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LBL 2017


Simon RANO
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Si le temps en Ardenne était semblable à celui à Bruxelles aujourd'hui (la pluie s'est assez vite arrêtée), alors c'était pas si dramatique

Froid, flotte et vent le matin ; difficile de se réchauffer par la suite, selon trois de mes amis que je suis allé "accueillir" à l'arrivée du grand parcours. 

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Mon Liège-Bastogne-Liège (et celui de 7900 autres courageux)

Avant de commencer mon récit j'adresse un hommage à Michele Scarponi, dont j'ai appris le décès à l'arrivé en montant dans la voiture.

Car oui j'ai fini, mais ca n'a pas été tout seul...

Vendredi après-midi

Départ pour Lilles en TGV, le vélo, les affaire et la tête préparés à en découdre ! Je rejoins mes compagnons de route avec qui je me suis décidé à sauter dans le grand bain des Monument du cyclisme. Nous avons à ma gauche Mathieu, alias Bouboule, et un définition toute personnelle de "l'affutage" ce sera le mot du WE. Il pas mal écumé le circuit FFC et Triathlon plus jeune avec quelques résultats. Pas beaucoup de borne cette année et une cuite la veille ! A ma droite Julien, alias Bibiche, coureur cat 1 et tri athlète s'entrainant régulièrement mais pas spécifiquement pour l'évènement. Nous seront accompagnés par Delphine, une amie d'école et copine de Bouboule.

On charge le Kangoo avec les vélos et j'en profite pour présenter les montures. Bibiche roule sur un Fuji neuf avec des Comsic carbone aux bandes de freinage usées jusqu'à la moelle. Bouboule roule sur un S-Works Tarmac de chez Ali express avec un hauban fissuré et chaussé de Jantes carbones 60 mm du même site tout juste sorties du carton. Les deux machines sont montées en 53/39x11/25. C'est une ode à la confiance et la sérénité.

On roule jusqu'à Liège, nous prenons nos quartiers dans un gite à 20 min du départ. Nous mangeons léger : pâtes bolos arrosé de bière locale et de gruyère, le diner des champions

Levé 5h, déjeuné raisonnable, on s'habille en fonction des prévisions météo : gants mi-saison maillots long et jambières. J'ajoute ma veste légère et des sur-chaussures. On charge la voiture et on décolle pour le départ, il est déjà 6h30...

Les formalités effectuées nous nous rendons compte de l'absence de point d'eau et des bouteilles vendues 2€. Un coup de p*** nous prenons un café et en route sans une goutte à boire, du poids en moins. Départ 7h15, le temps défile en notre défaveur. On attrape un bon paquet de 30 et on roule à bonne allure vers les hauteurs de Liège. Au bout de 4 km un nuage noir se montre à l'horizon, le vent se lève et fait voler les fleurs de cerisiers en même temps que la pluie démarre.... la journée va être longue.

Nous filons à plus de 30 kmh de moyenne vers le premier ravito, les descente inconnues et trempées ne me rassurent pas, je profite des montés pour me replacer dans le paquet. Bouboule montre des signes de sur-régime. Je me sens vraiment bien, très facile en bosse, pas besoins du petit plateau je reste sur la plaque jusqu'au premier arrêt. Nous arrivons au bout d'1h20 environ, il était temps nos bidons étaient déjà vides. Je dis environ parce que mon Garmin me fera une misère un peu plus tard. Les gauffres au miel sont fidèles à leur réputation mais les boissons Aptonia aussi...


Après une courte pause nous repartons, poches, ventre et bidons pleins. Le froid humide commence à se faire sentir et les doigts s'engourdissent mais c'est encore tenable, mon compteur m'indique 1,5 °C, 5 de moins que prévu, j'ai peut être un problème avec ma tenue. Problème qui se confirme rapidement, les doigts ne répondent plus, les poches deviennent aussi inaccessibles que votre amour de collège. Ca devient vraiment difficile mais je profite des bosses pour appuyer et me réchauffer. Bouboule ne va pas mieux et enfile ses gants, Bibiche est gelé mais les jambes tournent bien. Arrive la première montée classée, les % indiqués ne me font pas peur je me lance, l'occasion de passer le 34. Le plus difficile dans cette grimpée a été de repasser la plaque, la main gauche en est incapable, je tire le levier de l'autre mains, il en sera ainsi pendant 100 km.

Arrivé à Bastogne on regrette tous d'être nés autour de l'urinoir, on regarde couler la seule eau chaude que nous verrons de la journée. Déjà 103 km et une moyenne de 28.7, je suis agréablement surpris. Le froid a bien entamé le moral des mes compagnons ils pensaient retrouvé Delphine, changer de chaussettes et enfiler les thermiques. Elle nous attend en faite au prochain...

