Spécialiste de ski-alpinisme, dont elle a conquis pas moins de quinze titres mondiaux, Laetitia Roux est une adepte de cyclisme, route comme VTT, qu’elle met à profit dans le cadre de sa préparation.

Laetitia, combien de temps accordes-tu au vélo sur une année ?
J’ai pour habitude d’attaquer le vélo après la saison de ski, fin avril voire début mai. J’effectue une coupure d’une quinzaine de jours, selon l’état dans lequel je finis et selon les échéances à venir, avant de reprendre le vélo, généralement mi-mai. Je roule alors beaucoup jusqu’en septembre, mois à partir duquel je fais une nouvelle petite pause pour me concentrer à la reprise sur un entraînement plus spécifique, axé sur l’hiver : course à pied, marche à bâtons, ski roues, avant de passer sur les skis en octobre.

Tu es montagnarde avant tout, originaire des Hautes-Alpes, t’imaginerais-tu disputer une cyclosportive en plaine ?
Non ! J’ai souvent voulu tenter l’expérience du cyclisme de haut niveau, car je prends du plaisir à rouler et je marche bien grâce au ski, mais dès que c’est plat c’est compliqué et j’apprécie moins de rouler dans un peloton.

Les grands cols, que tu pratiques été comme hiver, les préfères-tu à ski ou à vélo ?
Autant il m’est dur de choisir entre le ski et le VTT, autant je dirais que le VTT prime sur le vélo de route. On a ce côté sauvage, hors de la route goudronnée, qui se rapproche du ski alpinisme en pleine montagne. Je me sens plus dans mon environnement. Et en matière de VTT, dans les Hautes-Alpes, on est super bien servis avec des manifestations comme les Chemins du Soleil, l’Alps Epic et l’Ultra Raid de la Meije. Nous avons des courses parmi les plus techniques, avec des paysages grandioses, avec beaucoup de singles, du dénivelé…

Tu détiens le record de la Patrouille des Glaciers, une épreuve de ski alpinisme reliant Zermatt à Verbier, où se dispute… le Grand Raid Verbier. As-tu déjà songé à le disputer ?
J’ai fait un jour une liste des courses que je voulais faire, le Grand Raid Verbier en fait partie. On m’a parlé de ses paysages magnifiques mais on m’a aussi précisé que c’était beaucoup moins technique que l’Alps Epic. C’est ce qui me gêne un peu.

Des disciplines que tu pratiques, laquelle te semble la plus exigeante ?
Uniquement sur les plans énergétiques et physiologiques, je trouve que ce sont des efforts très proches. A partir du moment où on acquiert la technique dans les deux disciplines, le ski alpinisme et le cyclisme, on arrive vraiment à se mettre à fond dans chaque activité. Le VTT est néanmoins beaucoup plus nerveux, avec davantage de relances. D’un point de vue cardiaque, je monte forcément plus haut en ski du fait que c’est mon sport, celui que je pratique depuis l’âge de 9 ans.

A proportion égale, de quelle activité récupères-tu le mieux ?
Ces deux sports ont pour avantage de ne pas être traumatisants, à l’inverse de la course à pied. Le ski alpinisme n’est pas un sport porté mais on n’en est pas loin puisqu’on ne rencontre pas de chocs, pas même en descente. Quand on est en excentrique ou en isométrique toute la descente, ça peut laisser plus de traces qu’en vélo. Musculairement, le ski alpinisme peut laisser plus de traces mais globalement on récupère super bien.

Le sens des trajectoires, tu le tiens du ski alpinisme ?
Tout à fait. Le ski alpin m’a permis d’acquérir tout de suite et toute petite le sens des trajectoires. J’ai toujours aimé le pilotage en vélo, à moto. J’aime la vitesse mais la pratique du ski alpin en compétition m’a beaucoup aidée. Je n’ai jamais appris à frotter mais c’est presque inné pour moi de descendre à vélo. Je prends vraiment plaisir à aller vite, sans avoir la sensation de prendre des risques. Et c’est lié au ski car les placements, l’engagement et le regard sont très proches.

Le ski alpinisme est-il plus féminisé que le vélo de route ?
Difficile à dire, je pense que ça se vaut. Il n’y a pas encore énormément de filles sur les cyclos par rapport au nombre de pratiquantes. Mais on est souvent de l’ordre de 10 % en ski comme en cyclisme. Je ne me l’explique pas. La difficulté, certainement, rebute un peu.

Quels sont les trois spots de ski alpinisme que tu ne manquerais pour rien au monde ?
Des lieux qui dépaysent et vendent du rêve. J’ai eu la chance de skier dans les fjords de Norvège, en Turquie et au Maroc aussi. Les Dolomites, quand il fait beau, sont toujours incroyables. Chaque endroit est tellement différent…

Et à vélo ?
Les Hautes-Alpes, sans chauvinisme ! Je pense au col de la Cayolle en vélo de route, qui est grandiose. En VTT, le Queyras regorge de belles choses, notamment le col Fromage. Les circuits empruntés par l’Ultra Raid de la Meije sont également de toute beauté.