Le 14 juillet prochain, ce sera la fête locale à Pau, place de Verdun, sur les coups de 7h00 quand s’élancera l’Acte 2 de l’Etape du Tour 2012. A la différence de 2011, les cols de rêve sont au diapason de l’Acte 1. La beauté des paysages aussi, plus sauvages certes, plus au contact avec le monde pastoral. Que c’est beau, ça se mérite ! Avant de tremper le maillot de bain dans la ville d’eau qu’est Bagnères-de-Luchon, il faudra mouiller la maillot à partir de Pau dont c’est la nième participation (arrivée ou départ) à cette Etape du Tour qui, cette année, est rapprochée de l’étape des pros, quatre jours plus tard le mercredi 18 juillet.

L’itinéraire emprunte la rue Marca, celle qui terminait l’étape venant de Mourenx, pour ceux qui… On retrouve très vite des avenues larges, quelques ronds-points mais rien à voir avec le départ banzaï qui nous menait au sommet du Tourmalet en 2010. Direction Jurançon et son vignoble, Gan, et la petite difficulté arrivera avec la côte de Sévignac-Méracq après 25 kilomètres. Pas très longue, 2 kilomètres, et en haut sur la maison à droite il est indiqué en béarnais : « au sommet, tu te reposes ». Là pas question, la descente qui suit est belle et rapide, ça va rouler vite et c’est sûrement là qu’est la première vraie difficulté, jusqu’à Laruns puis Eaux-Bonnes, en plein cœur de la vallée d’Ossau, ses brebis laitières, et son fromage qui peut s’affiner en cave jusqu’à vingt-quatre mois, ce qui fait qu’on l’adoucit avec la confiture de cerises. Ça va rouler gros plateau, à bloc, alors qu’on n’est que dans les Pyrénées-Atlantiques, premier des trois départements visités.

Premier col du jour, l’Aubisque, et l’enchaînement avec le Soulor, dès la sortie d’Eaux-Bonnes, là où l’impératrice Eugénie venait en cure thermale. Ça grimpe bien, avec un court passage à 13 %. Il faudra gérer, ne pas s’emballer, et avoir en tête qu’il en reste beaucoup. Qui plus est, les paysages sont magnifiques. Levez la tête, il y a les vautours, les milans, mais tout le monde sera encore frais… La descente du Soulor est rapide, quelques virages techniques dont celui ou Van Este, en 1951, sauta par-dessus dans un virage à droite, fit une chute de 70 mètres, amortie par les arbres. Son premier réflexe après ce miracle fut de regarder sa montre, une Pontiac hors de prix, saine et sauve comme le bonhomme qui fut remonté avec une corde faite de boyaux. Merci pour l’anecdote à Emile Arbes, un poète du vélo, un historien qui collectionne les anciens vélos (110 au total). On vous invite à découvrir son blog : http://velosvintage.over-blog.com. Il nous a accompagnés tout au long de la journée. Parti pour faire l’étape en deux temps, il a tout fait en une seule traite.

La descente est somptueuse, comme toutes celles de ce 14 juillet sur le vélo. Deux passages dans les tunnels, un court, le second, le premier un peu plus long et humide, mais pas de voitures en face, merci l’organisation.

2 kilomètres de remontée, là aussi à bien gérer, et c’est la vraie descente du Soulor vers Argelès-Gazost. Ça va vite, avec de légers replats. Pensez à bien mouliner, nous sommes entrés dans les Hautes-Pyrénées dès le pied du Soulor. Il reste les gros morceaux, à commencer par le morceau royal, sa majesté le Géant Tourmalet. Après une longue et fatigante remontée vers Luz-Saint-Sauveur, pas de dessein, il faudra être en groupes, bien organisés, car ça peut être long et on y laisse de la gomme.

On entre dans le pays des Toys ! Pas la vallée du jouet, celle des toys, tout ça parce que les bergers avaient tendance à la consanguinité, et les hommes étaient petits, « mal finis si on peut dire ». La colonie anglaise débarquée dans la région comme dans le grand Sud-Ouest les a tout de suite surnommés les « jouets » ! L’appellation est restée, tout comme l’entrée réservée aux Toys dans l’église de Luz-Saint-Sauveur. Merci à nos guides, Patrick Campays, Christine Fachan, Christophe Cazaux, Serge Marmer et Marc Bruning qui, en plus d’être de bons pédaleurs, sont des amoureux jusqu’à la racine des Pyrénées et de l’histoire, quelle chance on a de faire du vélo.