Nous repartons à 3 vent de face sous la pluie dans un long faux plat. Pas si long que ca puisque bibiche perce à l'avant 3 km plus tard. Le froid nous rend inopérants, 25 min perdus à grelotter pour changer la chambre. Bibiche mentionne l'abandon pour la première fois.  Réparation faite nous repartons. J'essaye d'assurer les relais mais malgré les qualités de rouleur de Bibiche chaque faux plat les fait sortir de ma roue. Je tire ma grappe de 3+1 du mieux que je peux. Nous arrivons à Saint-Roch. Sur conseil d'Igor je met tout à gauche au rond point, un mur de 20 % se dresse, à la droite ca stop net, à ma gauche un dérailleur casse. J'attaque la montée le couteau entre dents et l'avale à plus de 11 kmh de moyenne. J'aime bien les raidards finalement ! Au sommet on ne sent plus nos doigts, Bouboule est lessivé mais il m'aide à enlever et remettre mes gants. Bibiche souffre le martyr au niveau des doigts. Les atlimètres tous sont bloqués depuis 1h par les conditions.

Un peu avant le 3ème ravito la moyenne a chuté à 28 kmh il est déjà assez tard mine de rien et nous retrouvons Delphine. Pause chaussette, coca, sandwich au camembert et clope. Oui vous avez bien lu, je ne comprend pas trop le concept mais je le laisse finalement tenté par un petit sandwich jambon fromage. Ca me change de la routine oranges/gauffres et 3 barres dans les poches pour la route. Pause très (trop) longue je me gèle mes fesses, je remet de la crème et je retire mes surchaussures inutiles, le soleil fait un timide retour. Je discute chiffon avec un Hollandais équipé d'une Sportful Norain identique à la mienne "Nice Jacket" qu'il me dit "But not quite as water and wind proof as said". On a claqué 100 € dans une veste mais on est trempés jusqu'aux os et on sent bien le vent...

Nous repartons après la pause interminable, je commence à m'agacer un peu car les pauses longues me coupent les jambes et empirent le froid. Nous roulons à allure modérée car Bouboule est au bord de la rupture, il prend un éclat dans chaque montée depuis le départ, à toujours un peu plus long que le précédent. Il insiste pour nous laisser partir, nous refusons, compagnons de galère jusqu'au bout. On accroche un bon groupe de 7 et on retrouve une bonne allure, Bibiche et moi aux relais. La doublette Pont/Belleveau se profile, je regarde mon Garmin qui est ... éteint. Je viens de perdre 172 km. Vert de rage je place une énorme mine au pied côte du pont, en quelques seconde plus personne dans le rétroviseur, je fini dans le dur et furieux. Premier instant photo et pas l'ombre d'un sourire. J'attend mes compagnons plusieurs minutes, bibiche me rejoins le premier, bouboule est dans un sale état mais il repart malgré tout. A peine le temps de passer ma colère et nous attaquons Belleveau, montée à belle allure mais comme souvent je m'arrête 3 m avant la fin du segment Strava mais j'ai plus envie de faire des temps depuis la panne et vu les conditions, n'en parlons plus.

Ravito n°4, on mange un peu mais encore une fois ca temporise pour aider Bouboule à récupérer. Nous repartons à froid mais reposés. Et là c'est le drame... ou plutôt la Ferme Libert. Cette faucheuse à 20 % te coupe les jarrets, ca grimpe en zig-zag, ca pousse le vélo. Je suis content de mon 34x30 il me dépose en haut avec un cadence raisonnable. J'aime vraiment bien ces passages même si je cherche à m'économiser un maximum. Après de longues minutes Bouboule arrive, il est cuit, au bord des larmes, c'est fini pour lui. Après 2 km à temporiser il met la flèche et sort son téléphone. J'ai mal pour lui, on ne voulait pas le voir abandonner mais vu son niveau de forme il aurait du le faire bien plus tôt, il est 16h passé et les délais vont être difficiles à tenir. Nous repartons avec Bibiche, la moyenne en a pris un sacré coup.

Nous roulons vers les cols de Rosier et du Maquisard. Je suis dans le dur, ma patience a été bien entamé par les aléas météo et les ennuis de Bouboule. Mes jambes sont coupés à cause des cycles pause, cote, pause, décente dans le froid et le sandwich au jambon fait son oeuvre comme prévu. Je bois pour faire passer et nous attaquons les deux cols. Ce genre monté me convient bien d'ordinaire mais la ils sont grimpés à un pénible 13.5 kmh. Je n'ai travaillé que le foncier et les pétards, cela ce sent un peu aussi. J'avale un gel entre les deux et nous roulons vers la Redoute...

Arrivé à cette monté chronométré j'essaye de faire un minimum bonne figure mais sans y croire. Après quelques poignées de main et pas de danse avec les supporters présents j'attaque le mur, ca répond mieux que prévu, je suis flashé en haut 7'18" pas si mal vu mon état. Bibiche me rejoins et nous repartons, étrangement ca va mieux. Dernier ravito, les citernes sont vides, on remplis avec les robinets de lavage, bibiche avale pas mal de gauffres et de bananes. Nous repartons dans une montée ca coupe les jambes mon on s'en remet vite. On roule à nouveau à bonne allure, la route est seche mais les délais sont désormais intenables. On forme un groupe de 6 ou 7 à l'approche de la roche au Faucons, je me sens bien je pars à fond et fini avec un 12.2 kmh très honnête pour mes standards. J'ai vraiment aimé cette côte de part son profile irrégulier. Un italien au sommet attend la moto Mavic, la patte de dérailleur cassé.

