On va commencer par parler un peu des perspectives 2019 : la première nouvelle Frank, c’est que tu vas rouler avec un vélo avec lequel tu n’avais jamais roulé quand tu étais pro, un monoplateau avec 3T, c’est ça ?

– Oui c’est ça, je suis maintenant sur 3T depuis deux, trois semaines, et spécialement en ce moment, l’hiver où il fait plutôt froid, c’est un vélo qui me plaît beaucoup parce qu’il est multitasking : on roule sur la route, et aussi sur des routes forestières, on sait tout faire… Donc c’est un vélo vraiment très très complet avec lequel je prends beaucoup de plaisir.

Frank Schleck 20Frank Schleck © Vélo 101

Le monoplateau, on en a beaucoup parlé l’année dernière par rapport à l’équipe Aqua Blue. Tu aurais aimé toi, quand tu étais pro, rouler sur un monoplateau ?

– Je crois que le monoplateau il y a trois ans, ce n’était pas encore tout à fait prêt, mais on est tous d’accord que les chaînes et les cassettes avec plus de vitesse vont arriver. Je crois qu’avoir un monoplateau ça rend le vélo moins compliqué, c’est plus léger, et il y a encore un risque d’accident ou de dégât matériel en moins pour les coursiers, donc je crois que ça va venir, comme les freins à disque. J’y crois vraiment ! On a tous l’œil sur le nouveau groupe Strada, où déjà la chaîne est différente de celle de l’année dernière, donc tout va être adapté et je crois vraiment au monoplateau.

Alors, ton actualité aussi, c’est la Gran Fondo Schleck : qu’est-ce qu’on peut en dire aujourd’hui au niveau de la participation, puisqu’on est à quatre mois de la date ?

– Oui, on a fait deux éditions qui ont eu beaucoup de succès, pour une troisième édition on s’attend à 3000 personnes. J’espère pouvoir montrer aux gens le pays du Luxembourg, qui est magnifique, avec de très belles routes, et qui est un pays de vélo. Ce sont mes routes d’entraînement, et pour moi c’est aussi une manière de faire voir aux gens où je me suis entraîné, où j’ai vécu toute ma carrière… Je suis vraiment un garçon du pays ! On a un peloton avec beaucoup de Hollandais, et des Belges, maintenant j’aimerais ramener beaucoup de Français qui sont aussi à la frontière…

Frank Schleck 22© Frank Schleck

Avec Velo101, on va y arriver !

– Voilà, tout à fait !

On le disait tout à l’heure, tu dépasses le millier d’engagés déjà, à quatre mois, il y en aura 3000 maximum parce que vous voulez garder la qualité de l’organisation, donc on ne saurait que trop conseiller aux gens de se positionner par rapport à cette épreuve, qui tombe le même jour que les élections européennes pour info !

– Oui, je sais, on est bien au courant, nous on court samedi et les élections sont dimanche, donc ça nous met un peu la pression mais ça va bien se passer, j’en suis sûr ! C’est vrai qu’on ne voudrait pas passer les 3000 participants, même pour les prochaines années, pour garder une bonne qualité d’événement, avec tous les croisements bien bloqués, la sécurité, la logistique d’un village avec une pasta party, et puis une fête avec un concert, des activités pour les enfants… Donc il y aura de tout, pas seulement pour les cyclistes ou les passionnés, mais aussi pour les familles qui veulent faire un tour dans le village.

On a vu le maillot en avant-première, il est juste magnifique, la question qu’on se pose c’est : comment est-ce que vous, vous gérez sur place ? Parce que forcément, le gars il pense qu’il fait du M, mais comme le maillot taille différemment de ceux dont il a l’habitude, comment vous gérez tout ça justement, la séance d’habillage ?

– Oui bon, alors ça s’est toujours un peu compliqué… Moi je suis content de pouvoir proposer, et il faut proposer un maillot de la Gran Fondo aux gens, comme souvenir, maintenant c’est vrai que les tailles c’est compliqué et c’est pour ça que je suis très content de ne me pas me lancer dans le business des habits, je le laisse à d’autres gens ! Ça va être un maillot Mavic édition spéciale, donc tous ceux qui connaissent les tailles Mavic déjà, voilà. Je prendrai mon joker sur cette question (rires) !

Frank Schleck 21 © Frank Schleck

Ok, j’ai bien compris ! Tu parlais tout à l’heure justement de tes routes d’entraînement et les routes où vous avez grandi avec Andy, et du plaisir que tu as à les faire partager, tu parlais aussi de la pasta party : est-ce que tu arrives un peu à mettre dans le menu des spécialités luxembourgeoises ?

– Oui, cette année on a un chef qui va nous faire le catering de la Gran Fondo, avec une formule très spéciale, où on propose de commander son menu par Internet, pour éviter l’attente trop longue. Et quand on a fait ça, on a son ticket qu’on donne et on a donc déjà commandé le menu. Le menu, c’est un burger pour ceux qui ont très faim, ou bien des pâtes, ou bien un plat végétarien. Au niveau culinaire, on est bien placé !

On sait le bon relationnel que tu as gardé avec tout le milieu, tu rencontres encore tes anciens équipiers, adversaires, et autres, en toute amitié… Est-ce qu’on peut d’ores et déjà annoncer des grands noms qui vont participer à la Schleck Gran Fondo ?

– L’année dernière on avait Miguel Indurain au rendez-vous, personnellement c’était mon idole, Monsieur Indurain c’est LE monsieur du vélo… Cette année, on aura la présence d’un très grand ancien coureur aussi, mais j’attendrai encore un peu pour l’annoncer.

On te voit, tu es toujours ultra affûté, tu roules encore combien de kilomètres sur une saison comme 2018 par exemple ?

– J’ai regardé en fin d’année dernière, je crois que j’avais 17000 ou 18000 kilomètres encore, ça me fait du bien et ça fait du bien à ma femme aussi, à notre couple : dès que je suis un peu grincheux à la maison, c’est ma femme qui m’envoie faire du vélo ! Pour moi c’est une thérapie, et c’est ce que j’aimerais communiquer aussi : le vélo, c’est bien pour la santé, pour le couple, pour tout ce qu’il y a autour… C’est un sport magnifique avec une communauté d’athlètes vraiment passionnés.

Frank Schleck 23© Frank Schleck

Comme on l’est tous, effectivement… La dernière question : tu fais 18000 kilomètres, comme Andrea Tafi, que l’on a interviewé hier soir pour la rubrique « Que sont-ils devenus ? » … Tu crois au défi d’Andrea Tafi, Paris-Roubaix à 52 ans ?

– C’est vrai que je l’ai croisé hier, je voyais qu’il a vraiment ça en tête, je ne sais pas comment il va faire mais tout mon respect. Ça va être intéressant, je n’irais pas juger ça, c’est compliqué. C’était un très très grand champion et c’est toujours un très très grand champion… Je ne sais pas ce qu’il va chercher mais ce n’est pas à moi de juger ses idées, il a tout à fait le droit de réaliser un rêve !

Tu ne feras pas de pronostic, tu penses qu’il sera dans une équipe ?

– Je te poserai la question : à ton avis ?

Est-ce qu’il va le faire ? Moi je pense que oui !

– Oui, oui !

Il a le droit de le faire et il ne gêne personne !