Le Tourmalet, c’est 18 kilomètres de montée jusqu’au géant, à la stèle Jacques Goddet. Les deux passages difficiles sont la traversée de Barèges après 7 kilomètres de montée sur route large, régulière, avec du bon macadam, et une zone ombragée où il fera bon rouler s’il fait chaud ce jour-là. Second passage raide, le dernier kilomètre, très raide même, on a eu la chance de le monter dans le brouillard ! Mais le Tourmalet en deuxième difficulté se passe nettement mieux qu’en 2010 où on était en clôture d’étape. Il se passe mieux à condition de savoir mouliner, ne pas forcer, mettre des à-coups, sauf si on est dans la classe qui joue la gagne. Pour eux, c’est sans doute dans le Tourmalet que se fera la différence.

Descente du Tourmalet, sans piège, rapide. Attention aux troupeaux, les bêtes sont prioritaires. Elles n’ont pas de dossards, pas de drapeaux supporters, mais sont tout aussi nombreuses : vaches, chevaux, moutons ! On a tout eu ce mercredi, en plus du brouillard et des gravillons après la réfection des routes. D’ici le 14 juillet, tout sera propre, merci le Tour, et la descente vers Sainte-Marie-de-Campan est sans piège, rapide et belle. Virage à droite, ceux qui restent pour les pros pourront s’installer au cœur de ces cols majestueux, au hasard à l’Ardoisière, un véritable musée de photos d’histoire du Tour de France (on n’est pas bien loin de Campan et sa forge, dont le patron pédale allégrement vers l’Aspin qu’il se coltine dès qu’il a cinq minutes et un peu plus). La montée réelle fait 5 kilomètres, on est sur la route historique de la première étape, qui en plus des 201 kilomètres du jour, partait de Bayonne, soit 150 pitons de plus, respect !

L’Aspin n’est pas difficile, sauf qu’il arrivera après 155 kilomètres qui passent très vite tant les paysages sont splendides d’un bout à l’autre. Et ce n’est pas fini… La descente de l’Aspin est certainement la plus belle des cols pyrénéens. Magnifique, sans piège, ça va aller vite vers Arreau. Si on dit que la descente est le salaire de la montée, alors la montée doit être salée ! Ce n’est pas le cas, mais après autant d’efforts, c’est un autre aspect du coureur qu’on aura dans l’Aspin.

Après Arreau, il y a une longue phase d’approche vers la montée de Peyresourde, dernière difficulté du jour. C’est montant avec des creux et des bosses, ceux qui auront encore les watts passeront tout sur le grand plateau. C’est faisable pour ceux qui ont bien géré leur affaire, qui plus est le revêtement est parfait, un billard. Croisement à gauche, on est proches de Loudenvielle, Peyragudes, et le Peyresourde culmine à 1559 mètres. Pas de passages violents, c’est long et régulier, mais on a hâte d’être en Haute-Garonne et basculer sur les 21 derniers kilomètres dont 18 de descente. Là aussi magnifique, rapide, on dira que c’est le salaire de la journée qu’on vient de vivre. Enfin pas encore complètement… Les organisateurs ont eu la bonne idée de nous faire parader sur 3 kilomètres dans Bagnères-de-Luchon pour nous faire arriver face à la mairie. Ça va être la parade bien méritée, avec les fêtards du 14 juillet aux premières loges, les supporters, les familles. Bref, un grand moment d’émotion pour celles et ceux qui arriveront au bout. Ce qui est largement faisable, en ayant en tête que la victoire justement c’est d’arriver à Bagnères-de-Luchon.

Parcours magnifique, mythique pourrait-on dire, qui va laisser des souvenirs. Pas sûr quand même que les participants soient de bons clients des bals des sapeurs-pompiers, mais les feux d’artifice pourquoi pas, en sirotant une boisson. Quelque chose nous dit que s’il reste des places, c’est un défi qui mérite d’être relevé.

Comme pour la reco de l’Acte I, la vidéo de cette sublime reconnaissance sera à découvrir sur Vélo 101 en début de semaine prochaine.