Nous repartons avalant de nombreux groupes au ralentis qui ne veront pas Liège avant la nuit. Les jambes sont vraiment revenu, nous roulons bien, pressés d'en finir. Nous arrivons au pied de St Nicholas après un retour visuellement brutal avec l'urbanisme liégeois. Les capteurs ne sont plus la, les portiques de la course pro en cours de montage, il est presque 20h ca sent la fin...

Nous roulons à bloc jusqu'à l'arrivée au milieux des zones industriel et en slalomant entre les nids de poules, les flèches se font rare après l'arrivée des pros. Après quelques gros tirages de bourre avec Bibiche et des belles pointes de vitesse, des attaques/contre attaques pour s'amuser un peu, nous voyons enfin le bout du tunnel. I'arrivée est en cours de rangement mais la météo a surement faire revoir les délais à la baisse. Nous récupérons les médailles, Tshirt et Bouboule douché, la photo sur le podium et on remonte dans la Kangoo ou nous apprenons le décès de Scarponi. Vraiment une journée difficile.

Je suis vraiment content d'être arrivé au bout. Finalement une moyenne correcte de 26 kmh mais trop de temps morts cumulés. Nous rentrons au gite, au menu douche pâtes carbo (un peu comme nous) 2 bières et au lit.

Au réveil les jambes sont lourdes, après un petit dej rapide, nous plions baguage puis prenons à nouveau la route de Liège, pour une autre forme de plaisir. Premier arrêt au bistrot, un Westmalle rapidement vidée puis direction le café Lequest pour une assiète de boulets bien mérités arrosé d'une Orval et d'une Rochefort 10. Je déjà dit sur le forum, j'aimais la bière Belge longtemps avant leur sport national. Un doux retour au gras et à l'alcool après 3 semaines d'affutage. Bouboule regrette son état de forme, il me suggère de faire mon "affutage" avec lui la prochaine fois. Vraiment, ce mot a été galvaudé tout le WE !

Nous roulons vers Lilles en suivant les pro à la radio, nous apprenons la victoire aussi inévitable que votre ex-amour de collège de Valverde. Avec Kwiatko à la place d'Henao j'auraiseu  pas mal de points pour la Ch'ti Wippet Team des pronos, j'avais Bardet Albasini dans le top 5 ils n'en étaient pas loin. On va pas refaire la course et surtout pas le parcours, en tout cas de suite.

Un bilan mitigé mais très heureux d'avoir fini. J'ai adoré passer les murs, je suis sorti de la Redoute avec une seule idée en tête, le Tour des Flandres. Rendez-vous pris l'an prochain avec Bibiche et Bouboule pour un nouveau Monument et un nouvel épisode

Gros bisous à ceux qui liront jusqu'au bout, c'est ma façon de vous remercier de votre soutient, Franck, Igor, Eric, Michel, Jéremie, Jean-Pierre, Grégory et tout ceux que j'oublie il est tard je vais dormir, la science m'appelle demain matin

 

https://www.strava.com/activities/955273072/

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bravo simon ,ça m a rappelé bien des souvenirs décidement  pour les cyclos sur ce LBL la météo c est 😢,il faut aller jusqu au bout pour se rendre compte de la difficulté de ce type d épreuve ,elle te restera en bons souvenirs n en doute pas ,j avais été un peu déçu de ma moyenne 26.5 mais le froid n aide vraiment pas ,cette année j ai fait le 230 de vewelghem un peu dans la même optique , pas froid mais un vent ....et pourtant on en redemande ,merci pour le partage

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Il ne faut quand même pas trop attendre des cyclos de printemps question climat ! Le printemps est après tout la saison la plus imprévisible et la plus instable. Encore plus en Ardenne qu'ailleurs !

C'est pour ça d'ailleurs que, contrairement à la majorité des gens, je n'ai jamais aimé le printemps… 

Quand je lis la galère vécue par Simon et ses compagnons à cause entre autres de leurs mains engourdies par la pluie, ça me conforte dans ma décision récente d'acheter des gants en néoprène. Ce modèle-ci, pour être précis:

https://www.assos.com/en_m/assos-road-cycling-collection/gloves/rainglove-evo7

Gants à utiliser quand il pleut donc, seuls si les températures sont douces, ou par dessus une autre paire de gants longs et fins dans le cas contraire. Pas encore testé, mais vu le prix j'espère que ce sera efficace !

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Juste un mot : respect !

C'est pour ce genre de moment que je fais du vélo. Cette année je me suis consacré aux cyclos à la montagne mais l'idée me titille d'aller chercher l'une des classiques dans les années à venir.

Merci pour ce récit très détaillé où l'on sent bien tout la difficulté rencontré, le mal de cuisse en moins :D

 

 

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