissais plus ou moins mes positions mais pas très exactement car je suis venu seul, sans que personne ne puisse m’informer. J’essayais de compter mais ce n’est jamais facile.

Tu finis dans le Top 10, quel est le sentiment qui prédomine ?
C’était l’objectif. J’ai fait 7ème à Roth, c’était la performance de ma carrière, même si je ne suis pas un professionnel ! Je suis arrivé moins préparé à Barcelone donc c’est parfait de finir à nouveau 7ème.

Comment as-tu géré la partie à vélo ?
Nous sommes sortis un petit groupe de l’eau et ça a roulé ensemble. Il y en a un qui a bien dû faire 100 bornes devant. Ca a dû s’énerver à partir du 100ème kilomètre. J’ai commencé à rouler aussi dans la deuxième boucle et puis finalement après plus personne ne voulait rouler. J’ai attaqué, un gars a suivi, et puis je me suis un peu cramé. Les 20 derniers kilomètres j’ai dû lever le pied car je n’en pouvais plus. Je l’ai un peu payé mais c’est comme ça qu’on apprend. Je voulais prendre un peu plus de risques mais j’en suis content.

Quel braquet utilises-tu sur ce genre de course ?
Je suis en 53×15/16, je mouline beaucoup.

Comment gères-tu la transition entre le vélo et la course à pied ?
On essaie de trouver des sensations pendant 2 kilomètres, c’est difficile. En juillet, j’avais tout de suite eu de bonnes jambes, tandis que là j’ai senti que ça n’allait pas être un grand jour à pied. On essaie de bien courir mais sans trop taper dedans parce qu’on sait que c’est long.

Quel est le programme en termes de récupération après un tel événement ?
J’ai une épreuve dans six jours pour terminer la saison, mais ça compte vraiment pour du beurre. Je vais essayer de nager une fois et de rouler une heure dans la semaine mais c’est tout. Et puis après j’arrête tout, la saison est finie, je ne ferai rien pendant deux semaines.

Combien de temps représente le vélo par rapport à l’ensemble de ton entraînement ?
Le vélo, ça représente au moins la moitié de l’entraînement. C’est ce qui prend le plus de temps. J’ai dû faire cette année 10.000 kilomètres. Je ne fais pas de courses mais des sorties longues avec des séries. Mais les courses me manquent donc je vais essayer d’en faire l’an prochain, on verra ce que ça donne. Ca m’aidera à tenir sur la distance. Je fais des sorties longues mais pas au rythme de la compétition.

Rappelle-nous un peu quel est ton parcours…
J’ai 28 ans, je suis prof d’EPS. C’est ma première saison sur Ironman, j’en ai fait deux à Roth et donc à Barcelone et j’ai terminé à chaque fois 7ème. Ca fait une paire d’années que je fais du triathlon. J’ai commencé tout petit, sans trop m’entraîner pendant quatre-cinq ans et j’en fais plus sérieusement depuis sept ans. Maintenant je veux me spécialiser sur Ironman. Je vais me donner trois ans pour me qualifier à l’Ironman d’Hawaï.

Propos recueillis à Barcelone le 3 octobre 2010.